Le ministre Michael Chan et l’empreinte troublante du régime chinois au Canada

22 juin 2015 10:30 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:20

 

TORONTO – Une enquête du Globe and Mail, reprenant des thèmes couverts par Epoch Times depuis des années, a récemment tracé le portrait du ministre ontarien de l’Immigration, Michael Chan, qui entretient des liens étroits avec le Parti communiste chinois (PCC).

Dans les articles fracassants du Globe, qui relatent plusieurs incidents précédemment rapportés par Epoch Times, le journaliste Craig Offman aborde le rôle de M. Chan en tant qu’entremetteur entre le Canada et la Chine et révèle que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) avait mis en garde le gouvernement ontarien à son sujet en août 2010.

Offman a découvert que M. Chan est l’un de deux ministres provinciaux auxquels l’ex-directeur du SCRS, Richard Fadden, avait fait allusion en 2010. M. Fadden avait indiqué que des ministres provinciaux étaient sous l’influence de gouvernements étrangers.

«[Ils] invitent quelqu’un à visiter la mère patrie. [Ils] paient pour son voyage et soudainement vous découvrez que lorsqu’un événement d’un intérêt particulier pour le pays X survient [ils] appellent la personne et lui demandent d’adopter un certain point de vue», avait expliqué M. Fadden à la CBC.

Les remarques de M. Fadden avaient déclenché un torrent de critiques, provenant parfois de groupes considérés comme des organisations de façade du régime chinois par les experts du renseignement.

Fadden s’est retrouvé au centre d’une tempête politique, il s’est fait traîner devant un comité parlementaire et a été forcé de se rétracter. Après avoir fait ses déclarations, les députés libéraux à Ottawa ont demandé sa démission. C’est peu après ces événements que le SCRS a approché le gouvernement ontarien pour lui faire part de ses inquiétudes concernant Michael Chan, rapporte le Globe and Mail.

Capture d'écran du site de l'agence officielle chinoise affichant une photo de Michael Chan à Pékin en 2009 à l'occasion du 60e anniversaire de la prise du pouvoir par le Parti communiste chinois. (Capture d'écran Xinhua.)
Capture d’écran du site de l’agence officielle chinoise affichant une photo de Michael Chan à Pékin en 2009 à l’occasion du 60e anniversaire de la prise du pouvoir par le Parti communiste chinois. (Capture d’écran Xinhua.)

Le cœur de Chan «avec la mère patrie»

Michael Chan est un individu controversé dans la communauté chinoise en raison de sa proximité avec le régime chinois, a souligné le Globe and Mail. Ce fait gêne ceux qui n’apprécient pas les efforts du Parti communiste d’influencer les Canadiens d’origine chinoise.

Chan est un partisan invétéré du régime. Ses déclarations ont d’abord été rapportées par Epoch Times et ont été confirmées et développées dans le reportage de Craig Offman par la suite.

En 2009, en Chine, à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire de la prise du pouvoir par le Parti communiste chinois, l’agence officielle Xinhua a rapporté les propos de M. Chan: «La mère patrie est éminente […] la mère patrie est forte […] les cœurs chinois à l’étranger sont avec la mère patrie. Nous sommes fiers du développement de la mère patrie.»

Offman a révélé d’autres passages de ce discours, rapportant que M. Chan a dit: «Aujourd’hui, en voyant ce défilé tellement précis de l’armée et la bonne humeur des gens, je suis encore plus ému par la force et la puissance de ma mère patrie.»

Chan n’a jamais nié à Epoch Times avoir prononcé ces mots, mais il l’a nié au Globe and Mail, qui a donc interviewé le journaliste de Xinhua qui a rapporté les propos. Le journaliste de l’agence officielle ne s’est pas rétracté.

Les liens étroits entre M. Chan et le régime sont source d’inquiétude pour certains Canadiens, notamment les militants pour la démocratie, a rapporté M. Offman.

Epoch Times s’est entretenu avec d’autres critiques du régime qui sont perturbés par les liens du ministre ontarien. Au cœur du problème, on retrouve les efforts considérables du régime chinois pour faire taire les citoyens canadiens qui critiquent ou révèlent ses violations des droits de la personne, notamment par des menaces envers les membres de la famille toujours en Chine. Anastasia Lin, récemment couronnée Miss Canada Monde, l’a découvert elle-même lorsque son père en Chine a été menacé en raison du travail de Mme Lin pour promouvoir les droits de la personne.

L’influence de Pékin au Canada

Entre-temps, le régime dépense aussi beaucoup d’énergie pour influencer le gouvernement canadien par l’entremise d’alliés qui peuvent promouvoir ses intérêts et étendre son influence.

Parmi ces efforts, on retrouve la propagation des Instituts Confucius, des écoles de langue et de culture chinoises utilisées par Pékin pour modeler la perception de la Chine qu’ont les étrangers. Selon l’ex-président de la commission scolaire de Toronto, Chris Bolton, Michael Chan avait joué un rôle important pour faire implanter les instituts dans la commission scolaire, une initiative qui a plus tard été abandonnée.

Les Instituts Confucius ont une politique officielle de discrimination envers les groupes ciblés par le Parti communiste et ils incitent leurs étudiants à propager le point de vue du régime sur certains sujets comme le Tibet. Richard Fadden avait également fait part de ses inquiétudes concernant les instituts.

En plus de soutenir les instituts, M. Chan avait embauché Wilson Chan et Michael Huang, deux hommes qui ont déjà fait l’objet de reportages d’Epoch Times.

Wilson Chan est l’ex-rédacteur en chef de Sing Tao, un quotidien de langue chinoise dont les activités canadiennes appartiennent en partie au Toronto Star. M. Chan a été congédié après qu’Epoch Times a révélé que Sing Tao avait modifié un article traduit du Toronto Star pour refléter la perspective du Parti communiste chinois sur le Tibet et les manifestations contre les Jeux olympiques de Pékin en 2008.

La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, a exprimé son soutien entier à Michael Chan. (Jason Merritt/Getty Images)
La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, a exprimé son soutien entier à Michael Chan. (Jason Merritt/Getty Images)

Wilson Chan a par la suite été embauché par Michael Chan comme conseiller en communication avant de devenir attaché de presse pour les médias ethniques au sein du bureau de la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne. Epoch Times a souvent rapporté sur l’influence du régime chinois sur les médias chinois à l’étranger et sur la manière dont ces médias diffusent la propagande du régime au Canada.

Michael Huang, tel que rapporté précédemment par Epoch Times, était un conseiller des politiques au sein du bureau de l’ex-ministre ontarien de la Citoyenneté et de l’Immigration, Michael Colle, peu après avoir siégé sur le conseil d’administration de la Chinese Professionals Association of Canada (CPAC), une autre organisation proche de Pékin.

Colle a octroyé 250 000 dollars de subventions à l’organisation qui n’en avait pas fait la demande formelle. La CPAC est membre du National Congress of Chinese Canadians (NCCC), un groupe reconnu pour sa défense des intérêts du Parti communiste chinois au Canada.

Le transfuge Chen Yonglin, anciennement premier secrétaire au consulat chinois à Sydney, Australie, a confirmé, après avoir fait défection en 2005, que le NCCC et ses homologues dans d’autres pays se retrouvent en haut de la pyramide des groupes établis par les missions diplomatiques chinoises au Canada dans le but de contrôler et d’influencer la communauté chinoise et le gouvernement canadien.

Craig Offman du Globe a souligné les reportages d’Epoch Times concernant le militantisme de M. Huang en faveur des intérêts de Pékin. M. Huang travaille actuellement dans le bureau de circonscription de Michael Chan.

Mauvais ménage

Plus récemment, Michael Chan a pris sous son aile les candidats d’origine chinoise du Parti libéral fédéral. Ces efforts ne rassurent pas du tout les militants chinois prodémocratie au Canada.

Pendant ce temps, M. Offman fait remarquer que la Chine demeure sous la poigne d’un régime autoritaire qui «terrorise et torture ses ennemis politiques, les groupes religieux et les minorités ethniques. Son espionnage contre ses partenaires commerciaux est de plus en plus flagrant. Rien de tout cela ne fait bon ménage avec les valeurs canadiennes d’application régulière de la loi, de démocratie et d’accommodement».

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L’article du Globe a souligné les prouesses de M. Chan pour collecter des fonds pour son parti, obtenant souvent l’appui de libéraux fédéraux importants comme l’ex-premier ministre Jean Chrétien. M. Chan a gagné cette réputation avant d’entrer en politique.

Chan est un visage chinois important pour les libéraux ontariens. Il a balayé sa première élection dans Markham, une communauté maintenant à 50% chinoise, et il est immédiatement devenu ministre du Revenu, ensuite ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration. Il continue d’être une vedette en matière de collecte de fonds, rapporte M. Offman.

Lorsque questionné au sujet du dossier des droits de la personne de la Chine, M. Chan a dit au Globe que le pays laissait maintenant ses citoyens voyager à l’étranger, une liberté autrefois inimaginable selon lui.

Chan nie vigoureusement tout écart de conduite et le député libéral fédéral John McCallum a comparé l’enquête visant Chan au maccarthysme. M. Chan a déclaré à M. Offman qu’il n’avait rien à cacher au SCRS ni à personne. Il a le soutien de la chef de son parti et première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne.

À la suite de la publication de l’enquête du Globe, M. Chan a publié une lettre ouverte dénonçant les articles comme un «réchauffé d’allégations absurdes».

Version originale: Michael Chan and the Troubling Thumbprint of the Chinese Communist Party in Canada

 

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