L’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin anime une émission chinoise de propagande pro-régime et justifie le contrôle strict de l’internet en Chine

Par Ludovic Genin
26 novembre 2019 12:35 Mis à jour: 4 juin 2020 11:37

En septembre dernier, à l’occasion des 70 ans du régime communiste chinois, Jean-Pierre Raffarin recevait une médaille honorifique des mains de Xi Jinping. Selon les médias d’État chinois, l’ex-Premier ministre et ancien sénateur a su utiliser «toute occasion et plateforme pour promouvoir et présenter la Chine». Le travail de Jean-Pierre Raffarin dans la promotion de la « grandeur » de la Chine n’a en effet que peu d’égal, à tel point que la DGSI surveille aujourd’hui ses liens avec le régime chinois.

Depuis qu’il a quitté Matignon en 2005, Jean-Pierre Raffarin n’a pas manqué un seul déplacement présidentiel à Pékin et ni une occasion de se rapprocher du régime chinois.

Alors que le gouvernement Macron le nommait le 15 janvier 2018 « Représentant spécial entre la France et la Chine pour le commerce », l’ex-Premier ministre et sénateur rejoignait le conseil d’administration de l’équipementier automobile Plastic Omnium en Chine, premier marché automobile mondial avec un chiffre d’affaires agrégé de 1,2 milliard d’euros en 2017.

(LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

En 2012, il devenait membre du conseil stratégique de la France China Foundation, une « plate-forme de dialogue » entre les leaders français et chinois. On y retrouve à ses côtés Jacques Attali, Laurent Fabius, l’actuel Premier ministre Édouard Philippe, Cédric Villani … et un certain Emmanuel Macron qui avait été un des premiers « Young Leaders » en 2013. Cette fondation a pour vocation de « favoriser le développement de liens durables et amicaux » entre des personnalités françaises et le régime chinois.

Pendant les deux quinquennats Sarkozy et Hollande, l’ancien premier ministre suivra d’ailleurs les délégations des deux présidents dans tous les déplacements en Chine – sa collaboration étant ardemment souhaitée par la Chine.

En 2003, alors que l’épidémie du Sras faisait des ravages en Chine et était camouflée par Pékin aux yeux du monde entier, Jean-Pierre Raffarin s’y déplacera sur la demande de Jacques Chirac, ceci malgré l’annulation des déplacements du chancelier allemand et du Premier ministre britannique. Cette visite redonnera de la légitimité à la Chine sur la scène internationale, avec l’espoir d’obtenir de plus gros contrats commerciaux avec la France. La délégation avait cependant été amputée de moitié et était restée dans un hôtel 5 étoiles aseptisé, avec des mesures sanitaires élevées.

Toutes ces connexions avec la Chine ont valu récemment à l’ancien Premier ministre toute l’attention de la DGSI, le service de renseignements français chargé du contre-espionnage et de la protection du patrimoine économique national. Selon Valeurs actuelles, il « clignote » à la Sécurité intérieure, notamment quand il prône un « grand basculement » des alliances économiques de la France de l’ouest vers l’est. Certains se demandent aujourd’hui s’il n’est pas instrumentalisé par le régime chinois. Certains se demandent « s’il n’est pas instrumentalisé. Et si oui, s’il l’est sciemment « .

Sur le plateau C à Vous, l’ex-Premier ministre défend le contrôle strict d’internet du régime chinois

Interrogé sur le plateau de C à Vous le 20 novembre dernier, l’ex-Premier ministre essayait tant bien que mal de justifier l’utilité de la censure chinoise. Il écrit notamment dans son dernier livre : «Le contrôle strict d’internet, n’est pas si mauvais, il a permis au gouvernement de mieux saisir le mécontentement de la population sur la pollution.».

Selon L’Obs, la Chine est devenue une nouvelle dictature high tech. Les hauts fonctionnaires veulent créer un système généralisé de contrôle humain via la haute technologie capable de régir tous les aspects de la vie d’un milliard et demi d’hommes et de femmes. Selon L’Obs, « ce rêve, qui était celui de Staline et de Mao et au nom duquel des millions de vies ont été saccagées, Xi Jinping est aujourd’hui en passe de le réaliser ».

Une émission à la gloire de la Chine sur la télévision officielle chinoise

Depuis plus d’un an, l’ancien Premier ministre présente également une émission sur la télévision d’État chinoise CGTN, anciennement CCTV, édulcorant la propagande officielle du régime communiste.

Dans une vidéo publiée par France 24, « Jean-Pierre Raffarin au service de la propagande chinoise », on voit l’ex-Premier ministre présenter la Chine de manière dithyrambique, sans jamais évoquer la dictature, les répressions au Tibet et Hong Kong, la surveillance généralisée de la population, l’enfermement des Ouïghours au Xinjiang, la persécution du Falun Gong, et encore moins la modification de la Constitution, qui permet au président Xi Jinping de rester dirigeant à vie.

Dans une interview à Centre Presse, l’ancien Premier ministre va jusqu’à défendre que la Chine a une histoire pacifique. Difficile tout de même de ne pas avoir entendu parler des 80 millions de morts du Grand Bond en avant et de la Révolution culturelle sous Mao et des atrocités commises par le régime communiste chinois depuis 1949. Selon lui « le problème, c’est que la démocratie manque souvent d’efficacité. Les régimes autoritaires font preuve d’un efficacité réelle ».

Jean-Pierre Raffarin reçoit la médaille d’honneur de la Chine pour les 70 ans du régime communiste

Jean-Pierre Raffarin a été décoré fin septembre 2019 avec 41 autres personnalités chinoises et étrangères durant une grandiose cérémonie au Palais du peuple de Pékin, à l’avant-veille du 70e anniversaire du régime communiste.

L’agence de presse de l’État chinois, Chine Nouvelle, loue alors en lui «un sinologue» qui «utilise toute occasion et plateforme pour promouvoir et présenter la Chine» et qui «promeut activement la paix et le développement du monde».

(GREG BAKER/POOL/AFP via Getty Images)

« Cela fait 50 ans que je viens en Chine. Ces 10 dernières années, j’ai accompagné plus de 10.000 entreprises » françaises, a déclaré à l’AFP l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, se présentant en inlassable « médiateur » entre Paris et Pékin.

« J’ai fait sans doute au moins une bonne centaine de voyages ici durant ces cinq décennies », a souligné l’ex-chef du gouvernement(2002-2005), âgé de 71 ans.

Cette « Médaille de l’amitié » récompense notamment les personnalités ayant « fortement contribué à la promotion des échanges » entre la Chine et l’étranger. Le premier lauréat avait été le président russe Vladimir Poutine en 2018. L’ancien dirigeant cubain Raul Castro a également reçu cette médaille en septembre dernier.

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