Les mises en garde du SCRS devraient être prises au sérieux, selon un ex-agent

7 juillet 2015 11:00 Mis à jour: 17 octobre 2015 23:09

 

OTTAWA – Les agents d’influence – un terme d’espionnage pour désigner ceux qui défendent les intérêts d’un pays étranger furtivement ou à leur insu – sont parmi les éléments les plus difficiles à enquêter pour le SCRS. Ainsi, les mises en garde à ce sujet devraient être prises au sérieux.

Voilà le conseil de l’ex-agent de renseignement Michel Juneau-Katsuya, qui était auparavant responsable du bureau Asie-Pacifique au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Dans un entretien avec Epoch Times, M. Juneau-Katsuya affirme que le SCRS émet de telles mises en garde seulement lorsque les informations ne font aucun doute et qu’il y a une nécessité d’agir.

«Le SCRS ne va pas de manière désinvolte révéler quelque chose à propos d’un individu s’il n’y a pas une tonne de preuves pour démontrer ce qui est avancé, car le SCRS connaît les répercussions», estime-t-il.

Parmi ces répercussions, on retrouve les dénonciations envers le Globe and Mail depuis qu’il a rapporté que le ministre ontarien de l’Immigration, Michael Chan, avait fait l’objet d’une mise en garde du SCRS.

Les propos de M. Juneau-Katsuya concernent les récents reportages du Globe indiquant que le SCRS avait averti le gouvernement ontarien en 2010 que Michael Chan, alors également un ministre du cabinet, était peut-être susceptible à l’influence de Pékin et entretenait des «liens étroits hors de l’ordinaire avec des responsables chinois».

Selon M. Juneau-Katsuya, de tels avertissements ne peuvent engendrer la xénophobie, une accusation lancée par certains des partisans de Michael Chan. L’ex-agent met aussi en garde contre la naïveté du public.

«Il est important d’écouter ce que le SCRS a à dire quand il vient vous voir», affirme-t-il.

Juneau-Katsuya estime que les Canadiens, et particulièrement les représentants élus, ne sont pas sensibilisés adéquatement à la question des agents d’influence, ou assez alertes par rapport aux activités d’espionnage internationales.

«C’est moitié naïveté, moitié manque d’éducation», ajoute-t-il.

Il blâme des «décennies d’ignorance» – entre autres, l’ignorance volontaire générée par des gouvernements successifs qui ne voulaient pas que les services de renseignement informent les politiciens ou la population – pour expliquer le manque actuel de conscientisation.

Le ministre ontarien de l’Immigration, Michael Chan, aurait fait l’objet d’une mise en garde du SCRS en raison de ses liens étroits avec Pékin. (Becky Zhou/ Epoch Times)
Le ministre ontarien de l’Immigration, Michael Chan, aurait fait l’objet d’une mise en garde du SCRS en raison de ses liens étroits avec Pékin. (Becky Zhou/ Epoch Times)

Agents chinois au Canada

L’ex-agent estime que des pays étrangers, particulièrement la Chine, mènent des activités de collecte de renseignements d’envergure au Canada. Selon lui, il y a un nombre important d’agents d’influence chinois actifs au Canada.

«La quantité d’espions qui a été déployée, la quantité d’agents d’influence qui a été déployée – c’est tout simplement phénoménal. C’est du jamais vu dans l’histoire du monde», avance-t-il.

«Ça débute avec la diaspora», explique-t-il. «Automatiquement, les gens à l’étranger doivent être contrôlés, les voix dissidentes doivent être éliminées, doivent être tues [pour que le régime chinois] puisse continuer ses activités constantes de séduction et d’espionnage international.»

Les efforts du régime chinois pour faire taire ses critiques au Canada sont colossaux. Le régime menace régulièrement les responsables canadiens qui critiquent le régime ou qui rencontrent des personnalités importantes comme le dalaï-lama.

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Il n’est pas rare également que les forces de sécurité chinoises menacent les familles en Chine de citoyens canadiens. Anastasia Lin, la Miss Canada Monde nouvellement couronnée, l’a découvert récemment lorsque son père a été menacé en Chine afin que sa fille cesse ses activités pour les droits de la personne.

Michel Juneau-Katsuya affirme qu’il y a un réseau bien organisé qui comprend l’ambassade et les consulats chinois, et qui s’étend dans la diaspora, impliquant des citoyens canadiens qui ont «vendu leur âme» au régime.

«Ils travaillent pour le gouvernement chinois, dans l’intérêt du gouvernement chinois, avant l’intérêt des Canadiens. C’est très, très inquiétant», affirme-t-il.

Il affirme que le volume d’espionnage, y compris les cyberattaques, est également très inquiétant, alors que chaque semaine on rapporte la découverte d’espions ou de brèches informatiques monumentales. L’agence américaine chargée des dossiers des employés fédéraux a été la cible de pirates informatiques chinois dernièrement, causant la fuite d’informations sur des millions d’employés.

Juneau-Katsuya affirme qu’il est inquiétant lorsque des responsables gouvernementaux rejettent nonchalamment les mises en garde du SCRS, ajoutant qu’ils sont souvent motivés par leurs intérêts personnels.

«Après tout, ils laissent ces personnes gravir les échelons, monter jusque dans la sphère d’influence, alors reconnaître [le problème] serait comme avouer qu’ils n’ont pas fait leur travail», explique-t-il.

Michael Chan a menacé d’intenter une poursuite contre le Globe and Mail si le quotidien ne se rétracte pas et n’offre pas ses excuses à M. Chan qui qualifie ces articles de fausses allégations à son égard.

Le rédacteur en chef du Globe, David Walmsley, a défendu les reportages et il a annoncé que d’autres articles allaient être publiés sur le sujet.

Version originale : Former Spy: CSIS Warnings on Agents of Influence Should Be Taken Seriously

 

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