Logo Epoch Times

Exclusif

plus-iconShein et Temu

Les ministres de l’UE s’engagent à accélérer la fin de l’exemption de droits sur les colis bon marché utilisés par Shein et Temu

Le traitement en franchise pour les colis de moins de 150 euros pourrait disparaître dès l’an prochain, impactant des milliards d’envois venus de Chine.

top-article-image

Une photo prise le 24 avril 2025 montre les logos de l’application de commerce Taobao (2ᵉ à droite), d’AliExpress (gauche), de Shein (droite) et de la place de marché Temu sur l’écran d’un smartphone à Francfort, Allemagne.

Photo: KIRILL KUDRYAVTSEV/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 6 Min.

Les ministres des Finances de l’Union européenne ont convenu de mettre fin à l’exemption douanière sur les colis bon marché dès l’an prochain, et non plus en 2028 comme prévu, a annoncé la Commission européenne jeudi.
En vertu de la règle dite « de minimis », les biens importés d’une valeur inférieure à 150 euros sont exemptés de droits de douane. Ce dispositif a largement profité aux e‑commerçants positionnés sur des produits à bas coût venus de Chine, comme AliExpress, Amazon, Shein et Temu.
En annonçant la décision d’accélérer la suppression du seuil de 150 euros, le commissaire européen au Commerce, Maroš Sefcovic, a affirmé que les entreprises européennes réclamaient depuis longtemps que la règle soit abolie « sans délai ».
Il a assuré que les ministres étaient « déterminés » à l’abroger « dès que possible l’an prochain ».
« La conclusion d’un accord politique abolissant le seuil de minimis douanier actuel de 150 euros est le signe fort que l’Europe prend au sérieux le principe de concurrence loyale et entend défendre les intérêts de ses entreprises », a‑t‑il insisté.
L’UE prévoyait initialement la suppression du seuil en 2028, dans le cadre de sa réforme douanière.
Selon le nouveau plan, une « solution simple et temporaire » sera mise en place pour collecter les droits sur les colis e‑commerce jusqu’en 2028, date d’entrée en vigueur de la réforme complète.
Ces changements nécessitent l’approbation du Parlement européen.
D’après la Commission, 4,6 milliards de colis de faible valeur ont été expédiés à destination des consommateurs européens en 2024, soit le double de 2023 (2,4 milliards) et plus du triple de 2022 (1,4 milliard).
Parmi ces chiffres, 4,17 milliards — soit 91 % — venaient de Chine, contre 1,9 milliard en 2023.
« Cette explosion coïncide avec la fulgurante croissance de certaines places de marché. Temu et Shein, en particulier, se sont imposés en UE, atteignant plus de 75 millions d’utilisateurs en quelques mois en 2024 », précise la Commission.
Le député européen Dirk Gotink, principal négociateur pour la nouvelle réglementation douanière, déclare : « Nous avons déjà reçu plus de colis que sur l’ensemble de l’année 2024, et Black Friday ainsi que Noël approchent à grands pas. »
Le Conseil européen estime que la règle de minimis a incité les entreprises hors UE à morceler les envois en petites unités, générant des problèmes environnementaux. Il juge également la règle exploitée, près de 65 % des petits colis étant sous‑évalués.
Epoch Times a sollicité Alibaba Group, Amazon, Shein et Temu pour obtenir leur réaction.
Plus tôt cette année, l’UE a constaté que Temu et AliExpress n’avaient pas correctement évalué et atténué les risques de diffusion de produits illégaux. Shein fait actuellement l’objet d’une controverse après la découverte de sex dolls à l’apparence enfantine sur son site.
L’avancée du calendrier pour supprimer l’exemption a été globalement saluée en Europe.
« Y mettre fin permettra de fermer des failles de longue date que certains exploitent systématiquement pour éviter les droits de douane », a commenté Stephanie Lose, ministre de l’Économie du Danemark.
Zalando, distributeur allemand, appelle à accélérer la suppression. Les fédérations du commerce et du e‑commerce en Suède et en Allemagne jugent la mesure essentielle pour une concurrence équitable ; Luca Sburlati, président du syndicat italien Confindustria Moda, estime que taxer les colis de moins de 150 euros est « crucial pour la survie de notre filière textile et habillement ».
Les États-Unis ont récemment supprimé leur propre politique de minimis, qui autorisait l’entrée hors taxe de colis de moins de 800 $ ; ce qui fait craindre un report vers l’Europe des importations chinoises bon marché.
Des pays membres commencent à instaurer des frais nationaux de traitement, poussant l’UE à agir plus vite sur sa propre politique de minimis.
La Roumanie propose un prélèvement de 25 lei (5 €) sur les petits colis, l’Italie veut introduire une taxe pour protéger son secteur de la mode, a indiqué le ministre de l’Industrie Adolfo Urso mercredi.
EuroCommerce, organisation réunissant commerçants et distributeurs européens, met en garde : des frais nationaux différents, au lieu d’un pour toute l’UE, viendraient fragiliser le marché unique. La Commission a proposé un tarif unique de 2 euros, sans calendrier de mise en œuvre ni certitude quant à son efficacité.
Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour, juge que cette redevance de 2 euros est « une plaisanterie ».
« En général, le marché s’ajuste… Un ou deux euros ne changeront pas vraiment l’attractivité de ces plateformes », a‑commenté Matteo Del Fante, PDG de Poste Italiane, qui traite des millions de colis annuellement en Italie.
Avec Reuters