Les messages importants d’«Oppenheimer» pour notre temps

Par Wesley J. Smith
17 août 2023 16:52 Mis à jour: 17 août 2023 16:52

« Oppenheimer » est le meilleur film produit par Hollywood depuis « Le Parrain ». Le film raconte brillamment comment le physicien théoricien et génie J. Robert Oppenheimer a conduit les efforts impérieux des États-Unis pour développer la bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale, dont l’aboutissement a été la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki et qui a fait entrer le monde dans l’ère atomique.

Le film est captivant par l’histoire (en grande partie) vraie qu’il raconte, par les tours de force des acteurs principaux et de second plan, par l’écriture brillante et par la splendeur de la cinématographie. Mais, comme tout grand art, ce film suscite chez le spectateur des réactions qui vont au-delà de ce que le cinéaste aurait pu souhaiter. À mes yeux, même si l’histoire se déroule entre les années 1920 et 1950, le film a mis en lumière deux leçons de prudence particulièrement pertinentes pour les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons aujourd’hui, en 2023.

La nécessité de réglementer les technologies apocalyptiques

Après l’explosion de la bombe atomique, Oppenheimer s’est senti terrifié par le potentiel de destruction du monde que représentait la prolifération nucléaire, à propos de laquelle il s’est lamenté : « Maintenant, je suis devenu la mort, le destructeur des mondes ». Il s’est particulièrement opposé au développement de la bombe à hydrogène, qui est exponentiellement plus puissante que les armes à l’uranium. Plutôt que de construire des bombes de plus en plus puissantes à l’approche de la guerre froide, Oppenheimer a exhorté le président Harry Truman à poursuivre les négociations avec l’Union soviétique pour limiter le développement et le déploiement d’armes nucléaires de pointe.

Oppenheimer était naïf au sujet des Soviétiques, et le président Truman a eu raison de ne pas tenir compte de ses conseils, le qualifiant même de « scientifique pleurnichard ». Mais le grand scientifique avait raison quant à la nécessité d’instaurer des contrôles internationaux pour réglementer une technologie aussi potentiellement destructrice, tout en permettant des utilisations bénéfiques. Et l’énergie atomique était et reste très réglementée. En effet, les traités interdisant les essais, les limitations vérifiables des engins explosifs et les accords de non-prolifération nous ont empêchés d’aller au bord du gouffre.

Hélas, nous avons oublié cette leçon importante. Les scientifiques développent de nouvelles technologies plus puissantes que l’énergie atomique. Prenons l’exemple de l’intelligence artificielle. L’IA offre un potentiel énorme quant à l’amélioration des performances humaines. Mais, nous dit-on, elle pourrait aussi signifier notre fin si nous perdons le contrôle de nos propres ordinateurs, au point que 36% des experts en IA interrogés craignent que le développement de l’IA n’aboutisse à une « catastrophe de niveau nucléaire ».

Il en va de même pour la biotechnologie, qui nous permet de refaire le monde au niveau moléculaire. Ainsi, CRISPR, une technique d’édition de gènes facile à utiliser et permettant de remodeler n’importe quelle forme de vie sur la planète, pourrait être la clé pour traiter de terribles maladies génétiques et améliorer la résistance des cultures. Mais cette technique peut aussi détruire l’humanité, si un terroriste parvenait à créer par bioingénierie un agent pathogène capable de provoquer une grippe aviaire ou un fléau qui détruirait la production de denrées alimentaires.

À l’époque d’Oppenheimer, le monde avait la sagesse d’appliquer des contrôles significatifs sur l’énergie atomique. Mais alors que le pouvoir de l’IA se développe de manière exponentielle et que les bébés humains ont déjà été génétiquement modifiés – tout comme les animaux, les cultures et les bactéries – nous n’essayons même pas de négocier des protocoles internationaux constructifs pour garantir la sécurité du développement et du déploiement de ces technologies. Au lieu de cela, des « experts » se tordent les mains lors de symposiums et nous assurent que des lignes directrices volontaires sont suffisantes, tandis que les chefs de gouvernement restent largement muets. Notre refus de veiller à ce que notre éthique suive le rythme de nos prouesses technologiques illustre la lâcheté de notre époque.

Les dangers de la Cancel Culture

La seconde intrigue principale d’« Oppenheimer » raconte comment le scientifique s’est vu retirer son habilitation de sécurité en 1954 pour avoir exprimé des opinions défavorables sur le communisme dans les années 1930 et pour s’être opposé à la recherche sur la bombe H. La chute d’Oppenheimer n’a profité à personne. Non seulement la carrière du scientifique a été détruite et sa vie ruinée, mais le pays a été privé de son intelligence, de sa pensée hétérodoxe et de l’étendue de ses connaissances jusqu’à la fin de sa vie.

La répression de cette « mauvaise pensée » était alors connue sous le nom de « maccarthysme », du nom de son principal promoteur, le sénateur Joe McCarthy. Nous appelons aujourd’hui cette excommunication sociale la « Cancel Culture », et elle est tout aussi préjudiciable à ses victimes et à la société dans son ensemble aujourd’hui qu’elle l’était dans les années 1950.

La Cancel Culture étouffe la créativité, entrave le libre échange des idées et contrecarre le fonctionnement des mécanismes de contrôle et d’équilibrage des pouvoirs politiques. Elle peut conduire à des erreurs politiques tragiques. Prenons par exemple les débâcles de la politique anti-Covid. Lorsque l’establishment de la santé publique a appelé à enfermer la société pour lutter contre la pandémie, les idées dissidentes ont été étouffées et les penseurs hétérodoxes attaqués comme des théoriciens du complot et des charlatans.

Ainsi, lorsque les épidémiologistes Martin Kulldorff (Harvard), Sunetra Gupta (Oxford) et Jay Bhattacharya (Stanford) ont publié la déclaration de Great Barrington, en désaccord avec les confinements généralisés et la politique interdisant aux enfants d’aller à l’école, ils ont été calomniés par le Dr Francis Collins, directeur de l’Institut national de la santé, qui les a traités de médecins « marginaux ». Quant au Dr Anthony Fauci, il a cherché activement à discréditer les auteurs dans les médias au lieu de débattre ouvertement sur leurs idées.

Mais nous savons aujourd’hui qui avait le meilleur dossier. Les millions d’enfants dont l’éducation a été définitivement retardée auraient pu être dans une bien meilleure situation si la déclaration de Great Barrington n’avait pas été si impitoyablement rejetée. On pourrait en dire autant des fonctionnaires qui ont utilisé les réseaux sociaux pour étouffer l’opposition aux vaccins et aux masques, entraînant des licenciements massifs de militaires, de professionnels de la santé et d’enseignants, autant de domaines qui connaissent aujourd’hui une grave pénurie de personnel.

Le même rejet qu’a connu Oppenheimer sévit sur d’autres questions litigieuses qui bénéficieraient grandement d’un débat renforcé et non pas étouffé. Le changement climatique en est l’exemple même, avec un discours alarmiste unilatéral qui pousse aujourd’hui l’Irlande à envisager sérieusement l’abattage de 200.000 vaches laitières, alors que les États-Unis sont en train par ailleurs de se couper de leur propre indépendance énergétique.

La controverse sur les transgenres en est un autre exemple. Les idéologues du genre cherchent à punir les médecins et les défenseurs des politiques qui s’opposent aux « soins d’affirmation du genre », qui impliquent le blocage de la puberté et parfois même des interventions chirurgicales sur les enfants qui estiment ne pas appartenir au même sexe que celui qui leur a été attribué par la naissance. Les conséquences potentielles sur la santé sont incalculables et souvent irréversibles. En effet, je soupçonne que des milliers de victimes mutilées par cette médecine idéologique regretteront le jour où des arguments contraires ont été supprimés au lieu d’être débattus ouvertement.

Je recommande donc aux lecteurs de prendre le temps de voir « Oppenheimer ». Ce film ne raconte pas seulement une histoire passionnante et divertissante mettant en scène des personnalités historiques légendaires telles qu’Oppenheimer, Truman, Albert Einstein et Edward Teller, mais il propose également des vérités importantes et très pertinentes pour le moment présent. Espérons que nous aurons la sagesse de tenir compte des messages transmis par ce film. Le bien-être futur de l’humanité pourrait bien en dépendre.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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