Manche: il abat une soixantaine d’arbres sur un terrain qui ne lui appartient pas et dans une zone Natura 2000

Par Emmanuelle Bourdy
2 novembre 2022 20:19 Mis à jour: 2 novembre 2022 20:19

Sur un terrain privé de Saint-Georges-de-Bohon (Manche), dans les marais du Cotentin, un chasseur aurait coupé une soixantaine d’arbres ne lui appartenant pas, prétextant qu’il avait l’accord verbal de l’ancien propriétaire. L’homme reconnaît avoir voulu dégager la vue pour pratiquer la chasse au gabion. Le propriétaire a déposé plainte à la gendarmerie.

C’est en toute illégalité que ce chasseur s’est permis de couper une soixantaine de peupliers, appartenant à Romain Montigny, le petit-fils de Léon Morel, un nonagénaire. Pour justifier cet acte, le chasseur a évoqué la gêne occasionnée par les arbres lors de la pratique de la chasse au gabion.

« On a touché à notre patrimoine, c’est inadmissible »

Romain Montigny et son grand-père ont découvert l’hécatombe, ce vendredi 28 octobre. Les arbres se trouvaient sur une zone classée Natura 2000. Selon La Presse de la Manche, une soixantaine de peupliers ont été coupés et une cinquantaine d’arbustes arrachés, il y a environ une semaine. « Un désastre » pour les deux hommes. « On a touché à notre patrimoine, c’est inadmissible. On ne peut pas laisser passer cela », s’est indigné le propriétaire auprès de nos confrères en voyant les trois rangées d’arbres cinquantenaire coupés sans son accord.

Léon Morel avait cédé cette parcelle à ses petits-enfants Romain et ses sœurs, il y a quelques années. À plusieurs reprises, le chasseur avait contacté le nonagénaire. « Mon grand-père lui avait dit que dix arbres pourraient être coupés mais qu’il lui fallait l’accord du nouveau propriétaire, car il ne l’était plus », déclare Romain Montigny. Il y a quelques mois, le chasseur a donc contacté le petit-fils de Léon Morel et ce dernier lui a « formellement interdit de couper un seul arbre ». « Il voulait même acheter le terrain. J’ai refusé », pointe le propriétaire.

Mais loin de s’arrêter à ce refus, le chasseur est retourné voir le grand-père de Romain, abusant de sa gentillesse. Une manière de faire « intolérable » pour le petit-fils, d’autant plus que cette zone naturelle abritait de nombreuses espèces, et notamment quelques cigognes protégées.

Une plainte a été déposée

De son côté, le chasseur démonte point par point les arguments du propriétaire. Tout d’abord selon lui, il ne s’agit pas de « catastrophe écologique », ces arbres ayant été plantés pour faire du bois. D’autre part, il indique qu’il n’y a jamais eu de nids de cigognes dans ces peupliers. En outre, même si le chasseur reconnaît avoir bien compris que l’héritier « était opposé à l’abattage des arbres », il a contourné cet obstacle en allant voir le grand-père, en tant qu’usufruitier. Il a affirmé avoir eu son accord oral, et a donc procédé à l’abattage. « Il n’y a pas soixante arbres abattus comme c’est indiqué. Si on compte le nombre de souches, il y en a trente maximum », s’est-il défendu. La seule chose qu’il admet, c’est l’objectif lié à la chasse car ces arbres représentaient un obstacle dans sa pratique de la chasse au gabion, qui consiste à faire se poser un ou plusieurs canards sauvages à proximité d’une mare.

Une plainte a été déposée par le propriétaire et son grand-père, ce 28 octobre, à la gendarmerie de Carentan, précisent nos confrères.

Un agent des services de l’Office français de la biodiversité (OFB) de Coutances s’est rendu sur place pour constater l’étendue des dégâts. Il signale que des autorisations sont nécessaires pour faire abattre « autant d’arbres dans cet habitat d’espèces protégées ». Il indique enfin qu’une enquête a été ouverte, elle va permettre de procéder à des vérifications quant à la demande d’abattage.

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