L’Argentine refuse officiellement de rejoindre l’alliance des BRICS dirigée par la Chine

Mais son gouvernement entend toujours "intensifier le commerce bilatéral" et stimuler les "flux commerciaux et d'investissement".

Par Andrew Moran
6 janvier 2024 19:23 Mis à jour: 6 janvier 2024 19:23

Javier Milei, le nouveau président argentin, a écrit aux dirigeants du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud (BRICS) pour officialiser sa décision de ne pas rejoindre l’alliance économique.

La lettre, datée du 22 décembre et rendue publique par le gouvernement argentin le 30 décembre, indique qu’il n’est « pas jugé approprié à ce stade » que Buenos Aires devienne membre à part entière de l’organisation composée des principaux marchés émergents.

M. Milei, 53 ans, a indiqué que sa politique étrangère « diffère en de nombreux points de celle du gouvernement précédent ».

« En ce sens, certaines décisions prises par l’administration précédente seront réexaminées », a-t-il déclaré.

La lettre propose d’« intensifier les liens bilatéraux » et de renforcer « les flux commerciaux et d’investissement », ajoutant qu’il est prêt à organiser des réunions avec chacun des dirigeants des BRICS.

Pendant la campagne et après l’élection, l’économiste libertaire a souvent défendu l’alignement sur les « nations libres de l’Occident », y compris les États-Unis et Israël. Il a également promis que son gouvernement n’allait « pas s’allier avec les communistes ».

Cependant, M. Milei et son cabinet ont adopté un ton plus amical avec la Chine et le Brésil, deux des principaux partenaires commerciaux du pays.

Lors du sommet des BRICS en août, le bloc a annoncé qu’il invitait l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) à rejoindre la coalition dans le cadre des efforts visant à limiter l’hégémonie de l’Occident sur la scène internationale. L’adhésion devait prendre effet le 1er janvier 2024.

L’ancien président argentin Alberto Fernandez a qualifié l’invitation des BRICS de « grande opportunité » pour l’économie du pays, car elle établirait un « nouveau scénario » pour un pays en proie à une crise monétaire et inflationniste.

« Nous ouvrons des possibilités de rejoindre de nouveaux marchés, de consolider les marchés existants, d’accroître les investissements (ndt. investissements étrangers vers le pays), de créer des emplois et d’augmenter les importations », a-t-il déclaré l’été dernier.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a déclaré qu’il était « très important pour l’Argentine de faire partie des BRICS », principalement en raison des prêts « étouffants » octroyés par le Fonds monétaire international (FMI). L’Argentine doit actuellement environ 43 milliards de dollars à l’institution mondiale.

Cependant, peu après sa victoire électorale, M. Milei a tenu une réunion virtuelle avec la directrice du FMI, Kristalina Georgieva. Les deux personnalités ont adopté un ton conciliant et ont insisté sur la « coopération pour financer les solutions structurelles dont l’Argentine a besoin ».

Les réformes s’accompagnent de protestations

Quelques semaines après avoir prêté serment en tant que président, M. Milei a mis en œuvre une série de réformes visant à transformer l’économie argentine, qu’il qualifie de « thérapie de choc ».

Dans un discours prononcé le 20 décembre, entouré de son cabinet, M. Milei a proposé plus de 300 réformes visant à réduire la taille du gouvernement.

Certaines de ces propositions consistent à éliminer de nombreuses lois sur le travail, à abolir le contrôle des prix, à supprimer les augmentations automatiques des pensions, à abaisser les plafonds de prix pour les services de santé privés et à mettre fin à des milliers de contrats de la fonction publique. Son gouvernement a déjà licencié des milliers de fonctionnaires, annoncé des coupes budgétaires massives et introduit une dévaluation du peso de 54%.

M. Milei, qui se décrit comme un anarcho-capitaliste, cherche également à libéraliser les marchés pétroliers nationaux et à abolir l’intervention de l’État dans l’industrie énergétique du pays, riche en schiste.

Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de plus larges efforts déployés par le gouvernement pour maîtriser l’inflation et réduire la pauvreté.

La semaine dernière, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre les politiques de M. Milei. Les manifestants, parmi lesquels des activistes et des syndicalistes, auraient scandé « Le pays n’est pas à vendre ! »

« Nous ne remettons pas en question la légitimité du président, mais nous voulons un président qui respecte la division des pouvoirs, qui comprenne que les travailleurs ont besoin de se défendre individuellement et par la voie de la justice en cas d’inconstitutionnalité », a déclaré Gerardo Martínez, secrétaire général du syndicat des travailleurs du bâtiment d’Argentine, dans un communiqué.

En attendant, on ne sait pas quand M. Milei mettra en œuvre deux de ses plus grandes promesses de campagne : l’éradication de la banque centrale et le passage au dollar américain.

Accord de Paris

De nombreux partisans de M. Milei — dans le pays et à l’étranger — ont été surpris lorsque l’Argentine s’est engagée à respecter l’Accord de Paris sur le changement climatique, affirmant qu’il s’agissait d’une volte-face du nouveau président au vu de ses commentaires passés.

Marcia Levaggi, la nouvelle diplomate en charge du climat, a annoncé lors de la conférence des Nations unies sur le climat, la COP28, à Dubaï que la nation sud-américaine « honorera tous ses accords environnementaux ».

« C’est pourquoi je suis venue à cette COP, pour rassurer les parties prenantes de notre parti, et les personnes qui suivent le processus, que l’Argentine restera engagée dans l’Accord de Paris », a-t-elle déclaré.

M. Milei s’est montré très critique à l’égard des scientifiques et des militants du climat, qualifiant la question du changement climatique de « mensonge socialiste ».

« Tous ces politiciens qui accusent l’espèce humaine d’être responsable du changement climatique sont des imposteurs et ne cherchent qu’à collecter des fonds pour financer des socialistes minables qui écrivent des journaux de piètre qualité », a-t-il déclaré en novembre.

Lors d’une interview télévisée, M. Milei a fait allusion aux nombreuses fois où les écologistes se sont trompés sur le changement climatique au cours des 50 dernières années.

« Ils ont de très mauvais antécédents », a-t-il déclaré lors d’une émission d’information locale.

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