La désinformation sur l’affaire Kyle Rittenhouse inonde les médias sociaux et les chaînes de télévision

Par Zachary Stieber
23 novembre 2021 22:16 Mis à jour: 29 novembre 2021 13:31

Kyle Rittenhouse a tiré sur trois hommes noirs. Kyle Rittenhouse a traversé les frontières de l’État avec une arme. Kyle Rittenhouse avait un AK-47. Ces affirmations constituent trois exemples de fausses informations diffusées sur Kyle Rittenhouse, dont le procès s’est terminé la semaine dernière par un acquittement.

Des personnalités influentes, notamment des parlementaires et des journalistes, sont à l’origine de certaines de ces fausses informations – et globalement de toute une stratégie de désinformation – qui laissent perplexes les experts.

Dans l’émission « Face the Nation » de CBS News, le 21 novembre, le journaliste Mark Strassman a déclaré sans examen sérieux des circonstances que Kyle Rittenhouse « était venu de l’Illinois armé pour la bataille ». Le 11 novembre, dans l’émission « Cuomo Prime Time » de CNN, Cornell William Brooks, professeur à l’université de Harvard, a affirmé sans fondements que Kyle Rittenhouse portait un AK-47. Par ailleurs, récemment, The Independent a rapporté insidieusement que Kyle Rittenhouse avait abattu trois hommes noirs.

Kyle Rittenhouse, âgé de 17 ans lors des faits, a tiré sur trois hommes, dont deux atteints mortellement, avec un AR-15 à Kenosha, dans le Wisconsin, le 25 août 2020. Tous étaient blancs. L’arme avait été achetée par un ami vivant à Kenosha, et c’est là que l’adolescent, venant de l’Illinois, l’avait récupérée.

Kyle Rittenhouse a invoqué la légitime défense et le jury lui a donné raison, l’innocentant de toutes les charges après que des séquences vidéo et des témoignages au cours du procès ont montré qu’il avait été attaqué par tous les hommes sur qui il avait tiré.

« Dès que la situation de Kyle Rittenhouse s’est produite à Kenosha, les médias ayant pignon sur rue ont immédiatement créé un récit qui allait dans le sens de ce qui les arrangeait. Comme nous le savons maintenant, cela a conduit à un bon nombre de descriptions complètement fausses et d’erreurs à ce moment-là », a écrit Jeffrey McCall, professeur de communication à l’université DePauw, dans un e-mail à Epoch Times.

« Aujourd’hui, ces médias sont tellement attachés à ce récit qu’ils ne peuvent pas se résoudre à corriger les erreurs formulées précédemment ni fournir les détails précis. Cela montre non seulement que certains médias travaillent avec des récits idéologiques prédéterminés, mais aussi qu’ils sont trop négligents pour rapporter les faits tels qu’ils ont été présentés durant le procès lui-même », a-t-il écrit.

Ryan Chittum, ancien journaliste et critique des médias à la Columbia Journalism Review, admet que certains des médias traditionnels ont fait de l’excellent journalisme sur l’affaire Kyle Rittenhouse, notamment le New Yorker, « mais ce n’était qu’une infime minorité dans un océan de reportages tendancieux, faux et souvent malveillants, destinés à cadrer avec un narratif idéologique ».

« À bien considérer les choses, la presse a été une force destructrice dans cette histoire. Ceci depuis le début, dès la couverture des tirs sur Jacob Blake qui ont tout déclenché et dont nous savons qu’ils étaient légitimes, mais aussi lorsque les 50 millions de dollars de dégâts causés par les émeutiers de Kenosha ont été minimisés, ou lorsque Kyle Rittenhouse a été dépeint de manière diffamatoire ainsi que les détails de l’affaire », a-t-il écrit à Epoch Times dans un message Twitter.

« Il y a eu d’innombrables dommages journalistiques à l’époque de Donald Trump, mais celui-ci est manifestement le plus téméraire de tous. »

Kyle Rittenhouse a tiré sur les trois hommes durant les émeutes qui ont suivi la confrontation entre Jacob Blake et un policier, résultant sur des coups de feu de la part du policier, dans la même ville.

Jacob Blake était armé d’un couteau. Des séquences vidéo montrent qu’il a résisté à son arrestation. Il venait de visiter le domicile d’une ex-petite amie qui l’avait par le passé accusé d’agression sexuelle et abandonné l’accusation. En janvier, les procureurs ont décidé de ne pas inculper le policier, qui semblait avoir tiré par légitime défense. Le mois dernier, le ministère de la Justice a annoncé qu’il mettait fin à l’enquête et acquittait l’agent de toutes les charges retenues contre lui.

Jacob Blake a survécu aux balles, bien qu’il soit partiellement paralysé. Pourtant, la semaine dernière, certains l’ont déclaré morts notamment Jalen Rose d’ESPN et Terry Moran d’ABC.

« Je me suis mal exprimé et je me suis rapidement corrigé, à l’antenne, dès que j’ai pu. Je m’excuse pour cette erreur », a écrit Terry Moran sur Twitter.

Dans cette vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par son avocat Ben Crump, Jacob Blake s’exprime depuis son lit d’hôpital à Kenosha, dans le Wisconsin, le 5 septembre 2020. (Compte Twitter de l’avocat Crump/AFP via Getty Images)

Le représentant Sean Patrick Maloney (Démocrate-New York), président du Comité de campagne du Parti démocrate au Congrès, a affirmé que Jacob Blake était mort et qu’il n’était pas armé. Le comité a ensuite envoyé une déclaration corrigée de M. Maloney : « Toutes nos excuses », a écrit Chris Hayden, son directeur de communication, sur Twitter.

La déclaration de M. Maloney a particulièrement retenu l’attention de Jeffrey Blevins, professeur au département de journalisme de l’université de Cincinnati, qui travaille à la rédaction d’un livre sur l’expansion de la désinformation.

« Je pense que bien souvent, la gauche politique a tendance à penser que les informations erronées, les fake news, la désinformation, sont quelque chose qui est uniquement imputable à la droite politique. Et ce n’est tout simplement pas le cas », a expliqué M. Blevins à Epoch Times.

Il arrive que des personnes ayant peu d’audience diffusent des informations erronées, mais les dommages sont bien plus conséquents lorsqu’elles viennent de personnalités influentes, telles que les parlementaires.

« Lorsque nous pensons aux gens influents – et les hommes politiques entrent dans cette catégorie, et bien sûr le président du Comité démocrate de campagne au Congrès – leur compte officiel est habituellement considéré comme une source fiable », poursuit-il. « Quand ils publient de telles choses, ça marque les esprits. »

Les fausses allégations ont atteint des dizaines de millions de personnes sur Twitter, puis elles ont été relayées à travers tout le pays. Les émissions d’ESPN, CBS, CNN et ABC réunies comptent tout autant leurs téléspectateurs par millions.

Parmi les victimes de la désinformation ou d’affirmations douteuses, on trouve deux professeures pourtant reconnues par les médias comme des spécialistes de la lutte contre les fake news.

La première, Lisa Fazio, professeure de psychologie à Vanderbilt, a partagé une vidéo d’Amber Ruffin (animatrice d’une émission sur NBC) énonçant toute une série d’affirmations fausses et sans fondements. Le fait, par exemple, que Kyle Rittenhouse avait ramené le fusil illégalement d’un autre État. Depuis le 19 novembre, la vidéo de la jeune animatrice a été visionnée plus de 7,7 millions de fois et relayée par des personnalités influentes, telle la députée Ilhan Omar (Démocrate-Minnesota).

La seconde, Shannon McGregor, professeure à la Hussman School of Journalism and Media de l’Université de la Caroline du Nord-Chapel Hill, a partagé un tweet qualifiant Rittenhouse de « blanc ouvertement suprématiste », une affirmation ne reposant sur aucun fait avéré.

Selon M. Blevins toute cette situation n’est pas sans rappeler ce qui s’était passé en 2019, lorsqu’une brève vidéo de Washington, soigneusement  montée, avait été largement relayée par les médias et les internautes.

Sur cette vidéo, Nick Sandmann, un lycéen du Kentucky, se trouvait dans la capitale avec des camarades de classe. Le film avait été diffusé avec des commentaires signalant à tort qu’il avait cherché querelle à un Amérindien, Nathan Phillips. Mais les images vidéo qui étaient apparues par la suite prouvaient l’exact contraire, c’était lui qui avait été brutalisé. De nombreux médias ont publié des corrections, et certains ont même offert à Nick Sandmann de régler les procès en diffamation.

La personne qui a publié la vidéo à l’origine avait peu de followers, mais sa vidéo a largement été diffusée, a noté M. Blevins.

« Les gens semblent si impatients de faire part de leur point de vue sur les médias sociaux, et c’est probablement ce qui s’est passé ici, qu’ils oublient des éléments importants du contexte, [ils oublient également que] cela peut vraiment faire des vagues », a-t-il déploré.

M. Blevins a encouragé les gens à être plus prudents, se souvenant de ses propres réflexes en visionnant la vidéo de Nick Sandmann. Il savait qu’il fallait attendre avant de la partager ou de la poster, conscient que par le passé, des informations non confirmées avaient été diffusées à grande échelle, se révélant incorrectes par la suite.

La chaîne de télévision CBS n’a pas pu être jointe pour un commentaire, elle a récemment rectifié les propos de Mark Strassman. ESPN a refusé de commenter. Twitter, CNN, Brooks, The Independent, Lisa Fazio, Shannon McGregor et Ilhan Omar n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.


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