Le PCF sort-il renforcé des élections sénatoriales?

Par Julian Herrero
26 septembre 2023 16:30 Mis à jour: 26 septembre 2023 16:30

Les résultats des élections sénatoriales sont tombés ce dimanche 24 septembre. S’ils ont été marqués par le retour du parti à la flamme avec l’élection de trois sénateurs, de l’autre côté de l’échiquier politique, on note une consolidation, voire un renforcement du groupe communiste. À l’inverse, La France insoumise est sortie affaiblie de cette échéance électorale. Aucun candidat du parti de Jean-Luc Mélenchon n’a été élu. La stratégie de Fabien Roussel consistant à se démarquer de ses alliés de la Nupes, notamment de LFI commence-t-elle à porter ses fruits ?

Les communistes regagnent des sièges à la chambre haute  

Performance remarquée pour le groupe CRCE (communiste, républicain, citoyen et écologiste) de la chambre haute. Et l’enjeu était de taille ce dimanche 24 septembre puisque les trois quarts des sièges des sénateurs CRCE (11 sièges sur 15) étaient renouvelables. Non seulement, le Parti communiste a su maintenir son groupe — 10 élus sont nécessaires au Sénat pour former un groupe contre 15 à l’Assemblée nationale — mais a également remporté deux sièges, le groupe CRCE passant de 15 à 17 sièges. Parmi les sénateurs réélus, on compte notamment Pierre Ouzoulias (Hauts-de-Seine), Pascal Salvodelli (Val-de-Marne), Michelle Greaume (Nord), le directeur du journal L’Humanité Fabien Gay (Seine-Saint-Denis) et Cécile Cukierman (Loire). Du côté des deux nouveaux élus grossissant les rangs communistes à la chambre haute, on trouve la conseillère départementale de Meurthe-et-Moselle, Silvana Silvani et la candidate divers gauche à l’île de la Réunion, Evelyne Corbière Naminzo.

L’état-major du PCF s’est félicité de ses résultats. « Certains prédisaient la disparation des communistes au Sénat. Non seulement nous nous maintenons, mais nous progressons. Un appui pour défendre le pouvoir d’achat, la juste rémunération du travail, le service public » a publié sur X (ex Twitter) le porte-parole du PCF Ian Brossat.

Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a quant à lui salué sur le même réseau social, un « groupe CRCE d’ores et déjà renforcé » et le « deuxième groupe de gauche au Sénat ».

La France insoumise affaiblie par ces élections

Ce renforcement des communistes au Sénat s’est fait au détriment du parti de Jean-Luc Mélenchon. La France insoumise, arrivée troisième lors de l’élection présidentielle de 2022, n’a remporté aucun siège. Un accord conclu entre le PS, le PCF et les écologistes dans une quinzaine de départements, excluant les insoumis, a en partie empêché LFI d’accéder au Sénat. Dans un communiqué publié ce lundi 25 septembre, le mouvement d’extrême-gauche a fustigé « un refus de l’union autour de la Nupes » qui « aura coûté à la gauche près de 10 sièges ».

« Le choix de division fait par les socialistes, écologistes et communistes et l’éparpillement des listes coûtent aux composantes de la NUPES une demi-douzaine de sièges et aident à la progression de l’extrême droite au Sénat » est-il également écrit.

Les premiers résultats de la stratégie de Fabien Roussel ?

L’accord entre le PCF, EELV et le PS dans plusieurs départements a très certainement contribué aux résultats obtenus par les communistes ce dimanche 24 septembre. Mais derrière le rôle qu’a joué cet accord, ces résultats ne sont-ils pas aussi le résultat d’une nouvelle stratégie de son secrétaire national Fabien Roussel ?

L’actuel secrétaire national du PCF a su remonter la pente de son piètre score de la présidentielle de 2022 (2,28 %) et faire entendre ses idées.

Des idées exprimées depuis un an en s’opposant à la doxa insoumise à travers des « coups de gueules » contre la « gauche des allocs », pour « la bonne viande » et pour « l’ordre et la sécurité ».

Fabien Roussel tente ainsi de s’adresser à l’ensemble des classes populaires et notamment celles qui ont rejoint le Rassemblement national.

En soi, cette stratégie avait déjà commencé à payer. Un sondage de l’institut Elabe sorti cet été indique que le chef du PCF est devenu la personnalité préférée des sympathisants de gauche. Selon l’étude, Fabien Roussel recueille 52 % d’opinions positives, 3 points devant Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin (49 %). Donnée intéressante, il recueille même 58 % d’opinions favorables chez les sympathisants LFI.

Plus récemment, dans une enquête réalisée par Harris Interactive sur les intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2027, le leader communiste triple presque son score de 2022, passant de 2,28 % à 6 %.

S’il est probablement trop tôt pour en tirer des conclusions, le retour progressif du PCF dans l’arène politique se confirme. Le face à face entre Fabien Roussel et François Ruffin se prépare.

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