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Lipœdème : comment les régimes pauvres en glucides peuvent soulager

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Photo: Olga Pankova/Getty Images

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Durée de lecture: 13 Min.

Quand les jambes de Laura Kerr ont pris près de 18 kilos en deux mois pendant sa périménopause, rendant les escaliers presque impossibles à gravir, le conseil de son médecin lui parut familier : perdre du poids.
Mais le problème de Laura Kerr n’était pas lié à une alimentation excessive : elle souffrait d’un trouble chronique du tissu adipeux que les régimes traditionnels ne peuvent pas corriger.

« Pendant des années, les médecins m’ont dit de maigrir, mais la douleur et le gonflement de mes jambes ne faisaient qu’empirer », raconte Laura Kerr, professeure de yoga, qui luttait depuis longtemps contre une sensation inexpliquée de lourdeur dans les jambes. Elle se souvient de moments où celles-ci semblaient d’une lourdeur insupportable. Des ecchymoses apparaissaient du jour au lendemain, sans raison apparente, et ni les régimes ni l’exercice n’en modifiaient la forme.

Laura Kerr a finalement découvert qu’elle souffrait de lipœdème. Ce diagnostic a enfin donné un nom à ses difficultés quotidiennes et expliqué pourquoi les régimes amaigrissants classiques n’avaient jamais fonctionné.

Le nombre de femmes atteintes de lipoedème en France est estimé entre 10% et 11% de la population féminine, selon plusieurs sources médicales et institutionnelles récentes. Cela représenterait donc potentiellement plusieurs millions de femmes concernées à l’échelle nationale, dont beaucoup ne sont jamais diagnostiquées, mais ce chiffre reste une estimation en raison de la méconnaissance et du sous-diagnostic de cette maladie en France.

Les chercheurs confirment aujourd’hui ce que les patientes comme Laura Kerr soupçonnaient depuis longtemps : la graisse du lipœdème se comporte différemment de la graisse corporelle normale, et certaines stratégies alimentaires — notamment les régimes pauvres en glucides — peuvent réduire la douleur et le gonflement, même lorsque les régimes ordinaires échouent.

Un regard plus attentif sur le lipœdème

Contrairement à une simple prise de poids, le lipœdème provoque des schémas distincts qui permettent de le différencier d’autres affections.

Comment il se manifeste : les jambes et les hanches grossissent de manière disproportionnée par rapport au reste du corps, souvent décrites comme en « bouteille de champagne inversée ». Les bras peuvent aussi être touchés, mais pas les pieds ni les mains, ce qui permet de le distinguer d’autres troubles.

Comment il évolue : le tissu commence par être souple, puis devient progressivement nodulaire et fibreux. Aux stades avancés, de larges amas graisseux se forment, la mobilité diminue, et un gonflement des chevilles et des pieds apparaît fréquemment.

Comment il se ressent : contrairement à la graisse ordinaire, le tissu lipœdémateux est ferme, fibreux et résistant à la perte de poids. Comme il est malade, il se couvre facilement de bleus et reste douloureux, les minuscules vaisseaux sanguins internes étant fragiles.

Ce qu’il faut surveiller : l’affection touche presque toujours les deux côtés du corps de manière symétrique, est souvent héréditaire et s’aggrave lors des phases hormonales comme la puberté, la grossesse et la ménopause.

À ce jour, il n’existe pas de remède au lipœdème. Le traitement consiste à gérer les symptômes par des vêtements de compression, des massages lymphatiques, de l’exercice doux, des approches anti-inflammatoires, et dans les cas graves, par une liposuccion spécialisée.

Quand les hormones et l’inflammation s’en mêlent

La graisse du lipœdème réagit aux variations hormonales et maintient la zone affectée dans un état d’irritation chronique. Chez certaines femmes, les symptômes s’aggravent à la puberté, pendant la grossesse ou à la ménopause, lorsque les niveaux d’œstrogènes et de progestérone fluctuent.

Ces variations hormonales entraînent les symptômes les plus tenaces. « On m’a dit de perdre du poids, de faire plus d’exercice et d’être patiente. Mais rien n’expliquait pourquoi mes jambes et mes bras grossissaient alors que le reste de mon corps restait identique », confie Laura Kerr.

Une revue publiée dans Biomedicines a montré que le tissu lipœdémateux présente des vaisseaux sanguins fragiles, des gonflements et une activité immunitaire révélant une inflammation chronique. Cet état inflammatoire est étroitement lié aux fluctuations hormonales, qui favorisent la croissance du tissu adipeux et la rétention d’eau dans les zones concernées. Ces mécanismes expliquent pourquoi les régimes classiques échouent souvent à traiter le lipœdème, et pourquoi la réduction des glucides est aujourd’hui étudiée comme piste thérapeutique.

Lorsque la croissance du tissu adipeux et l’inflammation s’alimentent mutuellement, le corps ne réagit plus comme prévu aux régimes. Comme le résume Laura Kerr : « C’est une maladie qui ne suit pas les règles habituelles. »

Pourquoi les choix alimentaires sont essentiels

Même si l’alimentation ne peut pas guérir le lipœdème, elle peut influencer positivement son évolution. L’une des raisons tient à l’insuline, une hormone qui indique aux cellules graisseuses quand stocker ou libérer l’énergie. En cas d’excès, elle peut favoriser la rétention du tissu graisseux et amplifier l’inflammation. Réduire la consommation de sucre et de glucides raffinés aide à faire baisser le taux d’insuline et à apaiser les réactions inflammatoires.

Sans être spécifiques au lipœdème, plusieurs études sur la santé des femmes ont montré que certains régimes — comme le méditerranéen ou le cétogène — réduisent l’inflammation et améliorent la régulation de l’insuline.

Ces résultats offrent une explication logique au rôle de la nutrition. « Limiter l’inflammation profite à tout le monde, mais encore plus à celles qui souffrent de lipœdème », explique le Dr Michael Illingworth. Il recommande le régime méditerranéen, le jeûne intermittent, ainsi qu’une supplémentation en oméga-3 et en vitamine D.

Le problème des aliments transformés

Les glucides raffinés — présents dans le pain blanc, le riz, les pâtes et les pâtisseries — sont privés de leurs fibres et nutriments au cours du processus industriel. Le corps les transforme alors très rapidement en sucre, provoquant un pic de glycémie et une montée brutale d’insuline, qui déclenche l’inflammation responsable de la douleur et du gonflement liés au lipœdème.

« J’ai remarqué que les repas riches en aliments transformés, en sucre et en glucides raffinés aggravent le gonflement de mes jambes et de mes bras », confie Laura Kerr.

Les professionnels de santé spécialisés dans le lipœdème observent le même phénomène. « Quand les patientes modifient correctement leur alimentation, leur flux lymphatique s’améliore et leur sensibilité diminue, ce qui rend les traitements plus efficaces et durables », explique Christine Rariden, kinésithérapeute.

« Commencer par une alimentation anti-inflammatoire est une approche simple et économique pour aider l’organisme de l’intérieur », ajoute-t-elle. « Cela peut apaiser l’inflammation autour des tissus graisseux et des nodules, et réduire la douleur. » Si l’alimentation ne guérit pas, elle prépare le terrain pour des traitements plus efficaces et un soulagement durable.

Les aliments à privilégier

Les régimes anti-inflammatoires et pauvres en glucides mettent souvent l’accent sur :

• Les poissons gras (saumon, sardines), riches en oméga-3.

• Les légumes à feuilles vertes (chou kale, épinards, bettes).

• Les crucifères (brocoli, choux de Bruxelles, chou-fleur).

• Les baies, cerises et autres fruits colorés.

• L’huile d’olive et les fruits à coque (noix, amandes).

• Les herbes et épices comme le curcuma, le gingembre et l’ail.

Des substitutions simples peuvent aussi aider :

Riz de chou-fleur ou nouilles de courgette à la place des pâtes ou du riz blanc.
• Feuilles de laitue en remplacement du pain ou des tortillas .
• Yaourt grec nature au lieu de versions sucrées .
• Noix, fromage ou œufs durs à la place des chips ou biscuits .
• Eau pétillante citronnée ou aux fruits rouges au lieu des sodas ou thés sucrés.

Le mouvement en douceur pour soulager

L’expérience de Laura Kerr avec le lipœdème a transformé sa vision de l’exercice, pour elle-même comme pour ses élèves de yoga.

« Quand j’ai commencé le yoga, je pensais qu’il s’agissait de souplesse et de force. Mais avec le lipœdème, j’ai vite compris que c’était autre chose : apprendre à bouger sans punir son corps, mais en le soutenant. »

Dans sa pratique, elle privilégie les exercices réparateurs qui stimulent la circulation lymphatique et réduisent le gonflement sans solliciter les articulations. Ces mouvements apaisent aussi le système nerveux et limitent les pics de cortisol responsables de l’inflammation :

• Jambes contre le mur (ou posées sur une chaise, posture appelée en yoga « Viparita Karani ») : favorise le flux lymphatique et allège la sensation de lourdeur.

• Chat-vache assis ou soutenu (Le mouvement Chat-Vache est un exercice de yoga très répandu appelé en sanskrit « Marjaryasana-Bitilasana »): mobilise doucement la colonne et active le drainage lymphatique .

• Pompage des mollets et cercles de chevilles : stimule la circulation et soulage la lourdeur .

• Torsions douces avec respiration : allie mouvement et apaisement nerveux, réduisant inflammation et stress .

• Utilisation d’accessoires (coussins, chaises, blocs) pour rendre le yoga plus accessible et soutenant.

Trouver soutien et ressources

Le lipœdème peut être accablant, non seulement à cause de la transformation du corps, mais aussi du manque de sensibilisation médicale. S’entourer des bonnes ressources peut tout changer.

« Certaines patientes constatent une amélioration avec les régimes cétogènes ou pauvres en glucides, d’autres avec une alimentation anti-inflammatoire centrée sur les aliments entiers, les bonnes graisses, les protéines maigres et une réduction du sucre transformé », explique Hiba Hamati, membre du conseil d’administration de l’American Lipedema Association (USA). « L’essentiel, c’est d’avoir accès à des professionnels compétents et à une communauté de soutien. »

Cette association propose des ressources éducatives, des groupes d’échanges et des informations sur les traitements disponibles.

Les experts s’accordent à dire que les meilleurs résultats proviennent d’une approche globale combinant nutrition, mouvement, compression et accompagnement médical.

Pour Laura Kerr, trouver l’équilibre entre alimentation, activité et soutien a été une véritable transformation — la preuve qu’il est possible pour les femmes atteintes de lipœdème de retrouver confort, force et confiance. Pour beaucoup, réduire les glucides ouvre une nouvelle voie pour alléger le fardeau quotidien d’une maladie longtemps incomprise.

Sarah Campise Hallier, titulaire d'une maîtrise en leadership administratif, est rédactrice pour A Voice for Choice Advocacy et rédactrice adjointe du magazine Appetito. Élevée aux légumes bio du jardin de sa mère, elle met à profit son intérêt pour un mode de vie sain pour des articles sur la nutrition, l'environnement et le mode de vie.

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