L’autorité de sûreté nucléaire ouvre la voie à une prolongation des réacteurs au-delà de 40 ans

Par Epoch Times avec AFP
3 décembre 2020 13:10 Mis à jour: 5 décembre 2020 14:37

Un défi pour EDF. Afin d’améliorer leur sûreté, 32 réacteurs seront soumis à l’inspection et décision sur leur propre sort. 

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ouvre la voie à la prolongation des réacteurs nucléaires de 900 MWe au-delà de 40 ans, tout en se disant vigilante sur la capacité industrielle d’EDF à mener à bien les améliorations exigées. Dans un projet de décision soumis au public le jeudi 3 décembre et jusqu’au 15 janvier, l’ASN avalise le principe d’une poursuite du fonctionnement de ces 32 réacteurs, doyens du parc français, moyennant la réalisation de travaux.

Chacun de ces réacteurs sera en outre soumis à inspection et décision sur son propre sort. Le premier visité a été Triscastin en 2019, le dernier le sera en 2031. « L’ASN considère que l’ensemble des dispositions prévues (…) ouvrent la perspective d’une poursuite de fonctionnement des réacteurs de 900 MégaWatt électrique (MWe) », indique le gendarme du nucléaire.

Leur autorisation de création avait été délivrée sans limitation de durée. Mais au moment de leur conception, il avait été retenu une hypothèse de 40 ans de fonctionnement, ce qui fait de ce quatrième examen décennal un sujet « sensible, pour le public et l’exploitant » comme l’admet le patron de l’ASN.

Cet avis générique de l’ASN, avant les avis individuels sur chaque site, intervient après sept ans d’échanges avec EDF, visant à revoir le niveau de sûreté de ce modèle face aux agressions, avec actualisation des connaissances, prise en compte de nouveaux enjeux (climatiques par exemple) ou des leçons tirées d’accidents comme celui de Fukushima.

Pour l’ASN, « les dispositions prévues par EDF, complétées par les prescriptions de l’ASN, permettront (…) de rapprocher le niveau de sûreté des réacteurs de 900 MWe de celui des réacteurs les plus récents comme l’EPR », a dit jeudi à la presse le président de l’Autorité, Bernard Doroszczuk.

Un programme ambitieux

Selon l’ASN, EDF a notamment revu les scenarios d’accident, « pas complètement traités » lors de la conception, en particulier le plus sévère, la fusion du cœur. Les propositions « permettront des avancées sur trois objectifs essentiels », a décrit le patron de l’Autorité : « une plus grande robustesse des réacteurs face aux agressions (inondation, incendie, explosion) et aléas naturels (séisme, canicule, tempête) ». La sûreté de la piscine d’entreposage du combustible sera rehaussée contre les risques de découvrement, et « les risques d’accident » réduits, avec limitation des émissions, poursuit-on.

Sur le risque de fusion du cœur, « EDF a prévu un programme ambitieux permettant de renforcer les dispositifs d’évacuation de la chaleur produit par le cœur (…) Pour l’ASN, EDF doit compléter en renforçant certains murs en béton et les moyens d’injection d’eau ». L’électricien, qui devra rendre des comptes chaque année, devra commencer par les travaux prioritaires comme « la fiabilisation de la circulation de l’eau ».

Mais pour Greenpeace, cette consultation publique d’un document technique de centaines de pages « risque de n’être qu’une mascarade », alors que 13 réacteurs ont déjà dépassé 40 ans de fonctionnement. Pour l’ONG, les prescriptions de l’ASN – si elles sont bien respectées – ne permettront pas d’atteindre le niveau de sûreté requis, et prendront des années.

Ce programme annonce de fait un lourd calendrier de travaux, avec 4 à 5 réacteurs par an à gérer jusqu’en 2024. « La capacité industrielle d’EDF et des intervenants de la filière, notamment mécanique ou ingénierie, sera un facteur clé de réussite du réexamen », souligne M. Doroszczuk, en particulier pour « absorber le pic d’activité », une « charge inédite depuis 10 ans » pour l’électricien.

Par exemple, EDF estime que la capacité en mécanique (soudage, tuyauterie…) devra d’ici 2026 être multipliée par 4,5, dit-il. Et pas question de laisser « glisser » le calendrier comme pour les constructions neuves, allusion à peine voilée aux retards du chantier de l’EPR de Flamanville. « La filière nucléaire veut démontrer sa capacité, pour que soient décidés le cas échéant de grands projets nucléaires nouveaux. Ces travaux sont un bon moyen de faire la démonstration », a ajouté le président de l’ASN.

Fessenheim, la doyenne de cette série de réacteurs lancée en 1977, a été fermée cette année, pour répondre au choix de la France de réduire la part de l’atome d’environ 75% du mix électrique à 50% d’ici 2035. Douze autres réacteurs doivent fermer. Quant à la poursuite du programme nucléaire, la décision n’interviendra pas avant l’élection présidentielle de 2022.

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