Les deux membres du « groupe AZF » condamnés à de la prison ferme

Par Epoch Times avec AFP
16 février 2024 16:25 Mis à jour: 16 février 2024 17:19

Les deux protagonistes du « groupe AZF » jugés par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir menacé, il y a 20 ans, de faire exploser des engins explosifs sur des voies ferrées contre une forte rançon, ont été condamnés vendredi à des peines de prison ferme.

Ils pourront accomplir leur peine ferme à domicile sous bracelet électronique, a précisé le tribunal. La 14e chambre du tribunal correctionnel a suivi à la lettre les réquisitions du parquet, qui avait requis de la « fermeté » à l’encontre des deux prévenus, Michel D. et Perrine R., un ancien chef d’entreprise à la retraite de 76 ans et une de ses anciennes employées, aujourd’hui peintre en bâtiment, âgée de 61 ans. Michel D. a été condamné à 5 ans de prison dont un an avec sursis et sa complice à 3 ans de prison dont deux ans avec sursis.

Tout en se prononçant pour de la prison ferme à son encontre, le tribunal a reconnu que le discernement de Perrine R. avait été altéré au moment des faits et l’a relaxée des charges pesant sur elle concernant la fabrication d’explosifs. Aucun des deux prévenus n’a d’antécédents judiciaires. « C’est un miracle dans sa situation », avait fait remarquer l’avocat de Perrine R., Me Jean-François Morant décrivant « la vie cabossée » de sa cliente.

Née de père inconnu, ayant subi une enfance misérable en foyers, des relations souvent toxiques, des addictions innombrables y compris à l’éther, Perrine R. n’a jamais cherché à minimiser son rôle. Elle a assuré au tribunal avoir agi « en pleine conscience » et par conviction pour « un projet humaniste ». Au procès, Michel D., « un professeur Tournesol » selon son avocate Lucile Collot, a répété qu’il comptait sur la rançon pour se lancer dans la fabrication d’un « moteur à eau ».

5,8 millions d’euros au titre des dommages et intérêts

Les deux ex-membres du « groupe AZF » devront en outre verser solidairement à la SNCF 5,8 millions d’euros au titre des dommages et intérêts réclamés par la société au titre du préjudice matériel subi et un euro symbolique chacun au titre du préjudice moral. Leurs avocats ont indiqué qu’ils feraient appel concernant les intérêts civils demandés par la SNCF.

L’affaire avait éclaté fin 2003 quand un groupe inconnu dénommé « AZF » – du nom de l’usine dont l’explosion avait causé la mort de 31 personnes à Toulouse en 2001 – avait assuré avoir enfoui « une série de bombes » sous le ballast de voies ferrées et promettait de les faire exploser à défaut du versement par l’État d’une rançon de 4 à 8 millions d’euros.

Les menaces avaient été prises très au sérieux à l’Élysée et au ministère de l’Intérieur, qui avaient reçu entre décembre 2003 et mars 2004 neuf lettres signées « AZF », une organisation se présentant comme « groupe de pression à caractère terroriste secrètement créé au sein d’une confrérie laïque à spécificité éthique et politique ».

Les deux bombes placées sur les voies 

Pour communiquer avec la police, le groupe se servait des petites annonces sentimentales du journal Libération. Il avait choisi comme pseudonyme « Mon Gros Loup » tandis que la police était surnommée « Suzy ».

Sur les indications du groupe, les autorités avaient retrouvé le 21 février 2004 une première bombe – « sophistiquée » et en état de fonctionner – sur la ligne Paris-Toulouse, à hauteur de Folles (Haute-Vienne). Une seconde bombe avait été découverte fortuitement par un agent SNCF le 24 mars 2004 dans l’Aube sur la voie Paris-Troyes-Bâle. Le lendemain, « AZF » annonçait par courrier aux autorités la suspension de son action.

L’enquête pour identifier qui se cachait derrière le « groupe AZF » est restée au point mort jusqu’en septembre 2017 quand l’ex-compagnon de Perrine R. a dénoncé les deux protagonistes à la gendarmerie. Interpellés en juin 2018, Michel D. et Perrine R. ont aussitôt reconnu les faits.

Au cours du procès, Michel D. a insisté sur le fait que les deux bombes placées sur les voies n’étaient pas destinées à exploser. Mais « personne ne peut sérieusement affirmer qu’il n’y avait aucun risque », lui a répondu le procureur.

Michel D. et Perrine R. étaient jugés pour association de malfaiteurs et fabrication et détention sans autorisation d’engins explosifs. Le tribunal a relaxé Perrine R. concernant la fabrication d’explosifs.

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