L’économie chinoise au plus bas au quatrième trimestre 2015

3 janvier 2016 10:53 Mis à jour: 3 janvier 2016 10:53

Le Chinese Beige Book (CBB), un organisme d’enquête sur l’économie chinoise a réalisé une étude pour le troisième trimestre de 2015, portant sur plusieurs centaines d’entreprises. Les résultats laissaient entrevoir une lueur d’espoir pour l’économie chinoise. Il dépeignait alors pour la Chine une situation plus proche de la stabilité que de l’effondrement. Mais au quatrième trimestre, ce n’était plus le cas.

Le rapport évoque une « faiblesse généralisée : le revenu des ventes nationales, les volumes, les sorties, les prix, les profits, l’emploi, les emprunts et l’augmentation de capitaux sont tous en régression pour ce trimestre.»

Le CBB collecte et analyse les données de centaines de compagnies chinoises. Ces mesures sont parfois accompagnées d’interviews détaillées de certains cadres. Bien que le CBB n’ait pas pour rôle de donner les chiffres définitifs de la croissance, il consigne le nombre de firmes en augmentation de ventes, et celles en diminution.

Par exemple, le nombre d’entreprises dont les ventes ont augmenté est le plus bas jamais enregistré en Chine avec 37%. 22% des entreprises voient leurs profits régresser. Le secteur des services, pourtant bien placé l’année dernière à la même époque, est aussi en régression.

Le rapport mentionne que les performances des services, comme celles de l’industrie manufacturière, sont dégradées. Dans ces deux secteurs, les revenus, l’emploi et le CAPEX (Ndr: dépenses d’investissements en capital) sont tous en baisse. Tout ceci freine la reconversion habituelle des entreprises de production en entreprises de services.

Même si des entreprises ne sont pas explicites sur l’état de leurs profits, les échantillons du CBB donnent une idée précise de l’état de l’industrie chinoise dans sa globalité.

Leland Miller, président de la CBB, temporise néanmoins: « Les résultats ne tiennent que pour un seul trimestre, ce n’est pas encore une tendance. Mais les données sont suffisamment intéressantes; la différence avec le précèdent semestre est suffisamment singulière pour qu’une alerte jaune soit levée dès maintenant

Le niveau des prix s’est aussi amenuisé. Une certaine stabilité était observable tout au long de l’année, malgré un ralentissement de la croissance. Mais plus pour ce trimestre. Le rapport établit que « les gains sur les prix d’achat, de vente et les salaires ont atteint les seuils les plus bas jamais enregistrés par la CBB. Pour la première fois, il semblerait que les entreprises soient véritablement confrontées à une déflation nuisible

Cette baisse des prix, que ce soit au niveau des marchandises, de l’immobilier ou des salaires, est imputable à une augmentation des stocks. En soi, la baisse des prix n’est pas toujours une mauvaise chose, par exemple si elle résulte d’une augmentation de la productivité. Elle n’est en revanche plus bénéfique si elle est causée par un surplus de stock, car dans ce cas, elle complique le remboursement des dettes.

Le dernier rempart à cette hégémonie est le marché du travail, connu pour être depuis longtemps un facteur critique aux yeux des décideurs de Pékin. Mais si la situation dépeinte par la CBB s’avère être réaliste, alors elle est aussi beaucoup plus critique qu’attendue.

Il est bon de rappeler que la fiabilité des données sur l’emploi est particulièrement faible. C’est l’une des données officielles dont l’authenticité est la plus douteuse. Le taux de chômage est resté au dessus de 4% (entre 4 et 4,3% pour être précis) sur la dernière décennie.

Source: tradingeconomics.com
Source: tradingeconomics.com

Le rapport explique: « La croissance de l’emploi a été sévèrement impactée par le manque de main d’œuvre, qualifiée ou non… Si cette faiblesse persiste, de nouvelles mesures politiques deviendront nécessaires.» À en juger par les déficit fiscaux chinois pour l’année, la pression pourrait déjà se faire sentir. D’après l’enquête, 16% des entreprises ont commencé à réduire leurs effectifs.

Le secteur minier est aussi en difficulté: plus d’entreprises reconnaissent être en déficit de revenus que dégageant des bénéfices.

Des stimulus inefficaces
Le CBB expose aussi l’inefficacité des stimulus fiscaux et financiers. En effet, deux secteurs souvent utilisés pour réduire les dépenses d’État, à savoir les transports et la construction liées aux transports n’ont pas généré de profits, en plus d’avoir vu fondre leurs revenus. L’ industrie navale est le secteur le plus en difficulté, avec plus d’entreprises en baisse de revenus que d’entreprises en hausse.

D’un point de vue financier, les taux d’intérêts de la Chine ont été cette année réduits à six reprises. Malgré cela, le mécanisme de transmission des crédits est rendu inopérant par l’absence d’emprunts sociétaux. D’après le rapport, « la part des entreprises ayant eu recours à des emprunts a atteint 14%, en débit des faibles taux d’intérêts bancaires.» Sur les quatre années d’existence de l’enquête, le pourcentage des firmes recourant à l’emprunt a baissé de presque deux-tiers.

C’est « à la fois une bonne chose d’engager une restructuration et une mauvaise chose pour la croissance à court-terme.» Sans surprise, le nombre d’entreprises ayant déclaré une augmentation des dépenses de capitaux a aussi atteint un plancher historique.

Sur les marchés financiers, le rapport du CBB montre une baisse significative des crédits : les cessions s’élèvent à 9%, tandis que le nombre d’émissions a été réduit par deux par rapport au troisième trimestre. Les prêts bancaires sûrs sont dépréciés par rapport au précèdent trimestre; les prêts à risque sont quant à eux mieux valorisés. On observe aussi un scénario classique de prêts sélectifs, accordés à des créditeurs fiables, qui n’ont pas un besoin d’argent vital. L’immobilier semble être aussi plus ou moins stable et les constructions individuelles seraient même en augmentation.

Un autre détail positif est la vente au détail, en augmentation pour 46% des entreprises. Dans la bonne direction certes, mais tout de même en ralentissement par rapport au précèdent trimestre. Donc la consommation n’est pas encore à plat, mais n’est pas prête à maintenir le navire à flot, comme les législateurs essayent de le faire croire.

Comme Epoch Times l’a récemment rapporté, le régime essaye de stimuler son système par tous les moyens. Mais l’état des lieux dressé par le CBB n’est pas si optimiste quant au fait que cela puisse être viable. Les enquêteurs pressent la Chine de se réformer. « Certains choix politiques ne marcheront simplement pas… Il est grand temps que la ‘mafia stimulatrice’ ré-envisage ses réponses pavloviennes. Réformer ou faire faillite.»

À propos du CBB, il repose sur des données quantitative et qualitative afin d’estimer l’évolution réelle de l’état des entreprises, secteurs clefs et régions, d’un trimestre à l’autre en Chine. Publié quatre fois par un, il analyse les données de plus de 2 100 entreprises et 160 banques à travers la Chine, en plus d’entretiens avec des cadres de niveau C à travers tout le pays.

Version anglaise: Exclusive On-the-Ground Data Shows China’s Economy Crashed in Q4

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