L’héritage des empereurs chinois ayant réussi à conquérir le coeur des gens

5 juillet 2015 09:10 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:14

 

Qu’ils soient présidents, PDG, managers ou parents, ceux qui dirigent sont confrontés à devoir instaurer et maintenir leur autorité. Les terroristes utilisent la peur et le désespoir ; les politiciens font des chantages à n’en plus finir. Les parents laxistes cèdent aux caprices de leurs enfants à coups de jouets et de  bonbons.

Ces façons de procéder reflètent la volonté d’obtenir immédiatement; elles ne peuvent pas être des solutions à long-terme et leurs conséquences en sont désastreuses.

Qu’est-ce qui fait l’efficacité d’un leader et comment son héritage peut-il influencer les futures générations ?

Le temple du Ciel à Pékin, en Chine. (Wikimedia Commons)
Le temple du Ciel à Pékin, en Chine. (Wikimedia Commons)

Diriger par des principes, pas par la force
Dans son œuvre La République, le penseur antique grec Platon avait imaginé une cité utopique dirigée par un «  roi philosophe  ». Selon son enseignement sur le rationalisme, le roi s’efforcerait de cultiver des idéaux pour mettre en œuvre son règne. Il serait aussi insensible à ce que Platon appelle le «  phénomène  », c’est-à-dire la tentation d’une myriade d’évènements imprévisibles pouvant le faire réagir et par conséquent dévier de son chemin menant vers le haut.

Les monarques les plus importants et les plus respectés de la Chine antique dirigeaient leur empire en accord avec les principes de Confucius, transcendant les races, les classes sociales et les frontières pour promouvoir le mérite, la droiture et la maîtrise de soi.

Confucius a vécu il y a environ 2.500 ans, quelques décennies avant les Platoniciens en Grèce. La Chine traversait alors des dissensions et une guerre civile, appelée La période des Printemps et Automnes. Confucius aspirait au retour à l’harmonie au début de la dynastie Zhou (1046 av. J.-C. – 771 av. J.-C.), pendant laquelle le roi exerçait son pouvoir avec vertu, sur toute une catégorie de vassaux indépendants, qui en retour respectaient sa place sur le trône.

 Détail d'une peinture commémorant le second "voyage vers le sud" de l'empereur Kangxi en 1689.(Wikimedia Commons)

Détail d’une peinture commémorant le second « voyage vers le sud » de l’empereur Kangxi en 1689. (Wikimedia Commons)

Confucius a enseigné que même si la hiérarchie sociale et politique était un aspect souhaitable de la civilisation, chaque individu – du paysan au prince – était tenu aux mêmes principes moraux universels de piété filiale, bienveillance, justice, droiture, sagesse et loyauté.

Mettre l’accent sur les valeurs plutôt que sur la force est ce que préconise également «  Les règles des étudiants  » (The Rules of Students), un ouvrage éducatif du 16e siècle célèbre pour avoir résumé de manière poétique les principes de Confucius  :

«  Si les gens sont contraints par la force, leur cœur sera révolté  ; seulement s’ils sont contraints par des principes alors il n’y aura pas de voix pour exprimer le désaccord.  »

Il n’y a pas de raccourcis pour diriger
Abraham Lincoln a parlé du pouvoir comme un test sur la personnalité de  l’homme. Quelqu’un peut avoir le pouvoir, mais c’est seulement en l’utilisant pour exprimer sa force intérieure et sa capacité à supporter, que ses actions seront efficaces et son héritage respecté.

En 1662, l’empereur Kangxi âgé de 8 ans, débuta son règne de 61 années en la Chine. Vingt ans plus tôt, son peuple, les Mandchous, avait pénétré la Grande Muraille et conquis la Chine, établissant la dynastie Qing (1644-1912).

L'empereur Kangxi de la dynastie Qing, âgé de 40 ans. (Wikimedia Commons)
L’empereur Kangxi de la dynastie Qing, âgé de 40 ans. (Wikimedia Commons)

Kangxi savait que le peuple Han, qui constituait l’écrasante majorité de la population chinoise, n’était pas enjoué à l’idée d’être dirigé par les conquérants mandchous. Plutôt que d’abandonner le trône ou de forcer les Han à abandonner leurs coutumes, Kangxi a étudié l’enseignement des sages confucéens. Il a conduit une politique éclairée basée sur des principes acceptables par toutes les populations de l’empire.

Alors que les mariages au sein de la famille impériale Qing n’étaient accessibles qu’aux Mandchous, Kangxi et sa cour ont respecté les méthodes bureaucratiques des Chinois comme la réussite par le mérite, qui permettait à n’importe quelle personne dotée d’une éducation sans commune mesure de devenir membre du gouvernement.

Pendant et après le règne de Kangxi, les Mandchous ont progressivement appris à cohabiter avec la population locale des Han. Les échanges entre les deux peuples, unifiés par les traditions antiques de gouvernance et d’éducation que Kangxi et ses descendants avaient intégré, ont contribué à l’enrichissement de l’ensemble de la civilisation chinoise.

L'empereur Kangxi, appelé aussi le "Roi-Soleil chinois", en armure. (Wikimedia Commons)
L’empereur Kangxi, appelé aussi le « Roi-Soleil chinois », en armure. (Wikimedia Commons)

Les Mandchous n’étaient pas les seuls étrangers à avoir régner sur la Chine. Quatre cents ans avant Kangxi, l’empire mongol – le plus grand empire de l’histoire – avait conquis la Chine. Cependant, il avait eu une approche résolument plus brutale.

Sous la dynastie mongole Yuan (1271 – 1368), les Han étaient les plus inférieurs parmi les cinq peuples de Chine. En imposant un système de caste avec le plus grand nombre au plus bas échelon, les souverains mongols ont été contraints de constater qu’ils gaspillaient de précieuses ressources humaines et matérielles en laissant les Chinois au plus bas niveau. Les rébellions se multipliaient et les envahisseurs ont été contraints d’abandonner l’Empire du Milieu, moins d’un siècle après l’avoir pris.

Lorsqu’il est basé sur la conquête et la manipulation, le pouvoir reste inefficace; une armée puissante ou un politicien déterminé peuvent imposer leur volonté aux autres, mais cette apparente force extérieure est la compensation d’un manque de conviction.

L’héritage des empereurs chinois
Deux cents ans avant J.-C., le puissant roi Ying Zheng unifia la Chine sous la dynastie des Qin, mettant fin à des centaines d’années de division. À ce titre, il s’est fait appeler Qin Shihuang, le premier empereur.

Une représentation de Qin Shihuang. (Wikimedia Commons)
Une représentation de Qin Shihuang. (Wikimedia Commons)

L’idéologie Qin est représentée par le légalisme, qui exigeait une obéissance totale, corps et âme, à l’empire et à son représentant. Les ouvrages et les enseignements de courants de pensée différents étaient brûlés  ; leurs auteurs étaient quant à eux enterrés vivants.

Avec toute cette violence et cette domination, la dynastie de Qin Shihuang n’aurait pas pu se perpétuer sans son fondateur tyrannique. Après la mort du premier empereur et l’achèvement de son règne de terreur, le pays a rapidement sombré dans une guerre civile. La dynastie suivante, Han (206 av. J.-C. – 220), a ravivé le confucianisme, faisant entrer la civilisation chinoise dans un âge d’or.

Confucius croyait en l’ordre établi grâce à l’éducation et à la moralité, et non par la force des armes. De son point de vue, ceux qui avaient le mieux démontré cette harmonie étaient les rois de la première dynastie Zhou, qui, après leur défaite contre le royaume Shang, avaient pris soin de fonder leur légitimité sur le mandat du Ciel. Selon ce principe, le dirigeant – qui est aussi l’envoyé du Ciel – devait s’efforcer de suivre des standards moraux élevés. Son autorité n’était pas remise en question mais il ne pouvait pas non plus exercer le pouvoir absolu selon sa volonté.

Le roi Wen, premier monarque de la dynastie Zhou, aux alentours de 1100 av. J.-C. (Wikimedia Commons)
Le roi Wen, premier monarque de la dynastie Zhou, aux alentours de 1100 av. J.-C. (Wikimedia Commons)

La dynastie Zhou est la plus longue de l’histoire de Chine, elle a duré 800 ans. Les premiers rois dirigeaient depuis l’ouest de la Chine, dans la capitale Haojing. Ils régnaient sur leurs vassaux et le peuple, avec coopération et respect mutuel. Cela n’est pas sans rappeler la cité utopique de Platon. Juste après le saccage de Haojing par des envahisseurs, même si les rois Zhou avaient presque perdu tout pouvoir, leur prestige était tel que les seigneurs des régions ont continué pendant 500 ans à reconnaître leurs titres royaux.

Article original : The Chinese Emperors Who Succeeded in Winning the Hearts and Minds of Generations

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