L’idéologie du genre, un «boulet de démolition» lancé sur les familles, explique un spécialiste

Par Ella Kietlinska et Joshua Philipp
19 octobre 2022 16:54 Mis à jour: 7 novembre 2022 13:01

Selon Jay Richards, le directeur du DeVos Center for Life, Religion, and Family de la Heritage Foundation, l’idéologie du genre est une théorie marxiste qui vise à détruire la famille, à pousser les enfants à rejeter leur propre corps, et souvent leurs propres parents. Il s’agit de déconstruire les catégories fondamentales utilisées par l’être humain pour comprendre le monde, celles d’homme et de femme, par exemple.

Dans une interview accordée à l’émission Crossroads d’EpochTV, Jay Richards explique que l’idéologie du genre vise à nier les catégories biologiques d’homme et de femme pour leur substituer une catégorie que chacun perçoit de manière très personnelle tant elle est subjective, à savoir l’identité de genre.

« Ce qu’on est réellement n’est [plus] défini ni même limité par le corps, mais c’est défini par cette sorte de vision subjective interne [qu’on a] de son genre. [Si c’est défini par ‘une vision subjective interne’, alors ce n’est défini par rien], cet énoncé est une non-définition. »

Il existe une incohérence fondamentale dans l’idéologie du genre, car le terme « transsexuel » implique initialement qu’il existe deux genres, ce qu’on appelle la « binarité de genre » : masculin, féminin. Ceci explique qu’un homme puisse devenir une femme après une transition, pointe M. Richards.

« Dire : ‘une femme transsexuelle est une femme’, c’est impliquer qu’une femme est quelque chose. »

« Mais aujourd’hui, même la catégorie de transsexuel est, d’une certaine manière, devenue obsolète, parce que nous avons un genre sexuel, un genre non binaire qui nie l’existence du binaire. C’est comme si on disait que le genre se situe sur un continuum. Mais si le genre est sur un continuum, alors tout le monde est non binaire, puisqu’il n’y a plus de binarité. »

Pour M. Richards ces distinctions sont importantes, car le concept touche des adultes bien réels et des enfants bien réels. Il est question de la perception qu’ils ont de leur corps.

Il ajoute qu’on « enseigne aux enfants qu’ils sont peut‑être nés dans le mauvais corps ». C’est un des principaux arguments de la théorie du genre, rappelle‑t‑il. « C’est probablement l’idée la plus empoisonnée qu’on puisse présenter à un enfant. »

Le but ultime

M. Richards estime que l’idéologie du genre est à mille lieux des individus souffrant de troubles du développement sexuel (DSD). [Il s’agit de cas extrêmement rares où les nourrissons ont un développement sexuel atypique, par manque de chromosome sexuel, par exemple, ndlr.]

« L’idéologie du genre est comme une boulet de démolition culturel pour réduire en poussière la cellule fondamentale de la société qu’est la famille. La définition même de la famille exige la binarité sexuelle, une mère et un père qui peuvent s’accoupler et avoir un enfant, qu’ils élèvent ensemble. »

« [Ceux qui lancent ce boulet de démolition] ne s’intéressent pas tant à ce qui surviendra après qu’à la destruction de l’ordre actuel. »

Depuis un siècle et demi, l’extrême gauche est parfaitement consciente du fait que les institutions sociales autres que l’État constituent « le principal rempart contre la collectivisation, il faut donc les détruire ».

Les premières choses que les êtres humains apprennent dans leur vie, ce sont des catégories fondamentales pour décrire le monde, tels que les concepts d’adulte, d’enfant, d’homme, de femme, le bon, le mauvais, les garçons et les filles, poursuit M. Richards.

« Si on peut intercepter un enfant à un âge où il n’a pas encore formé ces catégories et les dissoudre en lui disant : ‘Alors … certaines personnes sont des garçons, certaines personnes sont des filles, certaines personnes sont les deux, [ou] ni l’un ni l’autre, ou quelque part entre les deux’ – ce qui est une citation directe d’un livre pour enfants – on détruit cette catégorie qu’ils utilisent pour se repérer dans le monde, et on peut la remplacer par quelque chose qui est davantage à notre goût. »

Selon M. Richards, on ne peut pour l’heure déterminer quelles mesures la pensée et les processus mentaux des enfants seront affectés par ces enseignements. Selon lui, il s’agit de la « première expérience dans toute l’histoire de ce type particulier d’idéologie radicale ».

« Cette idée qu’il n’y a pas d’homme ni de femme ou qu’un homme peut devenir une femme, simplement par auto‑identification, c’est vraiment une idée nouvelle. Et nous ne savons pas ce qu’elle va engendrer. Mais nous savons que, si les enfants ne peuvent pas se fier à leur perception qu’il existe des garçons et des filles, à quoi peuvent‑ils se fier ? Quasiment toutes leurs facultés cognitives sont en quelque sorte remises en question. »

Les conséquences sociales

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Un livre transgenre pour enfants à Irvine, en Californie, le 30 août 2022. (John Fredricks/The Epoch Times)

Les enfants peuvent être approchés à l’insu de leurs parents sur les réseaux sociaux ou à l’école. Là, on leur apprend que « leurs parents sont les principaux obstacles à la réalisation de leur véritable personnalité ».

Cette idéologie dresse les enfants contre leurs parents, insiste M. Richards. Les enfants se tournent ensuite vers des réseaux sociaux, généralement sur Internet, et se mettent à les soutenir. Et c’est ainsi que cette idéologie prend corps et se renforce.

« [Cette idéologie] fait également que les enfants rejettent leur propre corps. »

Les enfants se retrouvent orientés vers une sorte de chemin de la stérilisation qui commence par une transition au niveau social et qui aboutit sur la prise de bloqueurs de puberté, d’hormones sexuelles et en dernier lieu, la chirurgie, poursuit le chercheur.

« Mon espoir est que nous puissions [trouver] une solution culturelle et politique qui nous permette d’y mettre fin, [et éviter] que des centaines de milliers d’enfants soient stérilisés. »

Contre‑attaquer face à la théorie du genre

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(De g. à dt.) Abel Garcia, Billboard Chris et Chloe Cole lors d’une manifestation à Anaheim, en Californie, le 8 octobre 2022. (Brad Jones/Epoch Times)

L’idéologie du genre est une idée tellement radicale que les gens la trouvent farfelue lorsqu’ils en entendent parler pour la première fois, explique M. Richards. Ils n’y croient pas réellement, ou bien il se disent que ça n’existe qu’en Californie.

Par conséquent, la première étape pour vaincre cette idéologie est de « persuader le public que cela a bel et bien lieu, que c’est probablement [enseigné] dans votre école, et certainement sur les réseaux sociaux de vos enfants ».

L’étape suivante, aux États‑Unis, consiste à convaincre les conservateurs et les républicains qu’ils doivent débattre de cette question, que ce sujet peut les aider à remporter les élections, ajoute‑t‑il. Ils n’en parlent généralement pas, précise M. Richards, car c’est un sujet avec lequel ils ne se sentent pas à l’aise.

Les gens devraient également se renseigner sur l’idéologie du genre, poursuit M. Richards, et s’ils ont des enfants, ils doivent se renseigner sur ce qui se passe dans leurs écoles. Les parents doivent insister pour que soient adoptés des projets de loi qui protègent les droits de leurs enfants en termes d’éducation, comme ce qui a été fait en Floride.

Ces projets de loi devraient indiquer clairement que les parents sont prioritaires dans l’éducation de leurs enfants, et qu’ils ne font que déléguer leur responsabilité aux écoles, insiste M. Richards.

« Ils ne cèdent pas leur rôle de parents aux écoles. »

En mars, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a signé une loi sur les droits parentaux dans l’éducation qui interdit que l’orientation sexuelle soit enseignée de la maternelle au cours élémentaire, et qui bannit également tout enseignement qui n’est pas adapté à l’âge de l’enfant.

En avril, l’état de l’Arkansas a adopté la Loi SAFE (Save Adolescents From Experimentation) qui interdit le recours aux chirurgies de réattribution sexuelle et les traitements hormonaux pour toute personne âgée de moins de 18 ans.

Cette mesure confère aux parents et aux enfants un droit d’action qui leur permet de poursuivre en justice, sur une période de 20 ans, les cliniques ou les médecins qui se spécialisent dans les questions du genre et qui pratiquent de telles procédures, , précise M. Richards.

L’identité du genre et la politique

Le département de la Justice, le 22 juillet 2019, Washington. (ALASTAIR PIKE/AFP via Getty Images)

Fin mars, le département de la Justice (DOJ) a envoyé une lettre (pdf) à tous les procureurs généraux des États américains pour les mettre en garde contre le fait qu’ils risquent de violer les lois sur les droits civils s’ils empêchent des mineurs de recevoir des « soins d’affirmation du genre », a écrit M. Richards pour la Heritage Foundation.

Le même jour, le président Joe Biden a posté un message vidéo sur Twitter disant : « Aux parents d’enfants transgenres, affirmer l’identité de votre enfant est une des choses les plus efficaces que vous puissiez faire pour les protéger et les garder et en bonne santé. »

En juin, Biden a signé un décret visant à restreindre les « thérapies de conversion ». C’est ainsi qu’on nomme toutes les thérapies (physiques, psychologiques ou spirituelles) conçues pour qu’une personne accepte à nouveau son genre biologique. Le terme englobe également les thérapies visant à réorienter un individu homosexuel ou bisexuel vers l’hétérosexualité.

Jannis Falkenstern, Jack Phillips et Naveen Athrappully ont contribué à cet article.

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