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L’administration Trump annonce de nouvelles restrictions migratoires : ce qu’il faut savoir
Toutes les demandes d’asile sont actuellement suspendues

Le président Donald Trump participe à un appel avec des membres des forces armées américaines depuis son club de Mar-a-Lago, en Floride, à l’occasion de Thanksgiving, le 27 novembre 2025.
Photo: Pete Marovich/Getty Images
Une fusillade est survenue le 26 novembre à Washington, près de la Maison-Blanche, au cours de laquelle deux membres de la Garde nationale auraient été pris en embuscade par un ressortissant afghan. L’une des deux militaires, la spécialiste Sarah Beckstrom, a succombé à ses blessures au moment où ces lignes sont écrites.
L’agresseur présumé, Rahmanullah Lakanwal, a été admis aux États-Unis pour raisons humanitaires après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan en 2021.
Ce drame a conduit le président Donald Trump à exiger de nouvelles restrictions à l’immigration légale vers les États‑Unis, suivies d’annonces plus précises du service de la citoyenneté et de l’immigration (USCIS) sur les mesures envisagées. Celles‑ci pourraient affecter des millions d’étrangers en situation régulière, dont le statut pourrait être réexaminé, révoqué ou modifié.
Ce qui suit détaille les annonces déjà formulées, les mesures concrètes prises par l’USCIS et les suites possibles de cette offensive.
Ce qu’a dit Trump
Dans la foulée de la fusillade, le président a adressé un message vidéo à la nation, appelant à revoir le statut des ressortissants afghans admis aux États‑Unis sous l’administration Biden, ainsi qu’à renforcer l’action contre les étrangers jugés « anti-américains ».
« Nous devons désormais réexaminer chaque étranger entré dans notre pays en provenance d’Afghanistan sous Biden », a déclaré Donald Trump. Il a ajouté : « Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l’expulsion de tout étranger, d’où qu’il vienne, qui n’a pas sa place ici ou qui n’apporte aucun bénéfice à notre pays. S’ils ne peuvent pas aimer notre pays, nous n’en voulons pas. »
Par la suite, Donald Trump a publié un long message sur sa plateforme Truth Social, où il brocarde plus largement l’état de l’immigration légale, en particulier le système d’asile, en ciblant notamment des immigrés somaliens installés à Minneapolis, dans le Minnesota.
Il y affirme que la population étrangère officielle aux États‑Unis s’élève à 53 millions de personnes, dont la majorité vivrait de l’aide sociale, viendrait d’États en déliquescence, de prisons, d’institutions psychiatriques, de gangs ou de cartels de la drogue, et serait financée par « de massifs versements de citoyens américains patriotes ».
Selon lui, « le fardeau des réfugiés » serait devenu la première cause de « dysfonctionnement social » aux États‑Unis, phénomène qui, assure‑t‑il, n’existait pas après la Seconde Guerre mondiale. Il cite en exemple les « centaines de milliers » de réfugiés somaliens qui, selon lui, « prennent totalement le contrôle » de l’ancien « grand » État du Minnesota, évoquant des bandes somaliennes « à l’affût de proies », tandis que « les honnêtes habitants restent cloîtrés chez eux en espérant échapper à la violence ».
Sur le plan des mesures concrètes, Donald Trump a écrit qu’il allait « suspendre durablement l’immigration en provenance de tous les pays du tiers‑monde afin de permettre au système américain de se rétablir pleinement ». Il a également promis de « renvoyer toute personne qui n’est pas un atout net pour les États‑Unis, mettre fin à tous les avantages et subventions fédéraux pour les non‑citoyens, dénaturaliser les migrants qui sapent la paix civile et expulser tout ressortissant étranger vivant aux crochets de l’État, présentant un risque sécuritaire ou incompatible avec la civilisation occidentale ».
Ce qui est mis en œuvre
À ce stade, deux grandes mesures de politique migratoire ont été annoncées par l’administration Trump dans le sillage de la fusillade.
Le 28 novembre, l’USCIS a annoncé la suspension, jusqu’à nouvel ordre, du traitement de toutes les demandes d’asile, ce qui affecte près de 1,4 million de personnes ayant déposé une demande d’asile « affirmative » auprès de l’agence. L’asile « affirmatif » désigne une démarche d’asile initiée par l’intéressé hors de toute procédure d’expulsion, par opposition aux demandes visant à échapper à une mesure de renvoi.
« L’USCIS a interrompu toutes les décisions en matière d’asile jusqu’à ce que nous puissions garantir que chaque étranger est contrôlé et filtré au maximum. La sécurité du peuple américain passe toujours en premier », a indiqué sur les réseaux sociaux le directeur de l’USCIS, Joseph B. Edlow.
Une autre mesure consiste à renforcer l’examen des demandes d’avantages migratoires émanant de ressortissants de 19 pays jugés « à haut risque ». Joseph Edlow a dévoilé cette évolution le 27 novembre, au lendemain de la fusillade.
« Avec effet immédiat, j’émets de nouvelles lignes directrices qui autorisent les agents de l’USCIS à considérer les facteurs propres à un pays donné comme des éléments négatifs importants lors de l’examen des demandes », a‑t‑il expliqué dans un communiqué publié sur le site de l’agence.
Dans les faits, la portée de ces nouvelles lignes directrices reste limitée. Elles prescrivent que les « facteurs propres à un pays » déjà pris en compte par l’USCIS dans l’examen des requêtes présentées par des ressortissants de ces États soient d’emblée considérés comme des éléments défavorables. Concrètement, un agent chargé d’instruire une demande de statut disposera d’une plus grande latitude pour refuser un dossier sur cette base, sans devoir fournir une motivation détaillée.
L’admission de ressortissants de ces 19 pays était déjà suspendue ou restreinte par Donald Trump depuis la proclamation présidentielle 10949, signée le 4 juin dernier. Ce texte interdit en principe l’entrée aux États‑Unis de nationaux de douze pays – Afghanistan, Birmanie, Tchad, République du Congo, Guinée équatoriale, Érythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan et Yémen –, tandis que les ressortissants de sept autres États – Burundi, Cuba, Laos, Sierra Leone, Togo, Turkménistan et Venezuela – se voient interdire, sauf exceptions, l’obtention de visas de non‑immigrant pour se rendre sur le sol américain.
La proclamation ne s’appliquait toutefois pas aux ressortissants de ces pays déjà présents légalement aux États‑Unis sous un autre statut. La nouvelle directive de Joseph Edlow les concerne désormais s’ils demandent l’un des avantages discrétionnaires que l’USCIS peut accorder : par exemple, un ajustement de statut de non‑immigrant à résident permanent, un changement de catégorie de non‑immigrant ou une prolongation de séjour en qualité de non‑immigrant.
On ignore combien de ressortissants des 19 pays concernés vivent actuellement en situation régulière aux États‑Unis, ni combien ont une demande ou une requête en cours devant l’USCIS. La directive ne signifie pas que ces personnes se verront automatiquement refuser tout bénéfice migratoire, et les refus pourront être contestés devant l’administration, puis, le cas échéant, devant les tribunaux fédéraux.
Le débat sur la réforme de l’immigration légale
Les conservateurs, dans l’administration Trump comme au‑delà, plaident de longue date pour un durcissement de l’immigration légale.
« Nous devons redevenir une communauté soudée. On ne le peut pas lorsque les flux migratoires sont aussi élevés », a déclaré le vice‑président J. D. Vance lors d’un événement public, le 29 octobre.
La fusillade du 26 novembre a ravivé les appels à un contrôle accru ou à de nouvelles restrictions sur l’immigration légale, sans qu’il soit encore clair si l’administration Trump entendra y donner suite.
Donald Trump a lui‑même tenu des propos plus nuancés sur certains volets, notamment son récent soutien à l’octroi du statut H‑1B à des étrangers très qualifiés, un dispositif largement utilisé par les grandes entreprises technologiques américaines.
« Non, vous n’[avez pas assez de talents]… Vous ne disposez pas de certains profils et les gens doivent se former. Vous ne pouvez pas prendre des chômeurs au hasard et dire : “Je vais vous mettre dans une usine où l’on fabrique des missiles” », a déclaré le président à propos de la main‑d’œuvre américaine lors d’une interview avec Laura Ingraham sur Fox News, le 11 novembre.
Le candidat républicain au poste de gouverneur de l’Ohio, Vivek Ramaswamy, a publié le 26 décembre 2024 un message sur les réseaux sociaux à propos des raisons pour lesquelles « les grandes entreprises technologiques recrutent souvent des ingénieurs d’origine étrangère ou de première génération plutôt que des Américains “de souche” ». Son intervention a déclenché une nouvelle vague de débats sur l’immigration et l’identité nationale.
« Notre culture américaine a glorifié la médiocrité bien trop longtemps… Je connais de multiples familles immigrées qui, dans les années 1990, limitaient volontairement le temps d’écran de leurs enfants parce que ces programmes télévisés valorisaient la médiocrité… et leurs enfants sont devenus des diplômés brillants dans les filières scientifiques », a‑t‑il écrit.

Arjun Singh travaille pour Epoch Times, comme journaliste, et couvre la politique nationale et les activités du Congrès américain.
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