L’Américaine Amanda Knox, à jamais personnage de tragédie italienne

Par afp
14 juin 2019 00:10 Mis à jour: 13 juillet 2019 12:27

L’Américaine Amanda Knox, de retour jeudi en Italie, en a fini avec la justice italienne, qui, après de nombreux revirements, l’a définitivement acquittée du meurtre de sa colocataire en 2007. Mais elle lutte toujours pour restaurer son image, complètement brouillée par la couverture médiatique du drame.

« Il faut que je jongle entre l’Amanda Knox des tabloïds et l’Amanda Knox qui fait ses trucs, vit sa vie », a confié récemment la jeune femme, aujourd’hui âgée de 31 ans. Amanda Knox a été vue jeudi à Modène (nord) où elle doit prendre la parole samedi à une conférence consacrée à la justice et aux médias.

Chaque faux-pas lui vaut d’être renvoyée à l’Amanda de ses 20 ans.  Alors étudiante à Pérouse, dans le centre de l’Italie, elle se retrouve accusée du meurtre de la Britannique Meredith Kercher, 21 ans, retrouvée morte à demi-nue et la gorge tranchée dans l’appartement que les deux jeunes femmes partagent.

Les enquêteurs soupçonnent un jeu sexuel qui aurait mal tourné et s’intéressent de près à Amanda Knox et à son petit ami italien, Raffaele Sollecito, qui ont le mauvais goût de s’embrasser devant eux.  « Les gens se sont dit ‘Des étudiantes en folie, oh, c’est chaud, oh, je veux voir ça!’ Et c’est ce qu’ils ont vu », a estimé a posteriori Amanda Knox dans un entretien accordé au magazine Rolling Stone.

Les tabloïds, surtout britanniques, s’emparent de l’affaire et dressent un portrait peu flatteur de l’Américaine, accusée d’être une « femme fatale » manipulatrice et totalement obsédée par le sexe.  Ils lui reprochent une attitude jugée désinvolte, reprennent en boucle son surnom d’enfant « Foxy Knoxy » (La Knox rusée) et dressent la liste de ses amants.

L’arrestation de Rudy Guédé, un Ivoirien dont l’ADN a été retrouvé sur place, ne change pas ce récit, d’autant qu’il incrimine le jeune couple. Il sera, à sa demande, jugé séparément en 2008 et purge actuellement une peine de 16 ans de prison. Amanda Knox et Raffaele Sollecito sont eux condamnés en 2009, puis acquittés en 2011, aucun élément matériel ne les liant au crime.

La jeune femme rentre immédiatement dans son pays, mais la justice italienne relance les poursuites. Le couple est de nouveau jugé coupable, avant que la Cour de cassation ne l’acquitte définitivement en 2015. A son retour aux Etats-Unis, après quatre ans de prison, Amanda Knox a écrit un livre, « Waiting to be Heard », et a fait l’objet d’un documentaire à succès sur Netflix.

Elle vit aujourd’hui à Seattle, dans le nord-ouest des Etats-Unis, avec son fiancé.  Très présente dans les médias, elle anime des podcasts sur des innocents condamnés à tort et présente des vidéos consacrées à des femmes diffamées publiquement, dressant le parallèle entre leurs expériences et la sienne.

« Retourner en Italie est l’une des choses qui me terrifient le plus, mais je dois le faire », avait-elle confié en début d’année à New York lors d’un festival consacré à des faits divers retentissants. A cette occasion, elle a assuré que les clichés sur les Américains avaient contribué à l’« étiqueter comme une personne anormale », alors qu’elle n’était qu’une jeune fille naïve désireuse de profiter pleinement de son année à l’étranger.

« Dans leur réquisitoire, les procureurs ont dit: Il faut non seulement mettre Amanda en prison, mais aussi défendre l’honneur de l’Italie et notre système judiciaire contre les Américains », a-t-elle déclaré. La Cour européenne des droits de l’homme a condamné en janvier l’Italie à lui verser près de 20.000 euros pour avoir violé ses droits lors de son premier interrogatoire, notamment en ne lui fournissant pas de traducteur officiel ou d’avocat.

Certains doutent encore de son innocence et ne se privent pas de le faire savoir. « J’ai une sorte de routine le matin, je vais sur les réseaux sociaux, j’efface tous les commentaires mesquins et je bloque les gens qui écrivent des choses méchantes sur moi », a-elle encore expliqué lors du festival new-yorkais. Même si ces remarques la blessent, elle se dit persuadée que « ces gens détestent quelqu’un qui n’est pas moi ».

D.C avec AFP

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