L’inde envoie 10.000 soldats à sa frontière avec la Chine: les tensions entre les deux géants ne retombent pas

Par Venus Upadhayaya
15 mars 2024 02:16 Mis à jour: 15 mars 2024 03:43

NEW DELHI – Le déploiement par l’Inde de 10.000 soldats à la frontière avec la Chine dans les États himalayens de l’Himachal Pradesh et de l’Uttarakhand indique que les relations frontalières entre les deux géants dotés de l’arme nucléaire se détériorent et qu’il est peu probable qu’elles s’améliorent prochainement, selon des experts en stratégie.

« Il n’y a absolument aucune confiance ; les Indiens ne peuvent pas avoir confiance dans les Chinois », a déclaré à Epoch Times Namrata Hasija, chercheur au Centre d’analyse et de stratégie pour la Chine, basé à New Delhi.

« Je ne vois aucun signe d’amélioration dans un avenir proche ».

Les 10.000 soldats ont été redéployés depuis la frontière occidentale de l’Inde avec le Pakistan. La présence des soldats à cet endroit n’a pas été signalée par le porte-parole indien, l’information émanant de l’agence Bloomberg News qui, le 7 mars, a cité une source anonyme au sein du gouvernement indien.

Le régime chinois a exprimé son mécontentement, qualifiant l’initiative de « contre-productive ».

« La décision de l’Inde de renforcer le déploiement militaire le long de la frontière avec la Chine va à l’encontre des efforts déployés par les deux pays pour apaiser la situation à la frontière et ne contribue pas à préserver la paix et la tranquillité dans les zones frontalières », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, lors d’une conférence de presse régulière à Pékin, le 8 mars.

Le général indien à la retraite, G.G. Dwivedi, ancien chef adjoint de l’état-major de défense intégré de l’Inde et ancien attaché de défense en Chine, a déclaré à Epoch Times que la frontière contestée entre l’Inde et la Chine, appelée « ligne de contrôle effective », n’a pas fini d’être « intensément contestée ».

Cela signifie que les deux parties seront impliquées dans ce qu’il appelle « positionnement tactique » et « posture stratégique », a-t-il prédit.

« Positionnement tactique » veut dire que l’Inde se positionnera partout où cela sera nécessaire pour contrer toute action offensive de la part de la Chine, et les deux pays se mettront régulièrement en échec l’un l’autre à la frontière. Le « positionnement stratégique » signifie que l’Inde investira dans la gestion à long terme de ses affaires frontalières avec la Chine.

The red dots indicate the Indian states of Himachal Pradesh and Uttrakhand. These two Himalayan states share 331 miles of disputed border with China. India has recently deployed 10,000 soldiers along this border stretch. Green dots are roughly placed along the Ladakh border. (Google map adapted by Venus Upadhayaya)
Les points rouges indiquent les États indiens de l’Himachal Pradesh et de l’Uttrakhand. Ces deux États himalayens partagent 331 miles de frontière contestée avec la Chine. L’Inde a récemment déployé 10.000 soldats le long de cette frontière. Les points verts sont approximativement placés le long de la frontière du Ladakh. (Carte Google adaptée par Venus Upadhayaya)

Une perspective plus large

Le général estime que le problème ne relève pas de l’incident ponctuel. Selon lui, ce déploiement s’inscrit dans un contexte tactique, stratégique et mondial.

D’un point de vue stratégique, il a indiqué que la volonté indienne de retour au statu-quo en termes de frontières a commencé il y a quelques années, en réponse aux incursions fréquentes de l’Armée chinoise dans l’est du Ladakh au début du mois de mai 2020, en violation de cinq accords bilatéraux sur le maintien de la paix aux frontières.

L’incident sanglant de la vallée de Galwan en juin 2020, au cours duquel les troupes chinoises et indiennes se sont brutalement affrontées au corps à corps, a encore aggravé la situation.

« Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la Chine est passée d’un comportement ferme à un comportement agressif », a-t-il déclaré. D’autres incidents ont eu lieu, dit-il, citant des incursions antérieures dans les zones contestées de Depsang, Demchok et Doklam.

Depsang se trouve au Ladakh central, tandis que Demchok se trouve à l’extrémité sud de la frontière contestée entre l’Inde et la Chine au Ladakh. Doklam, ou Donglang en chinois, se trouve à la triple jonction entre l’Inde, le Bhoutan et la Chine. Il a été le théâtre d’une impasse militaire entre les troupes de l’APL et les troupes indiennes pendant deux mois en 2017.

Pendant ce temps, dit-il, « la Chine a continué à augmenter massivement son dispositif militaire au Tibet et a également continué à réorganiser la gestion de la frontière en créant des nouveaux villages frontaliers. »

« Un rééquilibrage est en cours », déclare l’ancien général.

Indian army soldiers patrol a snow-covered road near Zojila mountain pass that connects Srinagar to the union territory of Ladakh, bordering China, on Feb. 28, 2021. (Tauseef Mustafa/AFP via Getty Images)
Des soldats de l’armée indienne patrouillent sur une route enneigée près du col de Zojila, qui relie Srinagar au territoire de l’union du Ladakh, à la frontière avec la Chine, le 28 février 2021. (Tauseef Mustafa/AFP via Getty Images)

Perspective mondiale

Avec l’émergence de la Chine en tant que puissance mondiale et l’économie florissante de l’Inde, les relations entre l’Inde et la Chine ont un impact géopolitique plus large. Le positionnement stratégique de l’Inde face à Pékin ne se limite pas à sa ligne de front avec la Chine ; il implique également un positionnement global tel que la participation de l’Inde à l’alliance QUAD avec les États-Unis, le Japon et l’Australie.

La stratégie de l’Inde contre la Chine implique des intérêts géopolitiques plus larges et dénote un profond changement d’attitude de l’Inde, selon les observateurs.
« L’Inde avait l’habitude d’être prudente, mais nous avons désormais une approche différente ; nous allons être plus actifs, plus proactifs. Nous n’allons pas ignorer les frontières que nous partageons avec le Tibet, l’Uttrakhand et l’Himachal », a déclaré Mme Hasija, une experte en stratégie basée à New Delhi..

M. Dwivedi a déclaré que le nouveau déploiement de l’Inde le long de la frontière dans l’Himachal Pradesh et l’Uttarakhand est considéré comme la réponse de New Delhi à la Chine, conformément à son droit de se défendre contre les manœuvres expansionnistes de la Chine.

Il pense que cela a créé une perspective mondiale « favorable » pour l’Inde, car elle a refusé de se soumettre passivement aux tactiques chinoises.

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