Le sommet du G20 s’achève, révélant des tensions grandissantes entre les États-Unis et la Chine

Par Emel Akan
11 septembre 2023 16:51 Mis à jour: 11 septembre 2023 16:51

HANOI, Vietnam – Le président Joe Biden a conclu dimanche ses réunions au sommet du Groupe des 20 (G20), qui s’est tenu à New Delhi, la capitale indienne, après avoir rendu hommage au père de la nation, le Mahatma Gandhi, aux côtés d’autres dirigeants du monde.

Le président a quitté l’Inde pour le Vietnam, où il devait annoncer un partenariat renforcé avec le pays communiste le 10 septembre.

Le président américain s’est rendu en Asie au moment où les rivalités entre les États-Unis et la Chine s’intensifiaient. Le sommet de cette année a révélé des tensions grandissantes entre deux puissances, comme en témoignent l’absence du dirigeant chinois Xi Jinping au sommet et les objections de Pékin à ce que les États-Unis accueillent le sommet du G20 en 2026.

Certains affirment que l’absence de M. Xi montre que la Chine abandonne le G20 et met en place un ordre mondial différent. Pour contrer cette idée, le président Biden a cherché à combler le vide laissé par M. Xi lors du sommet de cette année en présentant les États-Unis comme un partenaire plus fiable que la Chine et capable d’unir les pays les plus riches du monde autour d’objectifs communs, notamment en offrant aux pays en voie de développement des options de financement « non coercitives » pour favoriser leur développement.

« J’aurais aimé qu’il soit là, » a souligné le président Biden à la presse indienne, lorsqu’on lui a demandé si l’absence de M. Xi avait eu un impact sur le sommet.

« Mais non, » a-t-il ajouté. « Le sommet se déroule bien. »

Le Premier ministre indien Narendra Modi (À droite), le président américain Joe Biden (À gauche), le chancelier allemand Olaf Scholz (À droite) et le Premier ministre australien Anthony Albanese (À gauche), ainsi que des dirigeants du monde entier, arrivent pour se recueillir au mémorial du Mahatma Gandhi à Raj Ghat, en marge du sommet du G20 à New Delhi, le 10 septembre 2023. (Ludovic Marin/POOL/AFP via Getty Images)

Lors du sommet de New Delhi, les membres du G20 sont restés divisés sur de nombreux sujets, notamment la guerre en Ukraine. Toutefois, les dirigeants ont pris plusieurs décisions importantes au cours de ce sommet qui s’est tenu pendant deux jours dans la capitale indienne.

Principaux enseignements du sommet de deux jours

Déclaration commune du groupe fragmenté

La question la plus controversée lors du sommet de cette année a été de savoir comment aborder la guerre en Ukraine dans un communiqué commun. Le scepticisme régnait quant à la publication d’un communiqué du sommet compte tenu des divisions importantes entre les membres.

Alors que certains pays ont exigé un langage fort à l’encontre de la Russie, qualifiant ce membre du G20 d’agresseur, l’Inde, présidente du G20, a tenté de trouver un équilibre dans la déclaration du sommet. Les relations étroites de l’Inde avec Moscou et la réticence de cette dernière à publier des déclarations virulentes ont également compliqué les choses.

Les membres du G20 se sont finalement mis d’accord le 9 septembre pour adopter une déclaration consensuelle en évitant de dénoncer spécifiquement la Russie à propos de la guerre en Ukraine et en exhortant plutôt tous les pays à s’abstenir d’utiliser la force pour annexer des territoires.

« Conformément à la Charte des Nations unies, tous les États doivent s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force pour s’approprier un territoire, en portant atteinte à l’intégrité territoriale, à la souveraineté ou à l’indépendance politique d’un État quel qu’il soit. L’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires est inadmissible, » peut-on lire dans la déclaration.

Malgré les objections formulées par la Russie et la Chine, les dirigeants sont également parvenus à un compromis sur la formulation de plusieurs paragraphes décrivant la guerre en Ukraine.

« Nous avons souligné les souffrances humaines et les répercussions négatives de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire et énergétique mondiale, les chaînes d’approvisionnement, la stabilité macrofinancière, l’inflation et la croissance, autant d’éléments qui ont compliqué l’environnement politique des pays, » peut-on lire dans le communiqué. « Les points de vue et les évaluations sur la situation ont été différents. »

La déclaration de Bali indiquait que « la plupart des membres avaient fermement condamné la guerre en Ukraine, » ce qui ne figure pas dans la déclaration de cette année. La déclaration de Bali citait également une résolution de l’ONU déplorant « dans les termes les plus forts l’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine et exigeant son retrait complet et inconditionnel du territoire ukrainien ».

C’est pourquoi la déclaration de cette année est considérée comme plus souple que celle de l’année dernière quant à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Le ministère ukrainien des affaires étrangères a qualifié la déclaration commune de « pas de quoi être fier », car elle ne désigne pas la Russie comme agresseur dans la guerre.

La Maison Blanche a défendu cette déclaration, la qualifiant de « sans précédent ».

« La grande majorité des pays du G20 ont soutenu de nombreuses résolutions des Nations unies qui dénoncent l’agression illégale de la Russie, » a souligné Jon Finer, conseiller adjoint à la sécurité nationale, lors d’une conférence de presse dimanche.

« La déclaration commune publiée hier s’appuie sur ces éléments pour envoyer une déclaration commune sans précédent sur l’impératif pour la Russie de ne pas recourir à la force pour s’approprier un territoire. »

Un projet ferroviaire pour contrer « la ceinture et la route »

Lors du sommet, les États-Unis, l’Inde, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont annoncé un protocole d’accord (pdf) pour un projet d’infrastructure qui reliera l’Inde, le Moyen-Orient et l’Europe par voie maritime et ferroviaire.

Le projet créera un corridor économique relié par une ligne de chemin de fer et des ports existants à travers les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël. Il ne s’agit toutefois pas d’une affaire conclue. Les États-Unis joueront un rôle essentiel en facilitant les négociations sur les termes de l’accord relatif à ce projet d’infrastructure, ont indiqué des responsables de la Maison Blanche.

Le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed bin Salman (À gauche), le Premier ministre indien Narendra Modi (À droite) et le président américain Joe Biden assistent à une session dans le cadre du sommet des dirigeants du G20 au Bharat Mandapam à New Delhi, le 9 septembre 2023. (Evelyn Hockstein/POOL/AFP via Getty Images)

« C’est une grande affaire. C’est une très grosse affaire, » a souligné le président Biden, en saluant le protocole d’accord lors d’un discours prononcé à l’occasion du sommet.

Le projet est considéré comme l’une des initiatives clés de la Maison Blanche au Moyen-Orient pour contrer l’influence croissante de la Chine dans la région qui s’appuie sur son programme d’infrastructures controversé, l’initiative Belt and Road (BRI).

Depuis son lancement en 2013, la BRI chinoise a injecté des milliards de dollars dans des projets d’infrastructure en Afrique, en Amérique latine, en Europe de l’Est et en Asie. Ces dernières années, toutefois, les États-Unis ont accusé Pékin d’utiliser la « diplomatie de la dette » pour attirer de nombreux pays dans son orbite.

Ce protocole d’accord s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux » (PGII : Partnership for Global Infrastructure and Investment) menée par le groupe des sept pays (G7) pour financer des projets d’infrastructure dans les pays en voie de développement.

Les projets de l’initiative PGII se concentrent sur des « investissements de qualité dans la construction d’infrastructures durables à travers le monde, » selon la Maison Blanche.

En raison de son ampleur et de ses ambitions, le projet ferroviaire est « révolutionnaire », a affirmé M. Finer aux journalistes lors d’une réunion d’information samedi.

« Nous considérons qu’il s’agit d’une initiative très intéressante pour les pays concernés et pour le monde entier, car elle est transparente, elle répond à des normes élevées et elle n’est pas coercitive, » a-t-il ajouté.

Pour éviter de contrarier le régime de Pékin, M. Finer a toutefois précisé que cette initiative n’avait pas pour objectif de contrer l’influence croissante de la Chine au Moyen-Orient.

« Nous ne considérons pas qu’il s’agit d’une somme nulle par rapport à d’autres approches en matière d’infrastructure, » a-t-il ajouté. « Nous ne demandons pas aux pays de faire ce choix à somme nulle, mais nous pensons que la proposition de valeur que nous avons à offrir est considérable. »

Les États-Unis accueilleront le G20 malgré l’opposition de Pékin

Selon plusieurs médias, la Chine s’est opposée à ce que les États-Unis accueillent le G20 en 2026, comme l’avait annoncé l’administration Biden.

L’objection de la Chine, soutenue par la Russie, est avant tout symbolique et reflète le différend entre Pékin et les États-Unis, selon les rapports, qui citent des sources familières de ces discussions.

Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, n’a pas démenti ces informations lorsqu’il s’est adressé aux journalistes de New Delhi samedi, mais il a fait remarquer que le communiqué avait déjà adopté cette décision.

« Tout ce que je peux dire, c’est que le communiqué est prêt, » a-t-il ajouté. « La référence aux États-Unis comme pays hôte en 2026 en fait partie. La Chine l’a acceptée, tous les membres du G20 l’ont acceptée, et nous nous en réjouissons. »

Le premier ministre Li Qiang a représenté la Chine lors de ce sommet pour remplacer M. Xi.

Le président russe Vladimir Poutine n’a pas non plus participé au sommet cette année. L’absence de M. Poutine était prévue puisqu’il n’avait pas participé au sommet l’année dernière. La Russie a été représentée par son ministre des affaires étrangères, Sergey Lavrov.

M. Finer a souligné qu’à sa connaissance, le président américain ne leur avait pas adressé la parole tout au long du sommet.

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