Non aux meurtres pour des organes

Associer l'euthanasie au prélèvement d'organes est un phénomène qui prend de l'ampleur. La confiance du public en la médecine de transplantation dépend du maintien des normes éthiques les plus élevées

Par Wesley J. Smith
22 octobre 2023 11:16 Mis à jour: 22 octobre 2023 11:16

La pénurie d’organes destinés à la transplantation menace de donner naissance à des solutions immorales et contraires à l’éthique. Une terrible histoire venue de Belgique illustre ce péril.

Une jeune fille de 16 ans atteinte d’une tumeur au cerveau a demandé à être euthanasiée et à ce que ses organes soient prélevés. Seize ans ! Les médecins ont accepté. Elle a été mise sous sédatifs et intubée dans une unité de soins intensifs pendant 36 heures pour que ses organes puissent être « examinés », ce qui signifie probablement des examens par imagerie et des analyses de sang. Elle a ensuite été euthanasiée et ses organes ont été prélevés.

Trois points. Premièrement, une mineure terrifiée par son déclin a estimé pouvoir rendre service en faisant don de ses organes. Sans cette option, elle n’aurait peut-être pas pris cette décision.

Deuxièmement, pour autant que nous le sachions, la jeune fille n’a pas bénéficié de services de prévention du suicide ni d’assurance que des soins palliatifs auraient pu soulager ses symptômes.

Troisièmement, la sédation et l’intubation prolongées auxquelles elle a été soumise n’étaient pas dans son intérêt, mais pour permettre à ses organes d’être testés et de trouver des receveurs compatibles. En d’autres termes, au moins dans un certain sens, une fois que la jeune fille a demandé à faire don de ses organes, les parties de son corps sont devenues plus importantes que sa vie.

L’association de l’euthanasie et du prélèvement d’organes est un phénomène de plus en plus répandu en Belgique et aux Pays-Bas. Ces pays n’exigent pas que le patient/donneur soit en phase terminale. En effet, dans ces deux pays, les malades mentaux peuvent bénéficier d’une mise à mort médicalisée, ce qui signifie que des personnes qui ne devraient pas mourir avant de nombreuses années sont euthanasiées dans des hôpitaux, puis dépouillées de leurs organes.

Nos cousins culturels les plus proches au Canada – qui ont légalisé l’euthanasie en 2016 – sont allés encore plus loin sur la même autoroute utilitaire. Si un patient ontarien est accepté pour recevoir une injection létale – et encore une fois, cette personne n’a pas besoin d’être en phase terminale et, à partir de l’année prochaine, elle pourra être atteinte d’une maladie mentale – l’organisation qui supervise les dons d’organes (Trillium) doit être informée pour que son représentant puisse contacter la personne bientôt morte et lui demander son foie, ses reins, son pancréas, ses poumons et son cœur.

Il convient de noter que ces patients ne sont pas orientés vers des professionnels de la santé mentale pour éviter qu’ils ne se suicident. Le message clair que cette politique envoie aux Canadiens malades et handicapés suicidaires – avec le soutien actif de la communauté des greffes d’organes – est que leur mort a plus de valeur pour le Canada que leur vie. L’abandon est devenu si grossier que l’euthanasie a été décrite dans les médias canadiens comme une « aubaine » pour les dons d’organes.

Le danger de tuer pour obtenir des organes ne se limite pas aux pays où l’euthanasie est légale. Actuellement, la Commission des lois uniformes s’efforce de redéfinir la « mort cérébrale », ce qui pourrait permettre de prélever davantage d’organes que ne le permettent les procédures actuelles. (La question de savoir si la mort cérébrale est vraiment la mort est un sujet qui fera l’objet d’un autre article). Ce processus de redéfinition engagé a été interrompu pour l’instant. Mais cette impasse ne devrait pas nous permettre de nous reposer sur nos lauriers. Le philosophe utilitariste et bioéthicien de Princeton, Peter Singer, qui jouit d’une influence internationale, vient d’écrire une tribune publiée dans le monde entier pour défendre l’idée que les donneurs ne devraient pas être obligés d’être biologiquement décédés pour être prélevés.

En effet, M. Singer préconise de tuer pour obtenir des organes. Il demande : « Quand est-il justifiable de mettre fin à la vie d’un être humain ? ». Sa réponse : « Ce qui détermine s’il est justifié de considérer la vie d’une personne comme terminée, c’est la perte irrévocable de sa conscience : Une fois qu’elle s’est produite, la personne que la famille et les amis connaissaient et aimaient est partie pour toujours. »

Mais ces personnes ne sont pas des cadavres ! Ce sont des patients ! C’est à la fois une question de biologie de base et un élément fondamental de l’éthique médicale.

M. Singer (et de nombreux autres bioéthiciens qui ont émis des avis similaires) redéfinirait de manière non scientifique la mort, qui n’est plus un état biologique de non-être, mais un statut sociologique de moindre valeur, équivalent à « comme mort », ce qui déshumaniserait des personnes incontestablement vivantes. Plus grave encore, sa proposition établirait en droit le principe pernicieux qu’il existe des vies qui ne valent pas la peine d’être vécues. L’histoire nous montre amplement les graves dangers d’une telle pensée.

En outre, ce n’est pas comme si nous pouvions jamais savoir avec certitude qui est au-delà de la conscience. Les histoires de patients apparemment inconscients qui se « réveillent » de manière inattendue sont omniprésentes. De plus, les personnes que l’on croit inconscientes sont souvent éveillées et conscientes, mais incapables de communiquer. En effet, des études récentes montrent que peut-être 20% des personnes considérées comme inconscientes sont en fait éveillées. Au fur et à mesure que les études sur ce phénomène progressent et que les tests de cognition deviennent plus sophistiqués, ce pourcentage pourrait augmenter, ce qui signifie que même si l’on accepte la prescription toxique de M. Singer, des personnes qui ne rempliraient pas les conditions requises pour être tuées et prélevées pourraient être soumises à un sort horrible.

Et cela ne s’arrêterait pas là. Une fois que nous aurons établi le principe qui permet de tuer certaines personnes vivantes pour leurs organes, les catégories pouvant être prélevées ne manqueront pas de s’étendre au fil du temps. Il suffit de se pencher sur l’histoire du mouvement en faveur du suicide assisté et de l’euthanasie pour comprendre comment fonctionne ce processus. L’euthanasie et le suicide assisté, nous disait-on, seraient strictement limités aux mourants. Mais au fil du temps, les catégories se sont étendues dans certains endroits bien au-delà des malades en phase terminale. En outre, même dans les États américains où cette limitation subsiste, les lois ont été assouplies de manière à rendre un nombre croissant de personnes éligibles à l’euthanasie.

Enfin, on ne peut parler des crimes contre l’humanité commis en Chine, où les pratiquants de Falun Gong et d’autres prisonniers politiques sont tués pour alimenter le pernicieux marché noir d’organes humains du pays. L’Occident n’ira peut-être jamais aussi loin, mais déshumaniser les patients pour pouvoir obtenir leurs organes exposerait les personnes dévalorisées à une déshumanisation tout aussi mortelle.

Voici l’essentiel : La confiance du public en la médecine de transplantation dépend du maintien des normes éthiques les plus élevées. Je ne vois pas de moyen plus sûr de saper ce soutien que d’autoriser le meurtre pour obtenir des organes. En effet, si les gens venaient à croire que la communauté des transplanteurs est favorable au prélèvement d’organes vitaux sur des personnes vivantes, l’ensemble du secteur pourrait être confronté à un effondrement de la confiance du public, entraînant non pas une augmentation du nombre d’organes disponibles pour la transplantation, mais une diminution. Ce serait une catastrophe dont le secteur ne se remettrait jamais.

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