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Le régime méditerranéen, un allié puissant du cerveau pour prévenir la démence

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Photo: Food Shop/Shutterstock

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Durée de lecture: 9 Min.

Déjà reconnu pour réduire le risque de démence, le régime méditerranéen protège particulièrement les personnes les plus vulnérables : celles présentant un risque génétique élevé de développer la maladie d’Alzheimer.

Les groupes à haut risque en ont bénéficié davantage

La maladie d’Alzheimer comporte une forte composante génétique, avec une transmission héréditaire estimée jusqu’à 80 %. Un gène, l’apolipoprotéine E (APOE), constitue le facteur de risque le plus important.

Récemment publiée dans Nature Medicine, l’étude a suivi 4215 femmes et 1490 hommes pendant près de trois décennies. Elle a montré que les personnes porteuses de deux versions de la variante du gène APOE4 — qui multiplie par 12 le risque de maladie d’Alzheimer — connaissaient la plus forte réduction du risque de démence lorsqu’elles adoptaient un mode alimentaire méditerranéen.

Au cours de l’étude, ceux qui suivaient un régime de type méditerranéen ont présenté globalement des taux plus faibles de démence et un déclin mental plus lent. Toutefois, l’effet protecteur s’est révélé particulièrement marqué chez les personnes porteuses de deux versions du gène APOE4.

Les chercheurs ont étudié le lien entre alimentation, génétique et risque d’Alzheimer en analysant des questionnaires alimentaires, des échantillons de sang et des données génétiques, puis en surveillant les participants au fil du temps pour repérer les signes de démence.

Comment le régime méditerranéen soutient la santé cérébrale

Les mécanismes reliant alimentation et expression génétique dans la maladie d’Alzheimer ne sont pas encore totalement compris. Les chercheurs soupçonnent toutefois que des facteurs épigénétiques — des modifications de l’activité des gènes influencées par l’environnement, notamment l’alimentation — interviennent dans ce processus.

Les auteurs de l’étude estiment qu’une consommation accrue d’aliments typiques du régime méditerranéen augmente les niveaux de graisses saines dans l’organisme, ce qui pourrait soutenir la santé du cerveau. Ce régime favorise aussi une hausse de certains composés naturels, comme la pipérine, la bétaïne et l’acide pantothénique, connus pour protéger les cellules cérébrales.

Par ailleurs, il pourrait influencer des substances liées à la dégradation de la caféine, aux propriétés antioxydantes et neuroprotectrices, notamment chez les porteurs du gène APOE4.

« Ces résultats suggèrent que des stratégies alimentaires, et en particulier le régime méditerranéen, pourraient contribuer à réduire le risque de déclin cognitif et retarder la démence en agissant globalement sur des voies métaboliques clés », a déclaré dans un communiqué l’auteure principale Yuxi Liu, chercheuse au Brigham and Women’s Hospital (Mass General Brigham).

« Cette recommandation s’applique à tous, mais elle pourrait être encore plus cruciale pour les personnes ayant un risque génétique élevé. »

Les aliments qui nourrissent le cerveau

Le régime méditerranéen met l’accent sur des aliments qui soutiennent la santé neuronale, a expliqué à Epoch Times le Dr Brynna Connor, médecin de famille certifiée et spécialiste en médecine anti-âge et régénérative, non impliquée dans l’étude. Ces aliments comprennent les poissons gras, les légumes à feuilles vertes, les céréales complètes et les fruits rouges.

Riches en acides gras oméga-3, les poissons gras apportent d’importants bienfaits pour le cerveau. Ces nutriments essentiels soutiennent les processus cognitifs, protègent contre les maladies neurodégénératives et aident à maintenir la santé cérébrale dans son ensemble. Des recherches ont montré un lien direct entre la consommation d’oméga-3 et un vieillissement cérébral plus lent, ainsi qu’un déclin cognitif réduit. Les personnes qui mangent plus d’aliments riches en oméga-3 présentent souvent une plus grande quantité de matière grise, région clé du cerveau liée à la mémoire, à l’apprentissage et à la prise de décision.

« Quand on pense aux poissons gras, on pense souvent au saumon ; mais d’autres options existent : le maquereau, le thon rouge, les sardines, le bar rayé, le hareng, le poisson à chair blanche ou encore les anchois », a précisé le Dr Connor.

Selon elle, les noix constituent une autre bonne source d’oméga-3. Des recherches montrent que les personnes qui en consomment régulièrement présentent une mémoire et des fonctions cognitives meilleures que celles qui n’en consomment pas.

Les légumes à feuilles vertes du régime méditerranéen contribuent également au maintien des fonctions cérébrales.

« Riches en nutriments et en antioxydants bénéfiques pour le cerveau, les légumes à feuilles vertes comme les épinards, le chou frisé ou la roquette jouent un rôle crucial dans la protection des voies neuronales », a déclaré le Dr Connor.

Des études menées chez des personnes âgées de 58 à 99 ans ont montré une forte corrélation entre une consommation fréquente de légumes verts et une meilleure santé cognitive. Le cerveau des plus gros consommateurs fonctionne comme celui de personnes plus jeunes d’une dizaine d’années.

« Pour maximiser les bénéfices des légumes verts, visez au moins une portion par jour, avec d’autres choix comme les feuilles de chou vert, le bok choy ou les bettes, afin de protéger contre le déclin cognitif lié à l’âge », a ajouté le Dr Connor.

Emily Feivor, diététicienne au Northwell Health, également non impliquée dans l’étude, a souligné que la faible teneur en aliments transformés du régime méditerranéen aide à « prévenir l’inflammation associée aux troubles cognitifs ».

Pourquoi davantage de recherches sont-elles nécessaires ?

« L’une des raisons pour lesquelles nous avons voulu étudier le régime méditerranéen, c’est qu’il s’agit du seul modèle alimentaire qui a été directement associé à des bénéfices cognitifs dans le cadre d’un essai randomisé », a rappelé Mme Liu. L’équipe voulait comprendre si les antécédents génétiques modifiaient ces bénéfices.

La recherche a porté sur des personnes instruites, d’ascendance européenne. Les scientifiques insistent sur la nécessité d’étudier des populations plus diverses afin de vérifier que ces résultats s’appliquent à tous.

Aujourd’hui, les tests génétiques et sanguins ne sont pas encore utilisés en routine pour évaluer le risque d’Alzheimer, mais cela pourrait changer avec les nouvelles recherches.

« Dans nos prochains travaux, nous espérons explorer si le ciblage de certains métabolites par l’alimentation ou d’autres interventions pourrait offrir une approche plus personnalisée pour réduire le risque de démence », a expliqué la chercheuse.

Pour l’instant, les mécanismes précis reliant alimentation et expression du gène APOE dans la maladie d’Alzheimer ne sont pas complètement élucidés. Les chercheurs examinent si des facteurs alimentaires influencent l’activité des gènes et comment cela pourrait affecter le risque de maladie.

Les facteurs épigénétiques sont considérés comme une piste possible. L’épigénétique fait référence à des modifications de l’activité des gènes qui n’altèrent pas la séquence de l’ADN, mais qui peuvent être façonnées par l’environnement, notamment l’alimentation. Des processus comme la méthylation de l’ADN (changements chimiques qui activent ou désactivent certains gènes) et la modification des histones (protéines qui contrôlent l’activité génétique) pourraient jouer un rôle dans la façon dont des facteurs de risque comme l’APOE contribuent au développement de la maladie d’Alzheimer.