Depuis neuf mois, le régime saoudien mène une guerre sans répit au Yémen et tend à afficher sa domination au Moyen-Orient. En plus de lutter contre Daech aux côtés des Occidentaux, le régime entretient de solides relations avec les pays occidentaux.
Une tribune récente parue dans The Atlantic s’intéresse à la stabilité – ou plutôt à l’instabilité – du régime saoudien. Les auteurs, Sarah Chayes, de l’association Carnegie Endowment for International Peace, et Alex de Waal, professeur à l’université de Droit de Fletcher, s’inquiètent du manque d’option du régime pour faire face à des problèmes qu’il devra tôt ou tard affronter : la corruption du système et sa capacité à survivre à long terme en comptant sur le pétrole.
Des coffres vides en 2020 ?
Récemment, des premières fissures sont apparues dans l’économie saoudienne. Malgré un fonds de réserve estimé à 667 milliards, le déficit budgétaire en 2016, de 89,2 milliards d’euros, a plongé le royaume dans une période d’austérité. Le prix de l’essence a augmenté de 40% et d’autres hausses sont attendues – notamment sur l’eau et l’électricité. Mais plus inquiétant, le FMI a calculé que l’économie du pays pourrait tourner à vide dès 2020. Masoud Ahmed, directeur du FMI pour cette région, a indiqué que la chute du prix de l’or noir dans la région pourrait avoir une forte incidence sur les revenus saoudiens : en 2015, cette diminution serait d’après lui évaluée à « un montant de 360 milliards de dollars ».
Les « coffres sans fonds » pourraient fondre comme peau de chagrin en quelques années, si les pires scénarios venaient à se confirmer.
Le directeur du FMI, à l’instar d’autres observateurs économiques, a incité le régime à diversifier ses sources de revenus. L’économie se base à 90% sur la production de pétrole, ce qui n’augure rien de bon étant donné que les pays importateurs diversifient leurs énergies. Les États-Unis, par exemple, ont de plus en plus recours au gaz de schiste, qui coûte deux fois moins cher grâce aux nouvelles techniques.
L’inconvénient, c’est que l’Arabie Saoudite n’est pas un État, mais une monarchie. Au sens strict, on peut la voir comme une monarchie. « Il n’y a que deux façons de la décrire : une vaste entreprise politique avec un modèle économique intelligent, mais peu viable au long terme, ou comme une entité tellement corrompue qu’elle ressemble aux hiérarchies typiques des organisations mafieuses », indiquent les auteurs.
Si le vent de la liberté venait à souffler
L’essentiel, pour les auteurs de l’article, est que les États-Unis se sont toujours appuyés sur les colossales richesses arabes pour maintenir leur politique au Moyen-Orient, et combattre le terrorisme – une histoire sur laquelle les deux pays ont souvent trouvé des ennemis communs. Mais ces « coffres sans fonds », si l’on considère les avertissements de la FMI, pourraient fondre comme peau de chagrin en quelques années, si les pires scénarios venaient à se confirmer.
Or, le régime saoudien s’assure la loyauté de ses sujets et alliés en premier lieu par leur portefeuille. Les revendications de liberté, lors du printemps arabe, sont bien arrivées aux portes du royaume de Riyad. Mais malgré ses nombreux ennemis, la famille royale n’a pas été inquiétée. Pour garantir la paix sociale, le régime est très généreux dans certaines dépenses : dès son arrivée au pouvoir, le roi Salman a accordé une prime correspondant à deux mois de salaire à tous les employés de son administration.
Le royaume, en plus de distribuer de l’argent, attribue aussi des concessions commerciales à ses plus proches fidèles. D’après certains économistes, dont Michael Hsueh de la Deutsch Bank, l’opacité est de mise sur la répartition des richesses à l’intérieur du pays. Qu’arriverait-il si les arabes prenaient le chemin des citoyens brésiliens, nigériens ou malaisiens, qui se sont levés contre leurs dirigeants pour protester contre la corruption ?
À titre de comparaison, on pourrait citer la situation complexe du Soudan du Sud, où une élite a continuellement détourné l’argent provenant du pétrole. Quand les profits se sont taris, cette élite a maintenu ses exigences auprès du gouvernement, ce qui a finalement conduit à la guerre. Pour l’instant, ces voix sont minoritaires, cantonnées chiites. La question est de savoir si la majorité des sunnites, dont le niveau d’éducation est élevé et de plus en plus connecté au monde, accepterait sans condition un pouvoir absolu de la part des dirigeants, sans aucune contrepartie
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