L’insurrection de Varsovie et la bataille de la Pologne contre le communisme

9 août 2017 14:47 Mis à jour: 11 août 2017 19:36

En été 1944, l’occupation nazie de la Pologne arrivait au terme de sa cinquième année. Plus d’un Polonais sur cinq avait été tué, ou asservi, ou bien encore déporté ou envoyé dans des camps de concentration. Cette répression faisait suite au partage de la Pologne par l’Allemagne nazie et l’Union soviétique en septembre 1939, tout au début de la Deuxième Guerre mondiale. Le pays a disparu de la carte, au bénéfice du grand Reich allemand d’Hitler et de l’URSS de Staline. Pourtant, des centaines de milliers de Polonais ont continué à se battre.

En août 1944, l’Armée rouge soviétique a réussi à chasser les forces allemandes du territoire de l’URSS et de certaines parties de la Pologne occupées par les Allemands. Un important soutien américain et britannique, comportant notamment des camions, des vivres, des armements, des munitions et des matières premières, ont permis aux Soviétiques de déployer et d’utiliser un grand nombre de chars, d’avions, de pièces d’artillerie et d’autres armes.

Avec l’approche évidente de la victoire des alliés, l’Armia Krajowa (l’Armée de l’intérieur) formée par des combattants polonais a voulu saisir ce qu’elle considérait comme sa meilleure chance de succès : un soulèvement pour libérer Varsovie des Nazis. Ce soulèvement a été programmé pour coïncider avec le début de l’offensive soviétique.

Quelques jours avant, le 25 juillet 1944, la radio de Moscou a appelé « chaque ferme polonaise » à « devenir un bastion dans la lutte contre les envahisseurs ». Le 29 juillet, les chars soviétiques ont atteint la banlieue de Varsovie et ont commencé à s’engager dans des escarmouches avec les divisions blindées allemandes qui y était déployées.

À partir du 1er août, des dizaines de milliers de combattants de l’Armia Krajowa, équipés d’armes capturées aux Allemands ou fournies par le biais du pont aérien établi par les alliés occidentaux, ont pris le contrôle de Varsovie et ont essayé d’entrer en contact radio avec les Soviétiques.

Les soldats de l’Armia Krajowa polonaise sur un char Panthère allemand capturé lors de l’insurrection de Varsovie, le 2 août 1944. (Juliusz Bogdan Deczkowski / Domaine public)

Mais aucune aide n’est arrivée de la part de l’Armée rouge. Pour des raisons qui sont toujours gardées secrètes par le Kremlin, l’offensive soviétique s’est arrêtée dans la banlieue de Varsovie. Une base aérienne soviétique toute proche n’a pas approvisionné les insurgés et l’approvisionnement par les Occidentaux s’est trouvé limité car il provenait des aérodromes situés en Italie.

Sans armes lourdes ni soutien extérieur efficace, la résistance polonaise n’avait aucune chance contre les forces d’occupation allemandes même affaiblies. Varsovie a été pratiquement rasée et jusqu’à 200 000 civils ont péri, la plupart exécutés par les Nazis après la bataille.

L’armée soviétique n’a recommencé son offensive qu’en janvier 1945, quelques mois avant la fin de la guerre qui s’est terminée en Europe au début de mai 1945.

Passer de Hitler à Staline

Pour les plus puissants États alliés – les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique – la Seconde Guerre mondiale a apporté une victoire nette et claire. Six ans de conquêtes agressives et de massacres effectués par l’Allemagne nazie et le Japon impérial n’étaient plus que le passé, et les puissances de l’Axe se sont rendus sans condition.

Mais pour la Pologne recréée dans des nouvelles frontières, ainsi que pour d’autres pays d’Europe de l’Est, la fin de l’occupation et du génocide nazi a été suivie par l’installation d’un régime totalitaire soviétique. En 1939, les puissances occidentales alliées sont entrées en guerre contre l’Allemagne après que cette dernière a attaqué la Pologne le 1er septembre. Pourtant, elles n’ont pas déclaré la guerre à l’Union soviétique lorsque celle-ci a attaqué la Pologne 16 jours plus tard et, à la fin de la guerre, elles ne voulaient pas intervenir lorsque les Soviétiques y ont établi un régime fantoche.

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Les officiels et les médias occidentaux n’osaient pas critiquer leur allié soviétique ou voir d’une manière rationnelle les objectifs réels du dictateur soviétique Joseph Staline. D’importantes  livraisons de matériel militaire et vivres  fournis par les puissances occidentales au régime soviétique et à son Armée rouge, auraient pu fournir à ce régime le stimulus nécessaire pour mettre sous son joug l’Europe de l’Est dans l’après-guerre.

« Nous aurions pu gaspiller moins d’argent et de matériel que nous l’avons fait », a confié en 1951 dans une lettre le diplomate américain George Kennan. « Nous aurions pu atteindre le centre de l’Europe un peu plus tôt et en étant moins encombré d’obligations envers notre allié soviétique. La ligne de partage de l’après-guerre entre l’Est et l’Ouest aurait pu passer un peu plus à l’Est qu’elle ne l’est aujourd’hui, et ce serait certainement un soulagement pour tous ceux qui sont concernés. »

Un camion Studebaker de 2 tonnes fabriqué aux États-Unis au service de l’armée soviétique à Berlin, en mai 1945. Des milliers de véhicules envoyés en Union soviétique dans le cadre du programme Lend-Lease (Prêt-Bail) ont aidé Staline dans sa conquête de l’Europe de l’Est. (Bundesarchiv, Bild 204-018 / CC-BY-SA 3.0)

Le régime soviétique communiste et ses serviteurs communistes polonais ont certainement profité de l’élimination de la résistance organisée qui restait fidèle au gouvernement polonais d’avant-guerre. La propagande soviétique minimisait les exploits des combattants de l’Armia Krajowa et les traitait de « réactionnaires ».

George Orwell, communiste britannique désabusé qui a écrit 1984 et La Ferme des animaux, ne cachait pas son dégoût envers la tendance générale établie parmi les journalistes occidentaux qui partageaient la vision soviétique de l’insurrection de Varsovie.

« On a l’impression générale que les Polonais méritaient de se faire écraser pour avoir fait ce que toutes les radios alliées les exhortaient à faire depuis des années », a-t-il écrit en septembre 1944.

« N’imaginez surtout pas que, pendant des années, vous pouvez vous transformer en un propagandiste à la botte du régime soviétique, ou d’un autre régime, et puis retrouver votre esprit décent. »

La participation de l’Union soviétique dans la Seconde Guerre mondiale du côté des alliés semblait innocenter Staline de ses actes perfides d’avant-guerre. Car initialement l’Union soviétique a été un allié de l’Allemagne. Staline a aidé Hitler dans l’invasion de la Pologne en 1939. Il a partagé ce pays avec lui. C’est seulement en 1941, lorsque l’Allemagne a attaqué l’Union soviétique, que la superpuissance communiste a retourné sa veste.

Sans surprise, Moscou a repris les politiques oppressives et meurtrières vis-à-vis de son État satellite polonais nouvellement créé. Les mêmes politiques que le régime soviétique a appliqué dans la partie annexée de la Pologne entre 1939 et 1941.

Des dizaines de milliers de soldats et d’officiers polonais, en particulier ceux qui avaient émigré en Grande-Bretagne, se sont empressés de retourner en Pologne pour reconstruire leur pays. Mais au lieu de les accueillir en héros, le gouvernement communiste leur a infligé une persécution, allant jusqu’aux procès-spectacles, la torture et l’exécution.

45 ans vers la liberté

Varsovie, devenue capitale de la République populaire de Pologne communiste, a également donné le nom au Pacte de Varsovie – une alliance militaire contrôlée par les Soviétiques qui, tout au long de la Guerre froide, a utilisé les ressources et le territoire de l’Europe de l’Est au service de Moscou.

Des centaines de personnes manifestent dans les rues de Varsovie lors d’un rassemblement organisé par le syndicat « Solidarnosc », le 1er mai 1989. (DRUSZCZ WOJTEIC / AFP / Getty Images)

La véritable histoire de la résistance polonaise lors de la Seconde Guerre mondiale – les faits que la Pologne était l’un des rares pays occupés qui n’a produit aucun traître ou collaborateur important ; que les agents secrets et les résistants polonais ont réussi à obtenir des informations très utiles ou à détruire l’importante infrastructure nazie dans des missions audacieuses ; que la performance des pilotes du gouvernement polonais en exil était souvent supérieure à celle de leur compagnons d’armes occidentaux – n’a pu être rendu public que dans les années 1980, lorsque les fissures ont commencé à apparaître sur la façade du système de contrôle communiste.

Le mouvement populaire dans le cadre du syndicat « Solidarnosc », fondé sur le patriotisme inextinguible et la foi en Dieu, a opposé des millions de Polonais ordinaires au régime soutenu de l’étranger et prêchant le marxisme et l’athéisme. En 1989, 45 ans après que les Polonais avaient essayé de reprendre leur capitale aux Nazis, les Soviétiques ont enfin cédé. Le 4 juin, des élections générales ont eu lieu dans le pays et les autorités communistes ont perdu le pouvoir en 1990.

L’expérience polonaise, des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1989, est toujours actuelle pour ceux qui vivent sous les derniers régimes communistes qui ont pour l’instant réussi à survivre. À noter que des centaines de millions de Chinois ont déjà renoncé au Parti communiste et à ses organisations affiliées, tandis que la Corée du Nord appauvrie, qui préserve la politique stalinienne de contrôle social absolu et d’agression militaire, se trouve de plus en plus isolée.

On estime que le communisme a tué au moins 100 millions de personnes, bien que ses crimes ne soient pas complètement recensés et que cette idéologie persiste toujours. Epoch Times s’attache à exposer l’histoire et les croyances de cette doctrine, qui a servi de base à la tyrannie et à la destruction des peuples depuis son émergence. On peut trouver la série complète de ces articles dans la rubrique « Histoire cachée du communisme ».

Version anglaise : The Warsaw Uprising and Poland’s Battle With Communism

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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