L’ambassadeur de Chine au Royaume-Uni affirme que la Chine n’a pas de prisonniers politiques

Par Nicole Hao
6 décembre 2019 19:02 Mis à jour: 6 décembre 2019 19:02

L’ambassadeur de Chine à Londres, Liu Xiaoming, a récemment déclaré dans une interview à la BBC que le pays n’avait pas de prisonniers politiques.

Entre-temps, le prisonnier politique Lu Yuyu a envoyé un message de détresse depuis une prison de la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine, demandant de l’aide alors que sa santé se détériore.

Les dénégations de l’ambassadeur

Liu Xiaoming, l’ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, a déclaré lors de l’émission-débat HARDtalk de la BBC le 28 novembre : « Nous n’avons peur d’aucune dissidence. »

Lorsque l’animateur de HARDtalk, Stephen Sackur, a demandé combien de prisonniers politiques étaient détenus en Chine, Lio Xiaoming a répondu : « Il n’y a pas de prisonnier politique en Chine. »

Après que Stephen Sackur a exprimé son incrédulité, Liu Xiaoming a précisé : « Les gens sont mis derrière les barreaux parce qu’ils ont violé la loi en Chine. »

Stephen Sackur a répliqué : « Mais vos lois [chinoises] empêchent une véritable opposition politique […] Si les gens sont en désaccord avec la ligne du Parti, ils se retrouveront très vite en infraction avec vos lois. »

Liu Xiaoming a alors nié tous ces faits.

Lorsque Stephen Sackur a soulevé la question de la création par le régime chinois d’une société de surveillance en Chine continentale, « où toutes les pensées et tous les mouvements de votre population sont surveillés », Liu Xiaoming a contourné le sujet et a affirmé que tous les Chinois étaient heureux et que la Chine ait une démocratie « à caractère chinois ».

Liu Xiaoming a ensuite nié l’existence de documents récemment divulgués sur les politiques répressives du PCC dans le Xinjiang, les qualifiant de « fausses nouvelles ». Quand Stephen Sackur a répondu : « Ce n’est pas parce qu’on les appelle fausses nouvelles qu’elles sont fausses », Liu a affirmé que Stephen Sackur n’était jamais allé dans le Xinjiang auparavant et ne connaissait pas la situation.

Le gouvernement américain et les groupes de défense des droits estiment que plus d’un million de musulmans ouïghours sont détenus dans des camps d’internement au Xinjiang. Le régime qualifie ces installations de « centres de formation professionnelle » et a utilisé le prétexte de la lutte contre l’ « extrémisme » pour justifier sa répression contre les Ouïghours et les autres minorités musulmanes de la région.

Liu Xiaoming a même critiqué le vice-président américain, Mike Pence, pour avoir pris la parole en faveur des Ouïghours détenus qui « subissent un lavage de cerveau 24 heures sur 24 ».

« Je ne crois pas en Michael Pence. C’est un casseur de Chine. Vous l’appelez vice-président, mais je pense que c’est un guerrier de la guerre froide contre la Chine », a déclaré l’ambassadeur de Chine.

Sous le régime du Parti communiste chinois (PCC), le gouvernement a détenu des vagues de prisonniers politiques. Les cas les plus marquants de ces dernières années sont ceux de l’ « Incident du 709 ».

Le 9 juillet 2015, les autorités chinoises ont lancé une campagne nationale de répression contre les avocats et militants des droits humains, connue sous le nom particulier d’« incident du 709 », au cours de laquelle des centaines de personnes ont été arrêtées et détenues, dont des avocats éminents tels que Wang Quanzhang, Wang Yu, Xie Yanyi et Li Heping.

Wang Quanzhang et plusieurs autres sont toujours détenus en prison.

L’éminent avocat des droits de l’homme Gao Zhisheng a été arrêté et torturé par le régime chinois depuis 2006 en raison de son activité pour la défense des dissidents et des groupes persécutés réprimés par le gouvernement. Gao Zhisheng a été libéré de prison en 2014 et placé en résidence surveillée jusqu’en août 2017, date à laquelle il a de nouveau disparu. Sa famille pense qu’il est détenu secrètement par le régime.

Lu Yuyu

Lu Yuyu, fondateur du média indépendant Not A News, a récemment appelé son ami de la prison de Dali pour lui dire qu’il souffrait de dépression, mais les autorités de la prison ne lui ont pas accordé la visite d’un médecin et ne lui ont pas permis de faire une activité physique qui pourrait atténuer ses symptômes.

Civil Rights & Livelihood Watch, un groupe de défense des droits qui se concentre sur les dissidents chinois, a publié les nouvelles concernant Lu Yuyu le 28 novembre.

Selon le rapport, Lu Yuyu espérait qu’un avocat pourrait l’aider à obtenir un traitement. Un ami de Lu Yuyu a dit qu’il devait être en mauvais état, sinon il n’aurait pas demandé d’aide.

Lu Yuyu, 42 ans, est originaire de la ville de Zunyi, dans la province du Guizhou.

En tant que journaliste citoyen, il a été arrêté en octobre 2011 après avoir fait un reportage sur Chen Guangcheng, un avocat aveugle spécialisé dans les droits humains.

Depuis lors, il a commencé à rendre compte des événements liés aux droits de l’homme en Chine et a été arrêté deux fois en 2012.

En 2013, Lu Yuyu et sa petite amie Li Tingyu fondent « Not A News ». À l’époque, Li était une étudiante de 22 ans qui a dû abandonner l’université Sun Yat-sen après avoir eu des ennuis pour avoir publié des articles politiques. Lu Yuyu et Li Tingyu ont recueilli des informations sur les manifestations qui ont éclaté autour de la Chine et les ont publiées sur Twitter et un blog Google appelé « Wickeddonnaa » car ils n’avaient pas leur propre site web.

Pour échapper à la surveillance des autorités chinoises, Lu Yuyu et Li Tingyu ont déménagé de Shanghai à Fuzhou, Guangzhou, et finalement dans la ville de Dali, située dans le sud-ouest de la Chine. Ils ont enregistré 28 950 manifestations en 2015.

Lu Yuyu et Li Tingyu ont été arrêtés en juin 2016 et accusés d’ « alimenter les querelles et de provoquer des troubles ». Lu Yuyu a été condamné à quatre ans de prison. Li Tingyu a ensuite été libérée en avril 2017 et a refusé de parler aux médias depuis.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.