Le prix de la facilité: l’impact des aliments ultra-transformés sur la santé cardiaque

Si certains facteurs contribuant aux maladies cardiaques sont bien connus, des études montrent qu'une menace moins connue est en train d'apparaître

Par Emma Suttie
9 mars 2024 17:25 Mis à jour: 9 mars 2024 17:25

Depuis plus d’un siècle, les maladies cardiaques ont le triste privilège d’être la première cause de mortalité dans certains pays. Bien que certains facteurs qui y contribuent soient bien établis, les résultats de deux études récentes suggèrent une autre cause, moins connue, dans le développement de la maladie : les aliments ultra-transformés.

La première étude : les aliments ultra-transformés et le risque d’accidents cardiovasculaires

Une méta-analyse publiée le mois dernier dans The Lancet a évalué la relation dose-réponse entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque d’accidents cardiovasculaires, qui comprennent « la morbidité et la mortalité d’origine cardiovasculaire, l’infarctus du myocarde, l’accident vasculaire cérébral, l’accident ischémique transitoire [et] l’intervention coronarienne ».

L’analyse complète comprenait vingt études avec plus d’un million de participants (1.101.073) et un suivi médian de 12,2 ans.

Les auteurs ont constaté « une relation linéaire positive » entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque d’accidents cardiovasculaires. De plus, il existe une corrélation positive entre la consommation d’aliments ultra-transformés et les maladies coronariennes en ce qui concerne les portions quotidiennes et la proportion d’énergie.

Par exemple, l’étude a montré qu’une augmentation de 10% de la consommation d’aliments ultra-transformés par « proportion de poids quotidien » augmentait le risque d’accidents cardiovasculaires de 1,9%, que chaque portion quotidienne supplémentaire augmentait le risque d’accidents cardiovasculaires de 2,2% et que chaque augmentation de 10% par « proportion d’énergie quotidienne » entraînait une augmentation de 1,6% d’accidents cardiovasculaires.

Les aliments ultra-transformés et les maladies cardiovasculaires

Les aliments ultra-transformés sont des aliments contenant des additifs tels que des colorants, du sel, du sucre, des huiles, des graisses, des produits chimiques et des conservateurs. La recherche montre que ces aliments contribuent aux maladies cardiovasculaires, au diabète et au cancer. Ces aliments sont également riches en graisses, en sucre et en calories, ce qui signifie que ceux qui les consomment dépassent probablement leurs besoins quotidiens, ce qui peut conduire au surpoids et à l’obésité, deux facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires.

(Explode/Shutterstock)

Le Dr Jack Wolfson, un cardiologue certifié et auteur de best-sellers, dirige Natural Heart Doctor, un cabinet de praticiens holistiques situé à Scottsdale, en Arizona. Lorsqu’on lui a demandé dans quelle mesure les aliments ultra-transformés contribuent au développement des maladies cardiaques, il a répondu par courriel à Epoch Times que « les aliments ultra-transformés sont l’une des principales causes des maladies cardiovasculaires ».

Le Dr Wolfson a expliqué que les aliments ultra-transformés contribuent « de plusieurs façons » aux maladies cardiovasculaires, notamment :

–  Modifications du microbiome intestinal
–  Augmentation de la perméabilité intestinale
–  Inflammation/stress oxydatif
–  Carences en vitamines/minéraux
–  Réactions hyperglycémiques aiguës
–  Dyslipidémie
–  Hypertension artérielle

Ce problème est compliqué par le fait que la plupart des cardiologues ne savent pas grand-chose des dangers des aliments ultra-transformés, selon le Dr Wolfson, et qu’ils ne reçoivent, comme tous les médecins, qu’une formation très limitée en matière de nutrition.

Les maladies cardiovasculaires sont un terme générique désignant une variété de maladies qui affectent le cœur et les vaisseaux sanguins.

La maladie coronarienne fait partie de cette catégorie et constitue le type de maladie cardiovasculaire le plus courant. Elle provoque l’obstruction des artères, ce qui peut entraîner une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral.

Les maladies cardiaques sont un type de maladie cardiovasculaire utilisé pour désigner divers maux qui affectent la structure et le fonctionnement du cœur.

Les maladies cardiaques ont également un coût considérable (représentant près de 240 milliards de dollars de frais de santé par an aux États-Unis), qui comprennent les services de soins de santé, les médicaments et la perte de productivité, selon Centers for Disease Control and Prevention (centres de contrôle et de prévention des maladies).

La deuxième étude : les aliments ultra-transformés et la maladie coronarienne

Les résultats d’une autre étude publiée en 2021 montrent également le lien entre les aliments ultra-transformés et les maladies coronariennes.

L’étude, publiée dans le Journal of Nutrition, a porté sur 13.548 adultes âgés de 45 à 65 ans, issus de l’étude Atherosclerosis Risk in Communities (risque d’athérosclérose dans les communautés), avec un suivi de 27 ans. Les chercheurs ont calculé les portions quotidiennes d’aliments ultra-transformés des participants et les ont répartis en quatre groupes allant d’une consommation élevée à une consommation faible.

Les aliments ultra-transformés de l’étude ont été définis selon la classification NOVA. Le système de classification NOVA utilise quatre niveaux pour évaluer le degré de transformation des aliments : un niveau pour les aliments non transformés ou peu transformés et quatre niveaux pour les aliments ultra-transformés, soit le degré de transformation le plus élevé.

Les aliments ultra-transformés évalués dans le cadre de l’étude sont énumérés ci-dessous, avec les pourcentages consommés par les participants à l’étude.

– Les produits laitiers : crème glacée (4%)

– Les graisses et les huiles : margarine (18%)

– Les viandes : hamburgers, hot-dogs, viandes transformées (saucisses, salami, mortadelle), bœuf, porc ou agneau dans les plats (11%)

– Les produits sucrés : barres ou morceaux de chocolat (Hershey’s, M&M’s nature, Snickers, Reese’s), bonbons sans chocolat (6%)

– Les produits de boulangerie : tartes prêtes à l’emploi, beignets, biscuits ou pain de maïs, pâtisseries danoises, petits pains sucrés, gâteaux au café, croissants, biscuits, gâteaux ou brownies (15%)

– Les céréales : céréales froides pour le petit-déjeuner (8%)

– Les aliments frits : chips de pommes de terre ou de maïs, pommes de terre frites, aliments frits en dehors de la maison (6%)

– Les boissons : jus d’orange ou de pamplemousse, boissons gazeuses normales ou à faible teneur en calories, punch aromatisé aux fruits ou boissons non gazeuses (limonade, Kool-Aid, Hawaiian Punch) (27%)

– Les alcools : alcools forts (5%)

L’étude a révélé que les personnes appartenant au groupe qui consommait le plus d’aliments ultra-transformés présentaient un risque de maladie coronarienne supérieur de 19% à celui des personnes appartenant au groupe qui en consommait le moins, et qu’il existait une « relation approximativement linéaire » entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque de maladie coronarienne.

Ces résultats ont amené les auteurs à conclure qu’une plus grande « consommation d’aliments ultra-transformés était associée à un risque plus élevé de maladie coronarienne chez les adultes d’âge moyen ».

Les aliments ultra-transformés sont devenus omniprésents dans plusieurs régimes alimentaires et contiennent plusieurs ingrédients artificiels que le corps humain n’a jamais rencontrés auparavant. De plus en plus d’études font état de leurs effets néfastes sur la santé humaine.

Dans un article publié le mois dernier dans The American Journal of Medicine, des médecins du Schmidt College of Medicine de la Florida Atlantic University émettent l’hypothèse que l’augmentation de la consommation d’aliments ultra-transformés contribue probablement à la morbidité et à la mortalité ainsi qu’à la diminution de notre espérance de vie.

« Ceux d’entre nous qui pratiquent la médecine aujourd’hui se trouvent dans une position honteuse et unique : nous sommes le premier groupe de professionnels de la santé à avoir présidé à un déclin de l’espérance de vie en 100 ans », a déclaré le Dr Dawn H. Sherling, directrice adjointe du programme de résidence en médecine interne, professeur agrégée de médecine au Schmidt College of Medicine de la FAU et l’une des auteurs de l’étude.

Notre espérance de vie est inférieure à celle d’autres pays économiquement comparables. Lorsque nous observons l’augmentation des taux de maladies non transmissibles dans les pays moins développés, nous pouvons constater que cette augmentation est liée à la consommation croissante d’aliments ultra-transformés dans leur régime alimentaire », a-t-elle souligné dans un communiqué de presse.

Pour comprendre certains des mécanismes impliqués dans la façon dont les aliments ultra-transformés affectent notre santé, et la santé cardiovasculaire en particulier, le Dr Sherling a dit à Epoch Times :

« Il a été démontré que les aliments ultra-transformés et certains des additifs qu’ils contiennent augmentent les marqueurs inflammatoires dans l’organisme. Cela peut être dû aux changements qu’ils provoquent dans le tractus gastro-intestinal au niveau de nos microbiomes intestinaux. »

« Il s’avère que notre microbiome intestinal, lorsqu’il digère ce que nous ne tolérons pas, produit des acides gras à chaîne courte, qui agissent comme des molécules de signalisation pour le reste de notre organisme. Cela signifie que ce que nous mangeons peut avoir des effets à grande échelle en dehors de nos intestins. Mais revenons au cœur. »

« Lorsque nous consommons des aliments ultra-transformés, en particulier des glucides ultra-transformés, les triglycérides, une forme de mauvais cholestérol, augmentent et le HDL, une forme de bon cholestérol, qui protège notre cœur, diminue. De plus, la consommation d’aliments salés, ce qui est le cas dans de nombreux aliments ultra-transformés, peut augmenter la tension artérielle. L’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et l’inflammation sont autant de facteurs de risque d’infarctus du myocarde et d’autres maladies cardiovasculaires. »

À la question de savoir si l’étude de l’impact de ces aliments sur la santé est compliquée par le fait que nombre d’entre eux contiennent des ingrédients (produits chimiques, additifs, etc.) que nous n’avons peut-être jamais rencontrés auparavant, le Dr Sherling a répondu :

« Absolument. C’est d’ailleurs l’un des principaux thèmes d’un livre que j’ai écrit sur le sujet. Les additifs qui sont introduits dans nos aliments ont été étudiés dans le cadre d’expériences à court terme, à la recherche de toxicités très spécifiques. »

« Les réglementations de la FDA ont été mises en place avant que nous ne connaissions l’importance de nos microbiomes et ce qu’ils font avec les additifs. Elles ont également été mises en place pour étudier les additifs individuellement, et non en combinaison comme ils sont souvent utilisés aujourd’hui, et certainement pas si les gens les ingèrent pendant des décennies comme nous le faisons maintenant. Certains chercheurs, notamment en France, tentent d’étudier certains des additifs les plus problématiques et leurs effets sur nos microbiomes et notre santé, mais il existe des milliers d’additifs et ils ne peuvent en étudier que quelques dizaines. »

Dernières réflexions

Bien que nous soyons nombreux à essayer d’éviter les aliments ultra-transformés, leur omniprésence dans les rayons des épiceries et les menus des restaurants rend la tâche de plus en plus difficile. Pour ceux qui cherchent à améliorer leur alimentation et leur santé en général, le Dr Sherling a quelques recommandations pratiques :

« Tout d’abord, faites attention à ce que vous mangez. Soyez un lecteur d’étiquettes. La face avant de l’emballage ne vous dit presque rien sur ce qu’il contient. Lisez les listes d’ingrédients et si vous ne pouvez pas imaginer un ingrédient dans la nature, reposez l’emballage et essayez de trouver quelque chose d’autre qui soit davantage basé sur des aliments complets. »

« Deuxièmement, si vous ne savez pas cuisiner, apprenez à le faire. Peut-être juste deux ou trois choses au début. Je m’occupe d’une population de patients assez diversifiée et j’ai été surprise de découvrir que le principal obstacle à une alimentation saine est la capacité, et bien sûr le temps, de cuisiner. Lorsque les gens viennent de familles qui savent encore cuisiner, ils sont capables de modifier leur régime alimentaire assez rapidement. Ces connaissances ne se perdent pas. Si vous n’avez pas de membres de la famille ou d’amis qui cuisinent, il existe des tonnes de recettes et de vidéos d’instruction en ligne. Faites une cuisine simple et ne vous laissez pas submerger par des recettes sophistiquées. »

« Enfin, soyez gentil avec vous-même. L’alimentation ne doit pas être une source de stress supplémentaire. Avec toute la publicité et les informations erronées qui circulent, il peut être difficile d’essayer de manger sainement. Il suffit de s’engager à faire un petit changement par semaine et, à la fin de l’année, vous aurez une bien meilleure alimentation. »

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