Dans la lutte contre le MS-13, l’attention se tourne vers les mineurs non accompagnés

3 juillet 2017 06:00 Mis à jour: 2 juillet 2017 20:43

MISSION, Texas – Le camion de la patrouille frontalière freine alors que trois silhouettes s’approchent sur le chemin de terre, agrippant leurs bouteilles d’eau. Une fille de 15 ans avec son cousin de 11 ans du Honduras viennent tout juste de traverser le Rio Grande séparant le Mexique des États-Unis avec un autre garçon de 15 ans du Salvador. Ce sont des mineurs non accompagnés – des enfants de moins de 18 ans qui traversent la frontière illégalement sans parent ni gardien.

Nous les rencontrons sur le bord de la route et les agents de la patrouille frontalière (Border Patrol – BP) dirigent les enfants vers un endroit ombragé afin qu’ils soient recueillis par une camionnette. La patrouille frontalière doit transférer ces mineurs au bureau de réinstallation des réfugiés (Office of Refugee Resettlement – ORR) à l’intérieur de 72 heures.

« Mais ils ne sont jamais avec nous aussi longtemps », affirme Marlene Castro, une agente superviseure de la BP dans la vallée du Rio Grande. « Parce qu’ils sont mineurs, ils sont prioritaires et tout est arrangé très rapidement. »

Si les enfants venaient du Mexique, la BP aurait le droit de les retourner directement à leur pays. Toutefois, l’agence ne peut retourner des mineurs d’Amérique centrale au Mexique, même s’ils admettent faire partie d’un gang de rue violent. La BP doit les admettre aux États-Unis et les faire passer dans le système judiciaire (qui a ses propres problèmes, notamment un retard de plus de 542 000 causes).

Si les enfants venaient du Mexique, la Border Patrol aurait le droit de les retourner directement à leur pays.

Aucun des enfants ne parle un mot d’anglais. Ils montrent aux agents leurs certificats de naissance. Le garçon dit avoir de la famille à San Francisco et les cousins disent avoir de la famille en Louisiane.

Ce sont les enfants comme ceux-ci d’Amérique centrale qui sont devenus le point focal d’une nouvelle lutte contre le gang de rue violent appelé Mara Salvatrucha, ou MS-13.

Même si un mineur non accompagné n’est pas affilié au MS-13 avant d’arriver aux États-Unis, il devient vite une cible de recrutement prometteuse.

Le MS-13 a été formé à Los Angeles dans les années 1980 par des Salvadoriens fuyant la guerre civile. Ils s’étaient regroupés pour s’opposer aux gangs mexicains et ont depuis évolué en organisation criminelle transnationale avec des liens importants au Salvador. Le FBI estime que le MS-13, qui est considéré comme une organisation terroriste au Salvador, possède entre 6000 et 10 000 membres dans au moins 42 États américains. De plus, ils sont plus de 60 000 membres dans le monde, principalement au Salvador, au Honduras et au Guatemala.

Marlene Castro, agente de la patrouille frontalière, vérifie les certificats de naissance d’un groupe de mineurs non accompagnés, provenant du Mexique le 26 mai 2017. (Benjamin Chasteen/Epoch Times)

Au cours des dernières années, dans ce petit coude du Rio Grande dans le sud-est du Texas, des milliers d’enfants non accompagnés ont traversé la frontière illégalement et se sont présentés à la BP.

Lorsqu’un enfant est transféré à l’ORR (qui se trouve sous le département de la Santé), il est hébergé dans un établissement pour environ 45 jours avant d’être transféré à un parrain.

Un examen sommaire le 9 juin des mineurs non accompagnés dans certains des établissements de l’ORR a démontré que 35 des 138 mineurs étaient impliqués volontairement dans des gangs, a déclaré dans une audience du Sénat le 21 juin le directeur de l’ORR, Scott Lloyd. Quatre ont rapporté avoir été forcés de participer à un gang.

Une fois qu’ils sont placés, les enfants sont perdus de vue à moins qu’ils surgissent sur le radar des forces de l’ordre.

Dans l’année fiscale 2016, 95 % des mineurs non accompagnés ont été transférés de l’ORR vers un parrain, a indiqué M. Lloyd.

« De ceux-ci, nous en avons transféré 55 % aux parents, 36 % à la famille proche et 9 % à la famille éloignée ou à des gens sans lien de sang », a-t-il ajouté.

Recrutement du MS-13

Le 20 juin, Peter King, président du sous-comité de la Sécurité intérieure sur l’antiterrorisme et le renseignement, a tenu une audience du Congrès à Long Island pour évaluer les manières utilisées par le MS-13 pour recruter les mineurs non accompagnés.

« Il est vital d’examiner la menace posée par le MS-13 et l’ampleur avec laquelle ce gang violent est en mesure d’exploiter les programmes d’immigration américains et de contourner les mesures de sécurité frontalières pour entrer aux États-Unis », a-t-il déclaré.

Les récentes arrestations à Long Island, New York, suggèrent à quel point les mineurs non accompagnés sont liés au recrutement du MS-13.

Le 2 mars, 13 membres allégués du MS-13 ont été arrêtés dans le comté de Suffolk sur 41 chefs d’accusation, dont sept meurtres.

Le 15 juin, 41 membres allégués ont été arrêtés dans le comté de Nassau sur 85 chefs d’accusation. Parmi eux, 19 sont entrés aux États-Unis comme mineurs non accompagnés, 21 sont au pays illégalement et 1 seul est citoyen selon la police du comté de Nassau.

Angel Melendez, un agent spécial responsable des enquêtes de sécurité nationale avec le bureau d’immigration à New York, a demandé au Congrès d’amender la loi sur l’immigration et la nationalité afin d’inclure l’affiliation à un gang comme facteur pouvant permettre de stopper les gens à la frontière et ensuite les déporter.

« Cela rendrait notre travail beaucoup plus efficace pour gérer le flot de ces mineurs étrangers non accompagnés », a-t-il dit.

Melendez a indiqué qu’il n’est pas rare pour un mineur non accompagné qui a été réinstallé par l’ORR dans une communauté de faire surface dans une autre. Une fois qu’ils sont placés, les enfants sont perdus de vue à moins qu’ils surgissent sur le radar des forces de l’ordre.

Version originale : In Battle Against MS-13, Focus Shifts to Unaccompanied Minors

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