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Sondage : le RN et ses alliés confirment leur domination avant le vote Bayrou

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En cas de nouvelle dissolution et d'élections législatives anticipées, le Rassemblement national et ses alliés arriveraient largement en tête du premier tour devant la gauche et le camp présidentiel, reproduisant le scénario de 2024, selon un sondage Toluna Harris Interactive pour Challenges publié dimanche. Cette enquête, réalisée à la veille du vote de confiance critique de François Bayrou prévu ce lundi 8 septembre.

Photo: : BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images

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En cas de nouvelle dissolution et d’élections législatives anticipées, le Rassemblement national et ses alliés arriveraient largement en tête du premier tour devant la gauche et le camp présidentiel, reproduisant le scénario de 2024, selon un sondage Toluna Harris Interactive pour Challenges publié dimanche. Cette enquête, réalisée à la veille du vote de confiance critique de François Bayrou prévu ce lundi 8 septembre, révèle une France politique profondément fracturée où l’extrême droite consolide sa position de force électorale.

Le RN maintient ses positions malgré les turbulences

Le parti de Jordan Bardella et ses alliés UDR, le mouvement d’Eric Ciotti, remporteraient 33% des suffrages, un score rigoureusement identique au premier tour de juin 2024, d’après cette étude réalisée du 4 au 5 septembre auprès de 2.307 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus.
Cette stabilité remarquable du RN à un niveau aussi élevé témoigne d’un ancrage électoral solide qui résiste aux aléas de la conjoncture politique. Malgré les polémiques récurrentes et les difficultés rencontrées lors de la campagne législative précédente, l’alliance lepéniste maintient son hégémonie dans les intentions de vote, confirmant sa transformation en parti de gouvernement potentiel.
Le mouvement de Jordan Bardella bénéficie notamment du ralliement durable d’Eric Ciotti et de ses troupes LR dissidentes, une alliance qui s’avère payante électoralement en élargissant la base sociologique traditionnelle du RN vers les électeurs de droite classique déçus par la ligne d’Emmanuel Macron.

La gauche divisée face à l’hégémonie RN

L’opposition de gauche présente un visage contrasté selon les configurations envisagées par l’institut de sondage. Une alliance PS/PCF/Écologistes sans La France insoumise n’obtiendrait que 19% des suffrages, un score insuffisant pour rivaliser avec le RN, témoignant de l’affaiblissement de la gauche traditionnelle face à la montée des extrêmes.
En revanche, en cas d’alliance entre le PS, le PCF, Les Écologistes et LFI, comme ce fut le cas l’année dernière sous la bannière du Nouveau Front populaire, l’alliance de gauche engrange 26% des intentions de vote. Ce score reste cependant en léger recul par rapport aux 27,99% obtenus le 30 juin 2024, illustrant les difficultés persistantes de la gauche unie à mobiliser au-delà de son socle électoral historique.
Cette fragmentation de l’offre politique de gauche constitue un atout majeur pour le RN, qui profite mécaniquement de la dispersion de ses adversaires. La question de l’alliance avec Jean-Luc Mélenchon demeure le point de crispation principal, divisant socialistes et écologistes entre pragmatisme électoral et ligne de démarcation idéologique.
Pris isolément, LFI ne recueillerait que 10% des suffrages, un score en net recul qui questionne la capacité de mobilisation de Jean-Luc Mélenchon et illustre l’usure du leader insoumis dans l’opinion publique française.

Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, salue le public après avoir prononcé un discours lors d’une réunion marquant le début de l’année politique à Hénin-Beaumont, dans le nord de la France, le 7 septembre 2025. (Photo : FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images)

Un camp présidentiel au plus bas

Le camp présidentiel (Renaissance, MoDem, Horizons) ne parviendrait qu’à 15% des voix, confirmant l’effondrement de la macronie amorcé depuis les élections européennes de 2024. Cette chute spectaculaire traduit l’épuisement du cycle politique ouvert en 2017 et l’incapacité d’Emmanuel Macron à mobiliser au-delà de son socle électoral résiduel.
Cette débâcle annoncée du camp présidentiel illustre les conséquences de la stratégie de dissolution hasardeuse d’Emmanuel Macron en juin 2024, qui a abouti à une fragmentation parlementaire paralysant l’action gouvernementale. Les électeurs macronistes semblent sanctionner une gestion politique perçue comme chaotique et des résultats économiques décevants.
Les Républicains, crédités de seulement 10% des intentions de vote, ne parviennent pas à capitaliser sur les difficultés du camp présidentiel, témoignant de la crise profonde que traverse la droite traditionnelle depuis la scission orchestrée par Eric Ciotti.

L’épreuve de force du 8 septembre

Ce sondage intervient dans un contexte politique particulièrement tendu, à la veille du vote de confiance sollicité par François Bayrou qui devrait voir tomber son gouvernement. Depuis 1958, l’article 49-1 de la Constitution, qui régit le vote de confiance, a été utilisé à 41 reprises, sans jamais provoquer la chute d’un gouvernement. Le 8 septembre 2025, celui de François Bayrou pourrait être le tout premier à en faire les frais.
Le Premier ministre a engagé ce pari risqué sur la question budgétaire, espérant contraindre les oppositions à assumer leurs responsabilités face à la crise des finances publiques. Cependant, tous les partis qui ne participent pas au gouvernement ont annoncé leur intention de le faire tomber, rendant quasi certaine la chute de l’exécutif.
Cette perspective d’une nouvelle crise gouvernementale alimente les spéculations sur un recours à une nouvelle dissolution, malgré les contraintes constitutionnelles qui interdisent à Emmanuel Macron de recourir à cette procédure avant juin 2025.

Les Français expriment leur lassitude politique

Au-delà des intentions de vote, ce sondage révèle l’ampleur de la crise de confiance envers les institutions. 49% des Français demandent la démission d’Emmanuel Macron, un chiffre qui illustre la défiance croissante envers le chef de l’État et son incapacité perçue à sortir le pays de l’impasse politique actuelle.
Seulement 36% souhaitent qu’un nouveau Premier ministre soit nommé, témoignant du scepticisme général sur la capacité de la classe politique à proposer des solutions durables dans le cadre institutionnel actuel. Cette défiance s’étend à l’ensemble du personnel politique, au-delà des clivages partisans traditionnels.
Enfin, 15% des sondés réclament une dissolution, malgré les traumatismes de la précédente expérience de juin 2024. Ce chiffre relativement faible illustre la conscience des risques inhérents à un nouveau recours aux urnes dans un contexte de fragmentation politique extrême.

Des implications stratégiques majeures

Ces résultats confirment la recomposition profonde du paysage politique français autour de trois pôles : l’extrême droite hégémonique, une gauche divisée mais résistante, et un centre affaibli. Cette tripartition complique mécaniquement la formation de majorités stables et alimente l’instabilité gouvernementale chronique.
Pour le RN, ces chiffres valident la stratégie de normalisation et de dédiabolisation menée par Marine Le Pen et Jordan Bardella. Le parti d’extrême droite apparaît désormais comme l’alternative crédible face à un système politique perçu comme épuisé, bénéficiant de la prime à l’opposition dans un contexte de crise économique et sociale.
Cette dynamique électorale favorable au RN s’inscrit dans un mouvement européen plus large de progression des formations nationalistes et eurosceptiques, alimenté par les crises migratoires, sécuritaires et économiques que traverse le continent.

La marge d’erreur, facteur d’incertitude

L’institut Toluna Harris Interactive précise que la marge d’erreur de cette enquête est comprise entre 2,5 et 5,8 points, une fourchette qui relativise la précision des résultats mais n’invalide pas les tendances lourdes observées. Cette incertitude statistique maintient une part d’imprévisibilité sur les équilibres réels en cas de scrutin effectif.
Néanmoins, la convergence de ce sondage avec les tendances observées depuis les élections européennes de 2024 renforce la crédibilité de ces projections. Lors du premier tour des élections législatives anticipées, le 30 juin 2024, les candidats RN étaient arrivés en tête (33,22%), suivis par l’alliance de gauche NFP (28,06%), les macronistes (20,76%) et LR (10,68%), des résultats remarquablement proches des intentions de vote actuelles.
Cette stabilité des équilibres électoraux, malgré les turbulences politiques, suggère un enracinement durable des nouvelles préférences partisanes des Français, au-delà des conjonctures gouvernementales éphémères.