L’art de la conversation pour un homme – les instructions d’un manuel de bonnes manières de 1881

Par Epoch Times
2 février 2022 19:05 Mis à jour: 3 février 2022 20:03

Ce qui suit est un extrait de « Our Deportment, or the manners, conduct, and dress of refined society » (Notre comportement, ou les manières, la conduite et l’habillement d’une société raffinée, ndt.), un recueil de règles d’étiquette, par John H. Young A.M., publié en 1881. Nous le republions dans l’espoir de promouvoir une conduite éduquée parmi les hommes (jeunes et moins jeunes) à une époque où elle tend à s’effacer.

La conversation.

La conversation révèle le caractère d’une personne, plus que toute autre qualité, car, quels que soient nos efforts, on ne peut toujours être dans l’action pour prouver sa valeur.

L’IMPORTANCE DE BIEN CONVERSER

Tout homme intelligent et toute femme devrait cultiver l’art de la conversation. Il est plus important de savoir s’exprimer que de bien chanter ou exceller dans la musique, car la première qualité est la plus appréciée, et un grand nombre de personnes recherche la compagnie d’une personne capable de s’exprimer efficacement sur une grande variété de sujets. On ne saurait donc trop insister sur l’importance de cultiver la rhétorique. Toutes les personnes intelligentes devraient avoir pour objectif d’acquérir l’habitude de parler avec aisance et bon sens de tous les sujets d’intérêt général. Et ce, pour réussir en tout type de compagnie à captiver les autres. Il est également question de cultiver sa propre curiosité pour différents sujets à travers ces échanges variés.

ÉDUQUER LES ENFANTS

Éduquer les enfants à l’art de la conversation doit commencer dès le plus jeune âge. Les parents devraient non seulement encourager leurs enfants à s’exprimer librement sur tout ce qui attire leur attention et les intéresse, mais aussi stimuler leurs facultés de perception, de mémoire et d’observation attentive, en leur demandant de raconter tout ce qu’ils ont pu remarquer, jusque dans les moindres détails, en allant à l’école ou en se promenant en calèche ou en voiture. En entraînant un enfant à prêter attention à tout ce qui croise son chemin, tout ce qui se passe autours de lui, son esprit devient très vif, et l’habitude une fois acquise, il s’intéresse à une grande variété de sujets. Cet enfant remarque et apprécie davantage ce qui l’entoure qu’un autre non entraîné.

CULTIVER LA MÉMOIRE

Une bonne mémoire est un atout précieux pour maîtriser l’art de la conversation. Soumettre cette faculté à l’entraînement est d’une grande importance. Le jeune âge est idéal pour commencer à l’exercer. Les parents et les enseignants devraient y accorder une attention particulière. Lorsqu’on emmène les enfants à l’église ou qu’on les envoie écouter une lecture, il est judicieux de leur demander de raconter ou d’écrire de mémoire un résumé du sermon ou de la lecture. Les adultes peuvent tout autant adopter cette stratégie pour développer leur mémoire, et ils seront surpris de constater à quel point une pratique assidue améliore cette faculté. Loin de la renforcer, l’habitude de prendre des notes nuit à la mémoire, car une personne se fie alors à cette béquille plus ou moins systématiquement, et ne sollicite plus suffisamment son cerveau. Une personne devrait également s’entraîner à se souvenir des noms des personnes qu’elle côtoie, afin de pouvoir les saluer dignement chaque fois qu’elle les rencontrera. On raconte qu’un grand marchand de bottes et de chaussures d’une ville de l’Est a été sollicité un jour par l’un de ses meilleurs clients, résidant dans une ville éloignée. Il l’avait souvent rencontré, mais ne se souvenait plus de son nom. Le client devait réceptionner ses marchandises, et la commande impliquait une facture importante. Alors qu’il s’apprêtait à partir, le commerçant lui demanda son nom. Le client se montra indigné. Un homme dont il avait acheté tant de produits, et ce pendant de si nombreuses années, méritait bien d’avoir mémorisé son nom. Il annula alors sa commande, sourd à toute tentative d’explication. Si ce cas est extrême, il illustre néanmoins l’importance de connaître le nom de son interlocuteur dans certaines circonstances.

LA MÉMOIRE DES NOMS D’HENRY CLAY

L’un des secrets de la popularité d’Henry Clay en tant qu’homme politique était sa mémoire des noms. On prétend qu’il était toujours capable d’appeler ses interlocuteurs par leurs noms. Plus encore, il se souvenait toujours des circonstances de leur première rencontre. Il aurait cultivé cette faculté après avoir commencé à pratiquer le droit dans le Kentucky, et plus encore après être entré dans la vie politique. Il avait initialement une bien faible mémoire des noms, mais il était décidé à l’améliorer. Il prit l’habitude, juste avant de se retirer le soir, de se rappeler des noms de toutes les personnes qu’il avait rencontrées pendant la journée, de les écrire dans un carnet et de répéter la liste le lendemain matin. Grâce à cette méthode, il acquit avec le temps cette faculté exceptionnelle de se souvenir du nom de tous ceux qu’il rencontrait.

ÉCRIRE POUR S’EXPRIMER CONVENABLEMENT

Il est également important de savoir parler convenablement, c’est-à-dire d’utiliser un langage acceptable au cours d’une conversation. Comme cela peut s’acquérir par une stricte observance des règles grammaticales, l’habitude de mettre ses pensées par écrit peut grandement optimiser l’expression orale. L’écrit sollicite (ou exige) une attention soutenue, afin que le langage utilisé soit convenable. Lorsqu’une personne pratique régulièrement la rédaction et acquiert l’habitude d’utiliser un langage soutenu, cette habitude est perceptible à l’oral. De ce fait, lorsqu’une personne rompue à l’écriture prend la parole, son langage reste rigoureux.

LES QUALITÉS DU BON ORATEUR

Pour être un bon orateur, il faut posséder une solide culture générale, acquise par une observation attentive, une écoute concentrée, une bonne mémoire, de nombreuses lectures et de longues études, des habitudes de raisonnements logiques, et une connaissance satisfaisante du bon usage de la langue. Il faut également avoir un ton de voix net, choisir une tournure de phrases adéquate, avoir un accent correct. Cette habileté est à la portée de toute personne déterminée à l’acquérir et à investir l’énergie et la persévérance nécessaires pour y arriver.

LES GROSSIERETÉS

Dans la conversation, il faut se garder scrupuleusement d’énoncer des grossièretés. La simplicité et la rapidité du langage sont les caractéristiques d’une personne bien éduquée et hautement cultivée. Ce sont les personnes sans éducation ou peu instruites qui emploient de longs mots ou des phrases truffées d’exagérations. Parler au moyen d’hyperboles est désinvolte et il faut l’éviter. Des expressions telles que « terriblement jolie », « immensément joyeuse », « abominablement stupide », « horriblement dégoûtante », sont de cette nature et doivent être écartées. Maladresse du comportement vaut maladresse du langage. Étre alangui, gesticuler, s’agiter, manipuler son monocle ou la chaîne de sa montre, etc., autant d’éléments qui donnent un air balourd et balayent une certaine part de respect que les autres auraient pu nous accorder.

L’ÉCOUTE

L’habitude d’écouter avec intérêt et attention est une habitude qui doit être particulièrement soignée. Certes l’interlocuteur peut se révéler aussi prosaïque que prolixe, toutefois la personne bien élevée paraîtra intéressée et fera, à des intervalles appropriés, des remarques pour montrer qu’elle entend et comprend tout. Certains au comportement superficiel qualifieront cette attitude d’hypocrisie. Si tel est le cas, il s’agit certainement d’une hypocrisie louable, reposant strictement sur cette règle de bienséance nous commandant d’offrir aux autres la courtoisie équivalente à celle que nous aimerions recevoir nous-mêmes. Il est recommandé de contrôler ses impulsions, dissimuler ses aversions, d’aller jusqu’à modifier ses préférences susceptibles d’offenser ou de blesser les autres. Tout individu se détournant en signifiant son déplaisir, son dégoût ou un manque d’intérêt manifeste lorsqu’on s’adresse à lui commet, en plus d’être mal élevé, un acte cruel.

LA DÉSINVOLTURE

Dans une conversation, tout provincialisme, adoption d’accents étrangers, maniérismes, exagérations sont détestables, de même que l’argot. Il faut également éviter les inexactitudes, les hésitations, l’utilisation excessive de mots étrangers et tout ce qui s’apparente à la désinvolture, la grossièreté, la trivialité ou la provocation. Les hommes s’adressent parfois aux dames d’une manière très désinvolte, et celles-ci, pour diverses raisons, se doivent de passer outre et feindre de ne pas s’en apercevoir. En réalité, intérieurement, elles se sentent indignées. Bien des hommes de valeur se sont fait du tort de manière irréparable et engendré un préjugé durable dans l’esprit de ceux dont ils auraient pu faire des amis. Aussi, aurait-il fallu s’adresser à eux comme à des êtres rationnels, capables de soutenir leur part de conversation sur des sujets intéressants. La désinvolture est une preuve de mauvaise éducation, tout comme le sourire perpétuel, l’œil errant, le regard vide et la bouche entrouverte de celui qui brûle de couper court à la conversation.

SOYEZ SYMPATHIQUE ET ENJOUÉ

Ne vous montrez pas en public sans être sympathique, altruiste, avenant et enjoué. La société n’exige pas la gaieté, mais elle exige la bonne humeur et l’altruisme. Vous devez contribuer à établir et à maintenir une conversation joyeuse. La manière de converser est aussi importante que le sujet.

LES COMPLIMENTS

Certains affirment qu’il est inadmissible de faire des compliments. Toutefois, entre personnes de même rang, ou des personnes de position hiérarchique supérieure vers des personnes de position hiérarchique inférieure, les compliments sont non seulement être acceptables, mais gratifiants. Il est agréable de savoir que nos amis nous estiment. Il est toujours plaisant de savoir que nous sommes bien vus par ceux situés à des positions plus élevées, comme les hommes de grand talent ou les femmes extrêmement cultivées. Les compliments qui ne sont pas sincères ne sont que flatterie et doivent être évités. Toutefois le fait de dire des choses aimables, émanant d’un cœur bienveillant, et qui confère du plaisir, devrait être cultivé, du moins il ne faut pas le supprimer. Les parents qui s’efforcent au maximum d’optimiser l’éducation de leurs enfants ont, dit-on, constaté qu’il n’est jamais sage de les punir pour une faute, sans préparer le terrain par quelque mention judicieuse de leurs qualités.

L’ARGOT

Tout argot est vulgaire. Il abaisse le niveau de la société et le niveau de la pensée. C’est une grande erreur de supposer que l’argot est de quelque manière que ce soit spirituel. Seuls les jeunes ou les incultes le considèrent ainsi.

LA FLATTERIE

Ne vous rendez pas coupable de flatterie. Flatter les plus fortunés et les plus avantagés est vulgaire et tient de la grossièreté. Par ailleurs cela sera immanquablement perçu comme émanant de motifs indignes. Témoignez votre respect, votre admiration et votre gratitude par des actes plutôt que par des paroles. Les mots sont faciles à prononcer, mais les actes sont difficiles à réaliser. Peu de gens croiront les premiers, mais les seconds seront convaincants.

LES SCANDALES ET COMMÉRAGES

Évoquer un scandale est la moins excusable de toutes les obscénités qui peuvent surgir dans une conversation. L’envie pousse la langue du calomniateur. La jalousie perturbe l’harmonie du groupe. À ce sujet, un auteur a déclaré : « Le commérage est une sorte d’insecte gênant qui ne fait que bourdonner autour de vos oreilles et ne mord jamais profondément, la calomnie est la bête de proie qui bondit sur vous de sa tanière et vous déchire en morceaux. La calomnie est l’objet propre de la rage, le commérage, du mépris. » Ceux qui comprennent le mieux la nature du commérage et de la calomnie, s’ils sont victimes des deux, ne tiendront pas compte des rumeurs, mais se devront de réfuter toute calomnie, car celle-ci pourrait souiller la réputation de leurs enfants. Aucune femme ne peut être trop sensible aux accusations touchant son caractère moral, qu’elles soient liées à son entourage ou à ses écrits.

LA RELIGION ET LA POLITIQUE

La religion et la politique sont des sujets qui ne devraient jamais être abordés dans une conversation générale, car ce sont des sujets qui peuvent compromettre un climat harmonieux. Sur ces sujets, les probabilités de désaccords sont maximales et il est difficile de garder son calme. Les longues discussions en présence de nombreuses personnes, bien que divertissantes pour ceux qui les alimentent, sont très fatigantes pour les auditeurs.

MOQUERIE ET DÉNIGREMENT

En se moquant ou en dénigrant des livres, individus, phénomènes, les jeunes gens sont ridicules. Les opinions qui méritent d’être prises en considération par les autres doivent provenir de personnes mûres. Les personnes cultivées n’ont pas l’habitude de recourir à des armes telles que la moquerie et le dénigrement. Bien nombreux sont les éléments qu’elles doivent corriger en elles‑mêmes avant de se livrer à une condamnation grossière du comportement d’autrui, de la conduite d’une personne qui n’a peut‑être pas eu de chance égale à la leur.

LES TITRES

Dans la société anglaise, lorsque l’on s’adresse à des personnes portant un titre, il faut toujours ajouter le nom, par exemple, « qu’en pensez-vous, docteur Hayes ? » et non « qu’en pensez-vous, docteur ? » En parlant des étrangers, on observe l’inverse de la règle anglaise. Quel que soit le titre d’un Français, on l’appelle toujours Monsieur, et on n’omet jamais le mot Madame, que l’on s’adresse à une duchesse ou à une couturière. La première est « Madame la Duchesse », la seconde simplement « Madame ». Donnez toujours son titre à un étranger. Si le général Sherman voyage en Europe et est reçu avec la dignité que sa valeur, sa culture et sa position de général américain exige, il ne sera jamais appelé M. Sherman. C’est son titre qui précédera invariablement son nom. Certains pensent que l’omission du titre est gênante pour celui qui le possède. Toutefois, ce n’est pas la raison pour laquelle le titre devrait être nommé, mais du fait que cette omission relève soit de l’ignorance, soit d’une mauvaise éducation.

LES NOMS CHRÉTIENS

Il y a une classe d’individus qui, par ignorance des usages de la bonne société, ou par négligence, parlent des autres en les nommant par leur nom de baptême [prénom], bien qu’ils ne soient ni parents ni amis intimes. C’est là une familiarité qui, en dehors du cercle des parents et amis proches, n’est jamais tolérée par les gens bien élevés.

INTERROMPRE QUELQU’UN

Interrompre autrui est une grande faute et va à l’encontre de la bonne éducation. Il a été dit à juste titre que si vous interrompez autrui au milieu d’une phrase, vous agissez presque aussi impoliment que si, en marchant avec un compagnon, vous vous mettiez devant lui et arrêtiez sa progression.

ADAPTER SA CONVERSATION

Le grand secret pour bien parler est d’adapter sa conversation à son interlocuteur, aussi habilement que possible. Certains hommes mettent un point d’honneur à parler de sujets anodins à toutes les femmes, comme si une femme n’avait pas de valeur. D’autres, au contraire, semblent oublier à quel point l’éducation d’une dame diffère de celle d’un homme, et commettent l’erreur inverse en conversant sur des sujets que les femmes connaissent rarement, et auxquels peu, voire aucune, ne s’intéressent vraiment. Une femme cultivée a autant le droit d’être ennuyée par l’un, qu’une femme d’éducation moyenne par l’autre. Si vous voulez vraiment qu’on vous trouve agréable, sensé, aimable, désintéressé, voire bien informé,  il faut ouvrir la voie dans les conversations en tête-à-tête. Laisser le sportif parler de ses tirs ; une mère, de ses enfants ; un voyageur, de ses excursions et des pays qu’il a visités ; une jeune femme, de son dernier bal et de ceux à venir ; un artiste, de son tableau et un auteur, de son livre. Montrer de l’intérêt pour les préoccupations immédiates des autres est très flatteur, et en petit comité, c’est un privilège. Chacun s’intéresse à ses propres affaires plus qu’à toute autre chose, et si vous manifestez un intérêt pour écouter les autres, peu nombreux sont ceux qui se déroberont à la conversation, ne partageant pas leurs préoccupations sous une forme ou une autre. Ainsi, comme la dit M. Thackeray : « Intéressez-vous aux autres et à leurs affaires. C’est parce que vous êtes vous-même égoïste que le moi de l’autre ne vous intéresse pas. »

EXPRIMER LE FOND DE SA PENSÉE

Certaines personnes honnêtes mais irréfléchies commettent souvent la grave erreur de « dire ce qu’elles pensent » en toutes occasions et en toutes circonstances, et souvent au grand dam de leurs auditeurs. Elles vont jusqu’à s’attribuer le mérite de leur courage, si leur liberté de parole offense l’un d’entre eux. En y réfléchissant on comprend rapidement combien cela est cruel et injuste. La loi nous interdit d’infliger des blessures corporelles à ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord, mais il n’y a aucune loi pour prévenir la blessure des sentiments d’autrui.

FORMULER IMPRUDEMMENT UNE OPINION

Une autre catégorie de personnes, animées des meilleures intentions, semblent considérer qu’il est de leur devoir de faire valoir leurs opinions en toute occasion et en tout lieu. C’est oublier que la vérité la plus élevée souffrira d’un plaidoyer imprudent ou trop zélé. La civilité exige d’accorder aux opinions des autres une tolérance équivalente à celle que nous accordons aux nôtres. Par ailleurs, c’est une question de bon sens. Il est impossible de convertir une personne à nos vues si nous commençons par violer ses notions de convenance et exacerber ses préjugés. Le défenseur silencieux d’une cause est toujours préférable au défenseur indiscret.

LE BLASPHÈME

Aucune personne éduquée n’utilise de formules blasphématoires. Inutile d’ajouter qu’aucun homme distingué n’utilisera un langage blasphématoire en présence d’une dame. Il n’y a pas d’excuse pour le blasphème. Il s’agit d’une habitude basse et dégradante, acquise par la fréquentation d’esprits bas et misérables, sans aucun sens de l’honneur, aucune considération pour la décence et aucune révérence ou respect pour des êtres d’une nature morale ou religieuse supérieure à la leur. L’homme qui a l’habitude d’utiliser un langage profane, abaisse son niveau moral à chaque blasphème échappé de sa bouche. De plus, la sottise de cette habitude, à défaut d’autre raison, devrait en empêcher l’usage par tout homme de bon sens.

LA MENTION EN PUBLIC D’AFFAIRES PRIVÉES

N’avancez pas de sujets purement privés devant une assemblée publique ou mixte ou devant des connaissances. Si des étrangers souhaitent réellement s’informer sur vous ou sur vos affaires, ils trouveront le moyen de satisfaire leur curiosité sans que vous les informiez gratuitement. En outre, les affaires personnelles et familiales, quel qu’en soit l’intérêt pour les parties immédiatement concernées, sont généralement de peu d’importance pour les étrangers. Une personne bien élevée ne s’informera pas et n’évoquera jamais les affaires privées d’une autre famille ou d’un autre individu.

METTRE SES CONNAISSANCES EN AVANT AVEC OSTENTATION

Dans une société raffinée et intelligente, il faut toujours se montrer sous son meilleur jour et faire un usage approprié et légitime de toutes les connaissances acquises. Mais il ne faut pas faire de démonstration ostentatoire ou pédante de l’érudition. En plus d’être vulgaire, une telle démonstration expose la personne au ridicule.

LA PUDEUR

Évitez une affectation de modestie excessive. N’utilisez pas le mot « membre » pour « jambe ». Si la mention des jambes est vraiment inconvenante, alors ne les mentionnons en aucun cas. Mais s’il est nécessaire de les mentionner, donnons-leur le nom qui leur convient.

LE DOUBLE SENS

Aucune personne décente, et encore moins une personne délicate, ne se rendra coupable de double sens. Une personne bien élevée refuse toujours de comprendre une phrase dont le sens est douteux. Si la phrase peut être interprétée décemment, et si cette interprétation peut provoquer un sourire, alors souriez juste au degré requis par cette interprétation, et pas plus. La pruderie qui réprimande solennellement et sévèrement un double sens n’est qu’une indélicatesse secondaire devant l’indécence. Toutes deux doivent reconnaître la mauvaise intention. Il suffit de la laisser passer sans la reconnaître.

MOT OU ÉNONCÉ INDÉLICAT

Il n’en va pas de même lorsqu’on entend un mot ou un énoncé indélicat, ne permettant aucune interprétation inoffensive. Dans ce cas, pas l’ombre d’un sourire ne doit parcourir les lèvres. Il faut soit garder un silence complet, soit répondre : « Je ne vous comprends pas. » Une dame n’entend jamais ce qu’elle ne doit pas entendre. Si, indubitablement, c’est entré dans son oreille, elle ne comprend pas.

LES EXCLAMATIONS VULGAIRES

Aucune dame ne devrait utiliser un substitut féminin à un blasphème. La femme qui s’exclame « Pitié ! » ou « Bon Dieu ! » lorsqu’elle est contrariée ou étonnée, est aussi vulgaire dans son esprit, bien qu’elle ne soit peut-être pas considérée comme telle par la société, que si elle avait utilisé des expressions profanes.

FAIRE MONTRE DE SES ÉMOTIONS

Si vous ne parvenez pas à la mettre complètement de côté, évitez néanmoins de manifester votre humeur devant les autres. Toutes les émotions, qu’il s’agisse de chagrin ou de joie, doivent être maîtrisées en public et ne doivent être pleinement exprimées que dans l’intimité de vos propres appartements.

LES QUESTIONS IMPERTINENTES

Ne posez jamais de questions impertinentes. Certaines autorités en matière d’étiquette vont même jusqu’à dire que toutes les questions sont strictement taboues. Ainsi, si vous souhaitez vous enquérir de la santé du frère de votre ami, vous direz : « J’espère que votre frère se porte bien », et non : « Comment va votre frère ? »

CONFIDENCES DES AUTRES

N’essayez jamais d’obtenir de force les confidences des autres ; mais s’ils se confient à vous de leur plein gré, ne laissez rien vous inciter à les trahir. Ne cherchez jamais à fouiller un secret, ni ne le divulguez jamais.

UTILISATION D’UNE LANGUE ÉTRANGÈRE

Ne prenez pas l’habitude d’introduire des mots et des phrases étrangères dans une conversation courante. Cela n’est permis qu’à l’écrit, et seulement lorsque le mot ou la phrase en langue étrangère exprime plus clairement le sens souhaité. Dans une conversation courante, il s’agit d’un geste, qui n’est pardonnable que si toutes les personnes présentes sont particulièrement familières avec la langue.

PRÉTENTION

Évitez toute prétention à la gentillesse. Passez pour ce que vous êtes, et rien de plus. Si vous êtes obligé de faire de petites économies, n’ayez pas honte de les reconnaître comme telles, s’il devient nécessaire d’en parler. Si vous n’avez pas de voiture, n’insistez pas trop pour faire comprendre à vos amis que la seule raison pour laquelle vous n’en possédez pas est que vous préférez marcher. N’ayez pas honte de la pauvreté, mais, d’un autre côté, ne vous exhibez pas en haillons sans vous être arrangé pour les autres. Il vaut mieux ne pas en parler, ne pas s’excuser, ne pas se défendre.

UNE PAROLE DOGMATIQUE

Ne parlez jamais de façon dogmatique ou en supposant que vous avez de meilleures connaissances ou informations que votre interlocuteur. Même si vous êtes conscient de cette supériorité, une modestie appropriée et convenable vous conduira à la dissimuler autant que possible, afin de ne pas couvrir de honte ou d’humiliation ceux qui sont moins nantis que vous. S’ils découvrent votre supériorité de leur propre chef, ils auront beaucoup plus d’admiration pour vous que si vous leur en imposiez la reconnaissance. S’ils ne la découvrent pas, vous ne pouvez pas l’imposer, et ils ne feraient que vous mépriser pour avoir essayé de le faire. De plus, il est possible que vous vous surestimiez. Au lieu d’être un sage, peut-être n’êtes-vous qu’un idiot suffisant.

RECHERCHER LA FAUTE

Ne soyez pas réprobateur ou critique. Une longue et proche amitié peut parfois excuser un ami de réprimander ou de critiquer un autre, mais cela doit toujours être fait d’une manière extrêmement bienveillante et douce. Bref, dans neuf cas sur dix, il vaut mieux ne pas le faire. Lorsque l’on est enclin à la répréhension ou à la critique, il est bon de se rappeler les Saintes Écritures : « Ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère . »

CONVERSER AVEC LES DAMES

Un homme éduqué ne devrait jamais abaisser le niveau intellectuel de sa conversation lorsqu’il s’adresse à des dames. Faites-leur le compliment d’avoir l’air de les considérer comme capables d’une compréhension égale à celle des hommes. Vous serez, sans doute, quelque peu surpris de constater dans de nombreux cas que cette supposition sera vérifiée. Dans les rares cas où elle ne le sera pas, les dames seront plutôt satisfaites qu’offensées par le délicat compliment que vous leur faites. Lorsque vous vous abaissez à des sujets anodins avec une femme d’esprit, de deux choses l’une : ou bien elle identifie votre condescendance et vous méprise, ou bien elle l’accepte comme le plus grand effort intellectuel dont vous êtes capable, et vous évalue en conséquence.

LES LOISIRS

Les personnes qui ont des centres d’intérêts sont à la fois les personnes les plus faciles et les plus difficiles à ménager dans une conversation. Sur les sujets généraux, elles sont sans idées et sans paroles au-delà des monosyllabes. Il faut aborder leur passe-temps, et dès lors, si on le souhaite, il n’y a qu’à écouter. Il y a beaucoup de bénéfices à tirer de la conversation de ces personnes. Elles vous donneront une idée plus claire des divers aspects qu’implique le sujet ou la théorie qui leur tient à cœur. De manière efficace elles vous prodiguent un enseignement dont vous n’auriez pu bénéficier autrement.

La pratique trop assidue d’un passe-temps n’est cependant pas des plus recommandées. Bien qu’on puisse pardonner à tout individu de cultiver des goûts particuliers, il faut néanmoins posséder des connaissances suffisamment larges et globales pour être capable de converser intelligemment sur tous les sujets, et il est bon, dans la mesure du possible, de réserver la discussion approfondie sur ses loisirs à ceux qui en pratiquent de semblables.

À ÉVITER

À ne jamais oublier : une réunion en société ne doit jamais devenir le théâtre d’une dispute. Par conséquent, tout sujet susceptible de provoquer des divergences de points de vue doit être évité. Il ne faut jamais remarquer de faits ou d’opinions légèrement inexacts chez notre interlocuteurs.

Ne perdez jamais votre sang–froid en société et ne montrez jamais que vous êtes offensé face à un affront supposé.

Si quelqu’un adopte un ton de voix désagréable ou des manières offensantes à votre égard, ne lui rendez jamais la pareille en société et, surtout, n’abordez plus les mêmes conversations avec cette personne. Faites semblant de ne pas le remarquer et, en général, l’affront se dissipera, comme une pierre tombée à l’eau.

Évitez toute grossièreté et toute familiarité excessive en vous adressant aux autres. Une personne qui se rend familière de manière offensante aura peu d’amis.

Ne critiquez jamais le caractère des autres en leur absence, et si vous entendez des critiques offensantes à leur égard, dites ce que vous pouvez pour les défendre.

Si vous parlez de sujets religieux, évitez toute parole creuse. La langue de bois peut être utilisée de bonne foi par la force de l’habitude, mais on soupçonne celui qui l’utilise de manquer de sincérité.

Ne demandez jamais le prix des objets, sauf à des amis intimes, très discrètement, pour une raison valable uniquement.

Ne remarquez jamais les erreurs de langage, de prononciation ou de grammaire, chez votre interlocuteur. Ne répétez en aucun cas le même mot ou la même phrase correctement. Ce serait aussi mal élevé que de le corriger à l’oral.

Le mimétisme est mal élevé et doit être évité.

Se moquer des affaires privées des autres a été banni depuis longtemps de la conversation des personnes éduquées.

N’abordez jamais de sujets désagréables et ne décrivez jamais de scènes révoltantes en société.

Ne donnez jamais de conseils officieux. Même s’ils sont sollicités, donnez-les avec parcimonie.

Ne faites jamais, directement ou indirectement, allusion aux affaires d’autrui, dont le souvenir pourrait leur causer une quelconque douleur.

Ne tenez jamais votre interlocuteur par la boutonnière. Le retenir par la force pour lui dire ce que vous voulez, lui impose ce qui est désagréable ou importun, et vous fait commettre ainsi un grave manquement à l’étiquette.

Évitez de contredire ou d’interrompre les autres et de monopoliser la conversation. Ces fautes sont toutes intolérables et très offensantes.

Parler à une personne qui est en compagnie d’une autre en termes ambigus, compris par elle seule, est aussi impoli que si vous lui aviez chuchoté à l’oreille.

Évitez les remarques banales et sans intérêt sur des sujets courants, ainsi que tout égoïsme et les anecdotes d’aventures et d’exploits personnels, à moins qu’ils ne soient signalés par vos interlocuteurs.

Faire une citation classique en société est considéré comme pédant et déplacé, de même qu’une démonstration ostentatoire de votre savoir.

Un homme bien élevé doit éviter de parler de ses affaires ou de sa profession, à moins que la personne avec laquelle il converse ne le lui demande. Il est de mauvais goût, en particulier, d’employer des termes techniques ou professionnels dans une conversation générale.

Les longues disputes ou les discussions animées sont susceptibles de fatiguer les autres et doivent être évitées.

Il est considéré comme extrêmement mal élevé pour deux personnes de chuchoter en société, ou de converser dans une langue avec laquelle toutes les personnes ne sont pas familières.

Évitez de trop parler, et n’infligez pas à vos auditeurs des histoires interminables, pour lesquelles ils ne peuvent avoir que peu d’intérêt.

 

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