Le pape affirme que les transsexuels peuvent recevoir le baptême et être parrain ou marraine de baptême

Une lettre du pape François fournit des lignes directrices sur l'acceptation des LGBT selon la loi de l'Église. Un prêtre américain s'attend à ce qu'il en résulte des problèmes « compliqués » pour les catholiques.

Par Jackson Elliott
1 décembre 2023 17:20 Mis à jour: 1 décembre 2023 17:20

Dans une lettre adressée en novembre à l’évêque brésilien José Negri, le pape François a défini des règles relatives à l’engagement des transgenres et des LGBT dans l’Église catholique.

L’évêque Negri avait posé au pontife plusieurs questions quant à la manière dont l’Église devrait répondre aux personnes transgenres et homosexuelles.

En vertu des nouvelles règles de l’Église clarifiées par le pape, certains catholiques transsexuels peuvent recevoir le baptême, devenir parrains d’enfants et servir de témoins lors de mariages.

Bien que la lettre du 3 novembre utilise le mot « transsexuel » dans l’original italien, la lettre, une fois traduite en anglais, utilise le mot « transgenre » dans son titre, selon le révérend Brown, un prêtre catholique formé au droit ecclésiastique.

Le père Brown, qui porte un pseudonyme, a accepté de parler à Epoch Times sous le couvert de l’anonymat, pour pouvoir s’exprimer plus librement, a-t-il expliqué. Epoch Times a vérifié sa position au sein de l’église.

Conséquences pour les conservateurs

Ces dernières années, les autorités ecclésiastiques ont licencié des membres du clergé conservateurs qui s’opposaient ouvertement à l’idéologie libérale.

Récemment, le pape a démis de ses fonctions l’évêque de Tyler, au Texas, Joseph Strickland. Cet évêque conservateur s’était prononcé contre l’accueil par le pape des personnes LGBT dans l’Église.

L’évêque a également refusé de cesser de célébrer la messe catholique en latin lorsque le pape a ordonné des restrictions à ce sujet. Il a également critiqué le débat à huis clos mené par le pape sur la place des femmes dans la gouvernance de l’Église.

Le pape a également sanctionné récemment le cardinal conservateur Raymond Burke, en lui retirant son droit à un appartement subventionné au Vatican et à un salaire. Le pape François a expliqué aux hauts fonctionnaires du Vatican qu’il avait pris cette décision considérant que le cardinal Burke représentait une source de « désunion » au sein de l’Église.

Le pape, âgé de 86 ans, a la réputation d’admirer les politiques progressistes. Il a signé des pétitions en faveur du changement climatique et a qualifié de « rétrogrades » les conservateurs qui s’opposaient à ses positions politiques.

En novembre, le pontife a accueilli plus de 150 hommes s’identifiant comme des femmes lors d’un déjeuner dans l’auditorium du Vatican, organisé pour la journée mondiale des pauvres. De nombreux membres du groupe d’invités qui s’identifient comme transgenres travaillent comme prostitués.

Le pape leur a déjà tendu la main par le passé.

Lorsque les confinements imposés par la pandémie ont mis un terme au commerce du sexe, le pape François a invité les prostituées transgenres à assister à ses audiences générales hebdomadaires et leur a offert de l’argent, des médicaments, du shampoing et des vaccins.

Les politiques décrites dans la récente lettre du pape à l’évêque prennent des mesures pour soutenir davantage la communauté LGBT.

Mais elles ne modifient pas les règles de l’Église, a souligné le père Brown. Au contraire, la lettre du pape clarifie les modalités permettant aux prêtres de gérer leurs domaines de responsabilité dans le respect des règles ecclésiastiques existantes.

« Les règles et les lois de l’Église prévoient certaines lignes directrices à suivre pour ceux qui exercent une fonction au sein de l’Église ou jouent un rôle, ou même pour ceux qui reçoivent un sacrement », a expliqué le père Brown. « Mais elles sont rédigées de telle sorte qu’une marge d’interprétation soit laissée pour ne pas être trop restrictives. »

La lettre du pape indique aux prêtres que, dans le cadre de la loi telle qu’elle est actuellement rédigée, il y a de la place pour le baptême transgenre, les parrains transgenres et les témoins de mariage transgenres.

Mais ces clarifications s’accompagnent de mises en garde.

Le pape François s’exprime lors de l’audience générale hebdomadaire sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 5 avril 2023. (Filippo Monteforte/AFP via Getty Images)

Les catholiques transgenres ne peuvent être baptisés que lorsqu’il n’y a pas de « scandale public », et ils ne peuvent devenir parrains que sous « certaines conditions ».

Les personnes attirées par le même sexe peuvent faire baptiser leurs enfants s’il y a un « espoir fondé » que les enfants soient élevés dans la foi catholique. Les couples de même sexe peuvent également être parrains et marraines, mais ces situations doivent être « judicieusement considérées ».

La lettre du pape apporte un soutien inconditionnel aux personnes s’identifiant comme transgenres ou homosexuelles qui souhaitent servir de témoins pour le sacrement du mariage dans l’Église.

Mais dans le cas des parrains et marraines, les personnes transgenres ne devraient pas être autorisées à jouer ce rôle « s’il existe un risque de scandale, de légitimation indue ou de désorientation dans la sphère éducative de la communauté ecclésiale », a écrit le pape dans sa lettre.

La « compassion » avant la politique

Les termes de la lettre du pape relèvent d’un esprit de « compassion », a déclaré le père Brown.

« Il essaie de transcender cette question pour s’occuper réellement des personnes qui font l’objet d’un débat politique », a-t-il ajouté à propos de la position du pape sur les questions relatives aux LGBT au sein de l’Église.

« Il ne s’agit pas simplement de groupes de personnes étendus, vastes, sans nom et sans visage. Ce sont des personnes avec une histoire, un avenir, une âme, un corps, un esprit et un cœur, dont Dieu exige que nous nous occupions d’une manière ou d’une autre. »

La formulation prudente de la lettre s’explique ainsi, a souligné le père Brown.

En ce qui concerne le baptême, le pape a écrit : « Un transsexuel — qui a également subi un traitement hormonal et une opération de changement de sexe — peut recevoir le baptême, dans les mêmes conditions que les autres croyants, si aucune situation ne risque de provoquer un scandale public ou une désorientation des fidèles ».

Il a écrit : « Le baptême peut être donné à des enfants ou à des adolescents présentant des problèmes de transsexualité, s’ils sont bien préparés et s’ils le désirent. »

Pour les catholiques, le baptême signifie l’initiation à l’Église et le pardon des péchés du baptisé, selon le catéchisme catholique.

Cependant, la lettre du pape nuance son approbation du baptême des transsexuels en disant que même ce sacrement — sans se détourner du péché — n’apporte pas le pardon de Dieu.

Le vrai repentir est la clé, a indiqué le père Brown.

Décisions locales sur le transgenrisme

Le libellé de la lettre confère aux prêtres locaux le pouvoir de décision quant à la manière de traiter les problèmes au sein de leur propre congrégation, a souligné le père Brown.

La notion de « scandale public » est rare lorsqu’il s’agit de déterminer s’il est approprié d’administrer un sacrement, tel que le baptême. Et la question de savoir si quelque chose relève du « scandale » dépend en grande partie de la culture locale.

« Ce qui est scandaleux dans un quartier ou une paroisse peut être tout à fait normal dans une autre paroisse », a-t-il ajouté. « Le risque existe que, mal interprété et mal appliqué, tout cela conduise à une certaine relativisation quant à la dispensation ou à l’administration des sacrements. »

Il est probable que la lettre du pape implique que dans des endroits largement libéraux, comme New York ou San Francisco, les prêtres baptiseront désormais des personnes s’identifiant comme transsexuelles.

Mais dans les pays conservateurs, comme le Kenya, les prêtres n’autoriseront probablement pas le baptême des personnes transgenres, car, dans cette culture, une telle initiative pourrait provoquer un « scandale », comme le pape l’a signalé dans sa lettre.

Le pape semble vouloir cette divergence de politique, même si François a condamné l’idéologie radicale du genre dans le passé.

Le pape a écrit en 2015 que les hommes et les femmes doivent accepter la manière dont Dieu les a créés en tant qu’hommes et femmes.

« Nous sommes appelés à protéger notre humanité, ce qui signifie, en premier lieu, l’accepter et la respecter telle qu’elle a été créée. »

Le pape François préside la messe du Vendredi saint à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 7 avril 2023. (Tiziana Fabi/AFP via Getty Images)

Néanmoins, le père Brown a rappelé qu’en ce qui concerne les personnes LGBT, le pape « les aime toutes et s’occupe d’elles de toutes les manières possibles. Et il ne les laisse pas se faire déshumaniser par la machine politique ».

Un ami proche du pape aurait confié à l’abbé Brown que François était « profondément préoccupé par le transgenrisme et ce qu’il appelait la ‘théorie du genre' ».

Clarification de l’éligibilité des parrains

Pour les catholiques, un parrain ou une marraine est un adulte choisi par les parents d’un enfant à baptiser pour aider à guider l’enfant dans la foi religieuse. Ces personnes doivent être catholiques et mener une « vie de foi », conformément à la loi religieuse catholique.

La lettre du pape rappelle que toute personne menant « une vie conforme à la foi » peut être parrain ou marraine.

Mais, a écrit le souverain pontife, « le cas est différent » pour deux personnes attirées par le même sexe qui vivent ensemble dans une relation de type matrimonial.

La lettre ne précise pas exactement en quoi les choses seront différentes pour les couples de même sexe. Le pape déclare dans la lettre qu’il est « nécessaire de considérer la valeur réelle que la communauté ecclésiale donne aux tâches de parrain et de marraine ».

Selon le Conseil des évêques catholiques des États-Unis, le droit catholique considère que les actes homosexuels sont moralement répréhensibles.

(Rob Carr/Getty Images)

Epoch Times a contacté le Vatican mais n’a reçu aucun commentaire à l’heure de la publication.

Dans toutes ces clarifications de règles, le pape semble guidé par le souci des individus plutôt que par le désir d’adopter une ligne dure face aux batailles politiques, a déclaré le père Brown.

« Nous sommes une Église appelée par le Christ — par Dieu lui-même — à prendre soin des gens, et nous devons y réfléchir », a-t-il ajouté. « Cela va être compliqué. »

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