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Les États-Unis pourraient se dissocier de la Chine si le différend sur les terres rares persiste

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Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, prononce un discours intitulé « Game Plan for US Investment » en marge des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale lors du forum CNBC Invest in America, à Washington D.C., le 15 octobre 2025.

Photo: BRENDAN SMIALOWSKI/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Commentant le différend en cours entre Washington et Pékin au sujet des exportations de terres rares, le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a déclaré lors d’une conférence de presse le 15 octobre que si la Chine refusait d’être un partenaire commercial fiable, les États-Unis et leurs alliés pourraient n’avoir d’autre choix que de se dissocier.
Tout en soulignant que cette « décorrélation » — c’est-à-dire la rupture totale, ou presque, des liens commerciaux — ne constituait pas l’objectif de Washington, M. Bessent a précisé qu’elle pourrait devenir inévitable compte tenu de l’attitude de Pékin dans le bras de fer actuel sur l’approvisionnement en terres rares.
Il a noté que les constructeurs automobiles américains avaient récemment signalé un ralentissement des livraisons d’aimants produits en Chine contenant des terres rares, les autorités chinoises fournissant, selon lui, des explications peu crédibles à ces retards.
« Si la Chine veut être un partenaire peu fiable pour le monde, alors le monde devra se dissocier », a-t-il déclaré. « Le monde ne veut pas se dissocier ; nous voulons réduire les risques. Mais de tels signaux sont ceux d’une décorrélation, que nous ne pensons pas souhaitée par la Chine. Et encore une fois, nous ne voulons pas nous dissocier. Nous devons travailler ensemble pour réduire les risques et diversifier les chaînes d’approvisionnement hors de Chine aussi rapidement que possible. »
En avril, Pékin a élargi sa liste de contrôles à l’exportation pour y inclure sept terres rares et des aimants fabriqués à partir de trois d’entre elles, ébranlant les chaînes d’approvisionnement mondiales dans les secteurs de la défense, de l’électronique et de l’automobile. Cette mesure faisait suite aux lourds tarifs douaniers imposés par le président Donald Trump sur les produits chinois dans le cadre d’un rééquilibrage des relations commerciales jugées inéquitables par son administration, ainsi que pour freiner les flux de fentanyl vers les États-Unis.
Depuis, les exportations de terres rares ont connu de fortes fluctuations. En juillet, Washington et Pékin étaient parvenus à un cadre d’accord pour faciliter les expéditions, suspendant la plupart des droits de douane pendant 90 jours. Mais les perturbations ont persisté : le 9 octobre, la Chine a ajouté cinq nouveaux éléments de terres rares et des dizaines de technologies de transformation à sa liste de substances restreintes, provoquant l’alarme à Washington. Le président Trump a alors accusé Pékin d’actions « sinistres et hostiles » et menacé d’imposer un nouveau tarif de 100 % sur les produits chinois.
Le 15 octobre, M. Bessent a déclaré que les discussions avec ses homologues chinois se poursuivaient, réaffirmant la volonté de l’administration d’éviter une escalade.
« Comme l’a dit le président, nous voulons aider la Chine, pas lui nuire. Si certains au sein du gouvernement chinois choisissent de ralentir l’économie mondiale par des actions décevantes et de la coercition économique, c’est l’économie chinoise qui en souffrira le plus », a-t-il affirmé.
« Et qu’on ne s’y trompe pas : c’est la Chine contre le reste du monde. Elle a imposé ces contrôles inacceptables sur les exportations à l’ensemble de la planète. »
Lors d’une autre intervention à un événement organisé par CNBC, M. Bessent a souligné que l’élargissement des restrictions chinoises sur les terres rares mettait en évidence la nécessité pour les États-Unis de bâtir leurs propres chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques.
« Quand on entend une annonce comme celle de la Chine cette semaine sur les terres rares, on comprend que nous devons être autonomes, ou du moins autosuffisants avec nos alliés. Lorsqu’on fait face à une économie non concurrentielle comme celle de la Chine, il faut alors mener une politique industrielle », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que, pendant vingt ans, chaque fois qu’une entreprise d’une économie de marché lançait ou perfectionnait un processus industriel, la Chine intervenait pour casser les prix et faire disparaître la concurrence.
« Nous allons donc fixer des planchers de prix et procéder à des achats anticipés pour nous assurer que cela ne se reproduira pas. Et nous le ferons dans plusieurs secteurs », a ajouté M. Bessent.
Interrogé sur l’étendue de cette politique industrielle — notamment la possibilité que l’administration prenne des participations dans des entreprises pharmaceutiques ou de défense —, il a répondu qu’il n’en serait sans doute pas besoin.
« En tant que principal client, nous pourrions devoir les inciter à faire un peu plus de recherche… et à racheter quelques actions », a-t-il indiqué.
Face aux critiques qualifiant de telles mesures de « socialistes » ou accusant le gouvernement de « choisir les gagnants et les perdants », M. Bessent a insisté sur la nécessité de la retenue.
« Nous devons être très prudents pour ne pas aller trop loin », a-t-il déclaré. « Nous devons revenir en arrière et examiner : ‘Avons-nous atteint notre objectif ?’ puis passer à autre chose. »
Selon lui, des années d’absence de politique industrielle rigoureuse ont permis à la Chine d’imposer sa domination sur le marché des terres rares et laissé les États-Unis exposés.
« Nous devons rester vigilants. Pendant vingt à vingt-cinq ans, nous ne l’avons pas été », a-t-il reconnu. « La principale entreprise chinoise de terres rares appartenait autrefois à General Motors. Les Chinois l’ont rachetée en 1995. Le CFIUS, que je préside — le Comité pour l’investissement étranger aux États-Unis — avait exigé qu’elle reste implantée en Amérique pendant cinq ans. Devinez ce qui s’est passé ? Cinq ans et un jour plus tard, elle est repartie en Chine. »
M. Bessent a conclu : « Cela s’est produit parce que personne ne surveillait. Tout le monde dormait au poste. Cette fois, nous ne dormirons pas au poste. »
Tom possède une vaste expérience du journalisme, de l'assurance-dépôts, du marketing et de la communication, ainsi que de l'éducation des adultes. Le meilleur conseil en écriture qu’il ait jamais écouté est celui de Roy Peter Clark : « Atteignez d'abord votre objectif » et « gardez le meilleur pour la fin ».

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