Le PCC lance une nouvelle campagne de propagande contre le Falun Gong, des dizaines de millions de personnes ciblées

L'économie chinoise ralentit et le mécontentement grandit. Cette campagne cherche à réduire les Chinois au silence, selon un expert.

Par Dorothy Li
10 février 2024 00:46 Mis à jour: 15 avril 2024 12:53

Selon un rapport, Pékin utilise la police, les fonctionnaires de quartier et les enseignants pour lancer une nouvelle campagne de propagande calomniant le Falun Gong et recueillant des signatures pour soutenir la répression de ce groupe religieux.

Des dizaines de millions de Chinois ont lu la propagande et signé la pétition, souvent sous la pression des autorités, indique le rapport publié par le Centre d’information sur le Falun Dafa, une organisation à but non lucratif. La campagne de signatures, qui utilise le réseau de la très populaire application WeChat, s’inscrit dans le cadre des efforts considérables déployés par le Parti communiste chinois (PCC) pour s’assurer le soutien du public dans la persécution du Falun Gong, alors qu’il renforce son contrôle idéologique sur la société civile.

« Nous savons, d’après les discours publics de ces dernières années, que la croisade du PCC visant à ‘réprimer sévèrement’ le Falun Gong reste une priorité absolue pour l’appareil de sécurité, et cette campagne est clairement une tentative orwellienne d’y parvenir », a déclaré le directeur exécutif du Centre d’information sur le Falun Dafa (CIFD), dans un communiqué de presse.

Propagande

Le Falun Gong est une ancienne pratique spirituelle qui repose sur des exercices de méditation lents et sur des enseignements moraux centrés sur les principes de vérité, compassion et tolérance. En juin 1999, le secrétaire général du PCC de l’époque, Jiang Zemin, a lancé une campagne d’élimination. Un mois plus tard, l’ensemble de l’appareil de sécurité du pays a commencé à arrêter et à emprisonner les pratiquants, et la propagande d’État à tous les niveaux a lancé une campagne de diabolisation des disciples en les qualifiant de dangereux fanatiques.

La pétition en ligne « Dites non aux hérétiques », comme les autorités chinoises l’ont baptisée, demande aux internautes de lire des articles et de regarder des photos diabolisant 25 groupes spirituels et religions interdits avant de la signer, mais, selon le rapport, l’accent est mis sur le Falun Gong. La page web fournit également une liste de recommandations qui aident les autorités à cibler ces groupes religieux, comme rejeter les documents distribués par ses membres, et dénoncer à la police les amis et les parents qui pratiquent le Falun Gong.

Le rapport décrit cette campagne comme le plus grand effort de collecte de signatures depuis 2017, lorsque le Bureau 610, une agence disposant d’un pouvoir élevé, conçue pour éradiquer le Falun Gong, a mis en place un site web, et des comptes publics sur les principales plateformes de médias sociaux, consacrés à la promotion de cette propagande calomniant le Falun Gong et d’autres groupes confessionnels ciblés par les autorités.

Le dernier projet en date a été lancé en avril 2023 sur le compte WeChat officiel de l’Association chinoise anti-sectes (ACAS), une organisation sociale étroitement liée au PCC. Selon les services municipaux de sécurité publique, le projet a été introduit par le Comité des affaires politiques et juridiques, un organe du Parti qui supervise la police, les procureurs et les juges et qui se trouve en première ligne dans la mise en oeuvre de la persécution du Falun Gong.

Pression pour signer

Les autorités chinoises ont affirmé qu’en mai 2022, plus de 270 millions de personnes avaient signé la pétition en ligne.

Mais ces chiffres sont en grande partie imputables au parti, qui a ordonné à la police d’intervenir dans toutes les provinces du pays pour s’assurer que la campagne de propagande attire l’attention du plus grand nombre possible de citoyens.

Selon une analyse des rapports et des photos des gouvernements locaux réalisée par le CIFD, des policiers en uniforme se tiennent à côté des habitants dans les épiceries, les magasins de chaussures, les cafés et les gares et présentent un code-barres pour la campagne en attendant que les habitants signent. « Dans des circonstances aussi intimidantes, il devient presque impossible pour un citoyen de refuser de signer, quelle que soit son opinion réelle sur le Falun Gong et la liberté de religion », souligne le rapport.

Les comités de quartier, omniprésents dans tout le pays, sont en première ligne pour mettre en œuvre l’ordonnance. Par exemple, dans la ville de Jinzhou, au nord, et dans la ville de Guangzhou, à l’est, des comités de quartier ont installé des stands devant des épiceries, des parcs et des places publiques pour distribuer des tracts et solliciter des signatures.

Selon le rapport, la campagne semble viser tout particulièrement les élèves des écoles primaires, collèges et lycées. Des chercheurs ont identifié des milliers d’établissements scolaires à travers le pays qui ont mis en œuvre ce projet de signature.

Dans une interview accordée à Epoch Times, un père de famille, qui a refusé d’être nommé pour des raisons de sécurité, a affirmé avoir reçu le lien de la pétition via le groupe de ‘tchat’ de l’école de ses enfants.

« Vous ne pouvez pas dire que ce n’est pas obligatoire », a poursuivi l’homme à propos de la signature de la pétition. « De nombreux parents craignent que leurs enfants soient punis si leurs opinions ne sont pas conformes aux positions du PCC. »

Certains parents l’ont signée sans savoir ce qu’était le Falun Gong, tandis que d’autres ont simplement suivi ce que les enseignants leur demandaient de faire, a expliqué le père de famille. « Il y a tellement de campagnes de signatures organisées par les administrateurs scolaires. Les parents sont désormais insensibles à ce genre de choses. »

Les utilisateurs des médias sociaux se sont également plaints des pressions exercées sur les enseignants pour qu’ils recueillent des signatures.

« Les enseignants subissent les foudres des deux côtés », a écrit un utilisateur de Weibo, qui a affirmé qu’un membre de sa famille était enseignant et a énuméré plus d’une douzaine de campagnes de signatures, allant du rejet des drogues au dernier projet, assignées aux enseignants par les administrateurs en l’espace d’un trimestre scolaire. « Les parents pensent que les enseignants se sont mêlés de trop de choses, de sorte qu’ils doivent s’expliquer avec eux. Les responsables seraient mécontents s’ils constataient que les enseignants n’avaient pas recueilli les signatures » de tous les élèves.

Coup de pub

Selon Wu Te, un commentateur chinois indépendant, les fonctionnaires du régime considèrent la campagne de pétition non seulement comme un outil permettant de réduire au silence ces groupes religieux, mais également de faire taire l’opinion publique.

« Aujourd’hui, alors que l’économie chinoise connaît un ralentissement et que le mécontentement de la population s’accroît, de plus en plus de Chinois sont prêts à dénoncer la situation des droits de l’homme dans le pays et à parler aux médias étrangers », a-t-il confié à Epoch Times.

Selon M. Wu, la pression financière est venue s’ajouter à la motivation des autorités pour lancer la campagne. « Des organisations comme l’ACAS ou le Bureau 610 n’apportent aucun bénéfice à la société. En fait, elles ne font qu’accroître la pression sur les finances de l’État. Alors que même les municipalités locales ont du mal à payer leur personnel, ces organisations doivent se servir d’une campagne de signatures comme d’un coup de publicité pour obtenir des fonds. »

Des pratiquants du Falun Gong participent à un défilé marquant le 22e anniversaire du début de la persécution du Falun Gong par le régime chinois, à Washington, le 16 juillet 2021. (Samira Bouaou/Epoch Times)

L’importance de la résistance populaire

Le PCC a poursuivi la persécution du Falun Gong alors que commence sa 25e année. Il n’a jamais modifié sa « ligne dure » à l’égard de ce groupe religieux, comme en témoignent les arrestations et les condamnations en cours. Pour la seule année 2023, les tribunaux chinois ont condamné 755 personnes à des peines de prison ou à d’autres sanctions pour avoir pratiqué le Falun Gong, soit près de sept fois plus que l’année précédente, selon les données recueillies par Minghui, un site web consacré au Falun Gong. De nombreuses personnes ont été condamnées à de lourdes peines.

Sous la direction de Xi Jinping, l’actuel dirigeant chinois, le régime n’a fait qu’augmenter ses exactions. Le CIFD a constaté que la persécution du Falun Gong était devenue une priorité majeure pour l’appareil de sécurité du PCC comparativement aux années précédentes.

Un nombre incalculable de pratiquants sont morts sous la torture et les mauvais traitements pour avoir refusé de renoncer à leur foi, et beaucoup d’autres sont encore détenus dans les vastes centres de détention du pays. Minghui a confirmé la mort de plus de 200 pratiquants l’année dernière, dont des dizaines qui n’avaient pas été signalés en 2022. Le nombre réel de décès est probablement beaucoup plus élevé, note le site web, compte tenu de la censure stricte du régime à l’égard des informations qui s’y rapportent.

Pourtant, la menace d’arrestation, de détention ou même de prélèvement forcé d’organes n’a pas fait taire les voix des pratiquants du Falun Gong en Chine. Depuis de nombreuses années, les pratiquants du Falun Gong en Chine ont mis en place une résistance populaire considérable pour démentir la propagande du PCC et dénoncer la persécution de cette pratique spirituelle ainsi que la nature tyrannique du PCC, indique le CIFD. Cette résistance pacifique comprend la distribution de documents d’information et par des échanges directs avec les Chinois.

« Le contenu et les caractéristiques de la dernière campagne de pétition du régime semblent indirectement reconnaître la puissance et l’efficacité des efforts de sensibilisation du public déployés par les pratiquants du Falun Gong », a conclu le rapport.

Luo Ya a collaboré à la rédaction de cet article.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.