Le PCC échangerait la prospérité de la Chine contre une hégémonie géopolitique mondiale, selon un expert de l’industrie des télécommunications

La richesse de la Chine n'est qu'un « moyen d'arriver à ses fins », selon un expert

Par Venus Upadhayaya et Tiffany Meier
21 mars 2023 15:55 Mis à jour: 21 mars 2023 15:55

Dans sa quête d’hégémonie mondiale, le Parti communiste chinois (PCC) n’hésitera pas à mettre en péril les richesses accumulées par le peuple chinois au cours des dernières décennies, selon Jon Pelson, ancien responsable de la convergence chez British Telecom et auteur du livre « Wireless Wars » ( « La guerre du ‘sans-fil’ » ).

« Xi Jinping renoncerait à la richesse et au niveau de vie de son pays pour les échanger contre un contrôle géopolitique sur le reste du monde. S’il le pouvait, il exporterait son collectivisme qu’il présente comme la voie à suivre pour le reste du monde », a déclaré M. Pelson lors d’une interview accordée à l’émission « Regard sur la Chine » de NTD le 9 mars.

Le régime du PCC a fixé son objectif de produit intérieur brut (PIB) pour 2023 à son niveau le plus bas depuis des années lors de ses deux réunions annuelles qui se sont déroulées courant mars.

Ces réunions rassemblent le Congrès national du peuple (CNP), le Parlement chinois, et la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), un organe consultatif politique. Lors de ces sessions, l’objectif de croissance économique de la Chine a été fixé à environ 5 %, ce qui est inférieur à ce que les observateurs extérieurs à la Chine avaient prévu.

Selon M. Pelson, dans un ordre international libéral fondé sur des règles, chaque pays tente d’accroître ses richesses et d’élever son niveau de vie. Le but étant d’atteindre divers indicateurs de développement, tels que la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration des soins de santé et l’amélioration de l’éducation. Cependant, le Parti communiste chinois ne cultive pas une vision libérale du monde.

« C’est un jeu d’hégémonie, ils recherchent le pouvoir et l’influence géopolitiques. Je ne veux pas dire qu’ils ne se soucient pas de la richesse du pays – c’est un outil utile. Mais c’est un moyen de parvenir à leur fin », a affirmé M. Pelson.

Selon lui, même si certaines personnes décrient la mondialisation et le commerce mondial, il s’agit d’une institution importante, car elle favorise la coopération et les interdépendances, contribuant ainsi à prévenir les guerres. L’agenda géopolitique du PCC explique l’agressivité croissante de la Chine et son mépris pour les normes de paix internationales.

« Si vos interdépendances se développent avec d’autres pays, vous avez moins de chances d’entrer en guerre. Vous n’allez pas bombarder une usine qui fabrique l’insuline de votre propre pays. Vous n’allez pas faire exploser une aciérie, si c’est là que vous fabriquez vos navires. C’est ainsi que l’on crée la paix entre les pays », a déclaré M. Pelson.

Le dirigeant chinois Xi Jinping (au centre, au pied de l’escalier) assiste à l’ouverture de la première session du 14e Congrès national du peuple au Grand Hall du peuple à Pékin, le 5 mars 2023. (Lintao Zhang/Getty Images)

Des investisseurs désabusés

Alors que le rythme de la croissance économique chinoise continue de ralentir, le régime a annoncé cette semaine une augmentation de 7 % de ses dépenses militaires, les deuxièmes plus élevées en cinq ans. Les portefeuilles économiques les plus importants sont également attribués à des cadres fidèles au chef du PCC, Xi Jinping, mais qui ont peu d’expérience à l’étranger. Ils remplacent une génération plus âgée, considérée comme réformiste par l’Occident.

Selon M. Pelson, toutes ces évolutions suscitent une méfiance croissante des investisseurs étrangers à l’égard de la Chine, et de nombreuses entreprises ne souhaitent pas poursuivre leurs activités dans ce pays.

Selon lui, les régulateurs chinois ne sont pas en mesure d’offrir la prévisibilité dont les investisseurs ont besoin et, surtout, la transparence qu’ils exigent en ce qui concerne les décisions des régulateurs.

« Même s’ils sont censés garder un œil sur les investisseurs et les entreprises qui travaillent sur leurs marchés, les régulateurs doivent également être sensibles aux exigences, aux besoins et aux attentes de ces acteurs, sous peine de nuire à leurs propres marchés », a déclaré M. Pelson.

Dans une société libre, les régulateurs ont un degré élevé de responsabilité, a-t-il ajouté.

« En Chine, vous avez des dirigeants gouvernementaux — je ne veux pas les appeler des leaders, mais vous avez des dirigeants qui ne sont pas habitués à l’idée que, s’ils font une erreur, ils peuvent se retrouver à la rue. Et que leurs propres citoyens, leurs propres entreprises et leurs propres investisseurs pourraient leur montrer la porte », a expliqué M. Pelson.

« L’idée de se préoccuper de savoir s’ils causent des dommages et s’ils en subissent les conséquences leur est donc étrangère. Et c’est ce que l’on constate dans certaines des décisions prises actuellement par ce cercle restreint ».

Vue aérienne de conteneurs empilés dans le port en eau profonde de Yangshan à Shanghai, en Chine, le 19 mai 2021. (Shen Chunchen/VCG via Getty Images)

Les investissements s’envolent

2022 a été la deuxième pire année pour l’économie chinoise depuis au moins les années 1970 — son taux de croissance du PIB a continué à baisser trimestre après trimestre depuis 2010, passant de 12,2 % au premier trimestre 2010 à 6 % au quatrième trimestre 2019.

De 2021 à 2023, le « Rapport sur le travail du gouvernement » publié par le PCC a fixé des objectifs de taux de croissance économique progressivement réduits à 6 %, 5,5 % et 5 %, respectivement.

Selon M. Pelson, la conséquence est que les investissements sont de plus en plus susceptibles de se retirer de la Chine et de se déplacer vers d’autres pays tels que l’Inde, le Vietnam et les Philippines.

« L’Inde s’éveille enfin à cette opportunité. Ce pays est plus peuplé que la Chine. Sa population est éduquée et anglophone, ce qui n’est peut-être pas important pour tout le monde, mais qui l’est certainement pour les investisseurs américains. Et l’anglais reste vraiment la langue des affaires dans le monde », a-t-il déclaré.

Beaucoup d’Indiens n’ont pas encore accédé à la classe moyenne de ce pays démocratique et veulent travailler dans l’électronique, les usines d’assemblage ou les industries – des opportunités qui sont plus étroitement associées aux premières étapes de l’industrialisation moderne, selon M. Pelson.

« Bien sûr, il y a le Vietnam, qui est impatient de s’engager dans cette voie, et les Philippines. Et pour la plupart, ce sont des pays qui n’ont pas de relations étroites avec la Chine. Je pense qu’ils n’aimeraient rien de plus que de commencer à retirer une partie de ce qu’ils ont dans leur assiette et à la mettre dans la leur », a-t-il déclaré.

Avec la collaboration d’Alex Wu

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