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Maladies des gencives : une étude révèle qu’elles pourraient presque doubler le risque d’AVC

Selon les experts, une bonne hygiène dentaire protégerait aussi le cerveau et le cœur. Quand avez-vous passé du fil dentaire pour la dernière fois ? Vos habitudes bucco-dentaires pourraient en dire bien plus que votre sourire : elles peuvent aussi révéler l’état de santé de votre cerveau.

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Photo: Magic mine/Shutterstock

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Durée de lecture: 10 Min.

De nouvelles recherches suggèrent qu’une mauvaise santé bucco-dentaire pourrait presque doubler le risque d’accident vasculaire cérébral et contribuer à des lésions cérébrales qui, des années plus tard, se manifestent par des troubles de la mémoire et un ralentissement des fonctions cognitives.
Deux études publiées dans Neurology Open Access, la revue de l’American Academy of Neurology, établissent un lien entre les maladies des gencives, les caries et un risque nettement accru d’AVC et de lésions cérébrales. Les deux travaux s’appuient sur les mêmes données. « Nous avons constaté que les personnes souffrant à la fois de caries et de maladies des gencives doublaient leur risque d’AVC par rapport à celles atteintes uniquement de maladies des gencives », a déclaré à Epoch Times le Dr Souvik Sen, neurologue, et auteur des deux études.
« Ces résultats, a-t-il ajouté, suggèrent qu’une part importante de la prévention des AVC repose sur un suivi dentaire régulier – se brosser les dents, utiliser le fil dentaire, et consulter son dentiste  à intervalles réguliers. »

La longue portée des maladies des gencives

La maladie des gencives – également appelée parodontite – est l’un des problèmes de santé chroniques les plus courants, touchant environ la moitié des adultes au cours de leur vie. Elle débute sous forme de gingivite, lorsque les gencives deviennent rouges et enflammées à cause de bactéries, et peut évoluer vers une parodontite, lorsque les gencives se rétractent et que les dents se déchaussent.
Dans la première étude, le Dr Sen et son équipe ont observé que les personnes souffrant de maladies des gencives et de caries présentaient un risque d’AVC 86 % plus élevé lié à la formation de caillots sanguins, ainsi qu’un risque de 36 % plus élevé de crise cardiaque ou de maladies cardiaques telles que l’insuffisance cardiaque, par rapport à celles ayant une bouche saine. En l’absence de caries, une maladie des gencives seule était associée à une augmentation de 44 % du risque d’AVC. La plupart des AVC sont provoqués par des caillots qui bloquent la circulation sanguine vers le cerveau. Lorsqu’un tel blocage survient, une partie du cerveau est privée d’oxygène et de nutriments, entraînant des lésions.
Les chercheurs ont suivi près de 6000 adultes, âgés en moyenne de 63 ans, pendant plus de vingt ans, depuis la fin des années 1990. Le taux d’AVC a fortement augmenté à mesure que la santé bucco-dentaire se détériorait : un peu plus de 4 % des personnes ayant des gencives saines ont subi un AVC, contre près de 7 % parmi celles souffrant de maladies des gencives et 10 % chez les participants présentant à la fois des maladies des gencives et des caries.
« L’autre résultat très intéressant de cette étude, a noté le Dr Sen, est que les personnes consultant régulièrement leur dentiste pour des soins préventifs présentaient un risque de maladies des gencives et de caries inférieur de 81 %. »

Les indices fournis par le cerveau

« Il existe un lien fort entre la santé bucco-dentaire et les maladies des petits vaisseaux du cerveau », a expliqué le Dr Sen en évoquant sa deuxième étude, qui s’est penchée directement sur le cerveau.
« Le cerveau dispose d’un vaste réseau d’irrigation sanguine, a-t-il précisé. Les grandes artères se ramifient en petits vaisseaux qui alimentent les voies cérébrales, et lorsque ces vaisseaux sont endommagés, des changements subtils peuvent apparaître bien avant les symptômes d’un AVC ou d’une démence. »
Dans cette seconde étude, 1143 adultes âgés ont passé un examen dentaire et une IRM cérébrale espacés d’environ quinze ans. Les personnes souffrant de maladies des gencives à la quarantaine présentaient, plus tard dans la vie, un risque accru de 56 % de montrer des niveaux élevés d’hyperintensités de la substance blanche – de petites taches brillantes indiquant des lésions cérébrales microscopiques – même après ajustement pour des facteurs de risque tels que l’hypertension, le diabète ou le tabagisme. « Ces petites zones de dommages observées dans la substance blanche du cerveau sont associées à des pertes de mémoire, des troubles de l’équilibre et un ralentissement de la pensée », a précisé le Dr Sen.

Comment l’inflammation buccale atteint le cerveau

Dans les deux études, les chercheurs identifient l’inflammation comme le principal lien entre la bouche et le cerveau.
« L’inflammation [provenant de la bouche] est ce qui affecte directement ces petits vaisseaux sanguins et provoque de petites lésions dans les voies de la substance blanche », a expliqué le Dr Sen.
Lorsque les bactéries issues des gencives infectées pénètrent dans la circulation sanguine, le système immunitaire réagit en libérant des molécules inflammatoires susceptibles d’endommager la paroi fragile des vaisseaux sanguins. À long terme, ce processus favorise la formation de plaques dans les artères – un phénomène appelé athérosclérose – et rend le sang plus sujet à la coagulation, deux facteurs majeurs de risque d’AVC.
Dans le cerveau, l’inflammation peut endommager les petits vaisseaux et réduire l’apport en oxygène, contribuant à la formation de minuscules lésions visibles des années plus tard à l’IRM. Certaines bactéries buccales ont également été retrouvées dans les plaques artérielles et les caillots sanguins de patients victimes d’AVC – preuve que ce qui commence dans la bouche peut atteindre directement la circulation cérébrale. La bouche est particulièrement vulnérable.
« Chaque fois que vous vous brossez les dents ou que vous utilisez du fil dentaire – surtout en cas d’inflammation –, vous créez de minuscules ouvertures par lesquelles les bactéries peuvent pénétrer dans le sang », a expliqué à Epoch Times le Dr Allison Wilson, dentiste, qui n’a pas participé à l’étude.
Cette situation est particulièrement préoccupante chez les personnes atteintes de maladies des gencives, car elles abritent davantage de bactéries nocives dans leur bouche.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut arrêter d’utiliser le fil dentaire, car cela favoriserait encore plus la prolifération de ces microbes.
Les gencives sont riches en petits vaisseaux sanguins, a ajouté la Dr Wilson, ce qui facilite la propagation des microbes dans tout l’organisme. « On a retrouvé des bactéries buccales partout – de la tête aux pieds – lors d’autopsies. Elles circulent. »
Ces résultats ne prouvent pas que les maladies des gencives ou les caries provoquent directement les AVC ou les lésions cérébrales. Toutefois, les experts estiment que les preuves convergent vers une relation importante entre la santé bucco-dentaire et la santé vasculaire.
Dans un éditorial accompagnant les études, le neurologue Leonardo Pantoni écrit que les résultats suggèrent fortement qu’une bonne hygiène bucco-dentaire pourrait aider à prévenir les AVC et à réduire les dommages causés aux petits vaisseaux du cerveau.

Ce que vous pouvez faire

Les meilleurs moyens de réduire votre risque sont simples.
« Des gencives qui saignent, ce n’est pas normal : c’est généralement le premier signe de gingivite, une affection réversible avec un meilleur brossage et l’utilisation du fil dentaire », a rappelé le Dr Wilson. « Si la plaque reste trop longtemps, elle se durcit pour former du tartre, et c’est à ce moment que commencent l’inflammation profonde et les lésions des tissus. » Ce dépôt dur emprisonne les bactéries sous la gencive.
Une fois le tartre formé, seul un dentiste peut l’éliminer. Sans traitement, l’inflammation crée des poches profondes autour des dents, où prolifèrent des bactéries agressives.
« Lorsque nous mesurons ces poches, entre un et trois millimètres est considéré comme sain », a indiqué le Dr Wilson. « Au-delà, la brosse à dents n’atteint plus la zone, et les bactéries peuvent s’installer. »
Se brosser les dents deux fois par jour, passer le fil dentaire soigneusement après les repas et consulter son dentiste tous les six mois restent des gestes simples mais efficaces pour garder un sourire éclatant et des vaisseaux cérébraux en bonne santé.
 
Cara Michelle Miller est rédactrice indépendante et éducatrice en santé holistique. Elle a enseigné au Pacific College of Health and Science à New York pendant 12 ans et a dirigé des séminaires de communication pour les étudiants en ingénierie de la Cooper Union. Elle écrit maintenant des articles axés sur les soins intégratifs et les modalités holistiques.

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