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Le président sud coréen Lee espère que Donald Trump pourra relancer le dialogue avec Kim Jong un
Le président sud coréen Lee Jae myung a estimé que Pyongyang semblait accorder plus de poids aux positions de Washington qu’à celles émanant de Séoul.

Le président américain Donald Trump (g.) et le président sud coréen Lee Jae myung à Gyeongju, en Corée du Sud, le 29 octobre 2025.
Photo: Andrew Caballero Reynolds / AFP via Getty Images
Le président sud‑coréen Lee Jae‑myung a déclaré, le 3 décembre, qu’il gardait l’espoir que le président américain Donald Trump puisse convaincre le dirigeant nord‑coréen Kim Jong‑un de reprendre le dialogue. Lors d’une conférence de presse avec des médias étrangers, organisée à l’occasion de l’anniversaire de la crise liée à la loi martiale, M. Lee a expliqué que Pyongyang semblait prendre plus au sérieux Washington que Séoul.
Candidat sur une plateforme axée sur l’amélioration des relations dans la péninsule coréenne, M. Lee a jusqu’ici vu ses ouvertures repoussées par le Nord reclus. Il a affirmé que le blocage actuel des relations intercoréennes ne devait pas empêcher la relance des pourparlers entre Washington et Pyongyang.
« La Corée du Nord a catégoriquement rejeté nos appels au dialogue, mais les États‑Unis disposent de nombreux leviers », a‑t‑il déclaré, cité par l’agence Yonhap. « La Corée du Nord considère les États‑Unis, et non la Corée du Sud, comme l’acteur capable de garantir la sécurité de son régime. »
M. Lee a ajouté qu’il se tenait prêt à créer les conditions nécessaires à une reprise des discussions entre la Corée du Nord et les États‑Unis et à offrir un « levier stratégique », notamment en réduisant l’ampleur des manœuvres militaires conjointes avec Washington, rapporte Yonhap. « Nous ferons tout notre possible pour réunir des conditions objectives permettant à tout moment la communication et la coopération. La réduction des exercices militaires conjoints entre la Corée du Sud et les États‑Unis en fait également partie », a‑t‑il précisé.
« Lors de la récente réunion de la Coopération économique Asie‑Pacifique (APEC), le président Trump souhaitait rencontrer le président Kim Jong‑un et l’espérait vivement, mais cela n’a pas pu se faire. Toutefois, la situation évolue en permanence, et nous ferons de notre mieux pour créer un environnement propice à la reprise des échanges », a encore déclaré M. Lee.
Trump et Kim Jong‑un ont tenu des sommets en 2018 et 2019 avant que les négociations ne s’enlisent sur la question de l’arsenal nucléaire nord‑coréen. Depuis l’entrée en fonction de M. Lee, en juin, les deux dirigeants se sont rencontrés à deux reprises et ont finalisé un accord commercial incluant un plan d’investissements américains de 350 milliards de dollars.
M. Lee a confié avoir trouvé ses entretiens avec Donald Trump « intéressants et divertissants ». Il a décrit le président américain comme « un réaliste, un pragmatique et un maître de la négociation qui respecte ses interlocuteurs ».
Lee envisage des excuses à la Corée du Nord
M. Lee a indiqué qu’il réfléchissait à la possibilité de présenter des excuses à la Corée du Nord, sur fond de soupçons selon lesquels son prédécesseur destitué, l’ancien président Yoon Suk‑yeol, aurait volontairement cherché à attiser les tensions militaires entre les deux voisins en amont de sa brève proclamation de la loi martiale en décembre dernier.
M. Yoon avait provoqué une grave crise intérieure en imposant la loi martiale le 3 décembre 2024 et en faisant déployer des troupes autour de l’Assemblée nationale. Il a ensuite été destitué, démis de ses fonctions et placé en détention ; il est actuellement jugé pour des chefs d’inculpation incluant l’accusation d’avoir fomenté une rébellion.
Le mois dernier, un procureur spécial a inculpé M. Yoon ainsi que deux hauts responsables de la défense, les accusant d’avoir ordonné des vols de drones au‑dessus de la Corée du Nord afin de faire monter les tensions. Dans un message publié sur X le 1ᵉʳ décembre, M. Lee a affirmé qu’« une guerre a failli éclater » parce que le gouvernement Yoon aurait voulu utiliser la loi martiale comme prétexte pour déclencher un conflit avec le Nord. Il a également accusé l’armée sud‑coréenne d’avoir envoyé des tracts hostiles au régime de Pyongyang.
« J’ai pensé qu’il me faudrait peut‑être présenter des excuses, mais je n’ai pas osé le dire, de crainte que cela ne soit instrumentalisé comme un signe de prétendue complaisance envers le Nord ou ne déclenche une confrontation idéologique », a confié M. Lee aux journalistes le 3 décembre.
La Corée du Nord a publiquement accusé le gouvernement Yoon d’avoir fait survoler Pyongyang par des drones larguant des tracts de propagande en octobre 2024. À l’époque, le ministre sud‑coréen de la Défense, Kim Yong‑hyun, avait nié toute implication, mais l’état‑major interarmées avait ensuite indiqué ne pas être en mesure de confirmer la véracité de ces allégations ni d’établir si l’opération avait été menée par des militants sud‑coréens favorables à la liberté.
Selon NK News, ces tracts contenaient des informations expliquant aux Nord‑Coréens la quantité de riz et de maïs qu’ils peuvent acheter par rapport à un Sud‑Coréen moyen disposant d’un salaire mensuel de 3.500.000 wons (2.603 dollars), ainsi que des éléments sur le train de vie de Kim Jong‑un, montré portant une luxueuse montre IWC Portofino Automatic d’une valeur de 12.000 dollars.
Pyongyang a déclaré, en juin 2024, avoir riposté aux envois de tracts venus du Sud en lâchant des milliers de ballons chargés de déchets et d’excréments en direction de la Corée du Sud. Séoul a réagi en reprenant des diffusions par hauts‑parleurs près de la frontière.
Tournant ensuite son attention de Washington vers Pékin, M. Lee a souligné qu’une gestion stable des relations entre la Corée du Sud et la Chine, premier marché d’exportation de Séoul, était cruciale. Il a dit espérer « se rendre en Chine dans les meilleurs délais et tenir un sommet » avec le dirigeant chinois Xi Jinping pour mener de « larges discussions ».
« Je pense que nous devons également aborder la coopération en matière de sécurité en Asie du Nord‑Est », a‑t‑il ajouté.
Avec Reuters et l’Associated Press

Guy Birchall est un journaliste britannique qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la liberté d'expression et les questions sociales.
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