Manifestation des pompiers à Paris : un soldat du feu se fait tirer dessus à bout portant par un CRS

Par Suzanne Durand
16 octobre 2019 10:49 Mis à jour: 16 octobre 2019 13:48

Les relations se sont tendues en fin d’après-midi à Paris entre les forces de l’ordre et les milliers de pompiers venus de toute la France pour manifester le mardi 15 octobre. Les policiers ont notamment fait usage du canon à eau et de gaz lacrymogène contre les manifestants qui voulaient sortir du cortège, parti de la place de la République pour se diriger vers celle de la Nation.

La vidéo d’un pompier visiblement blessé à la jambe durant la manifestation circule depuis mardi soir sur les réseaux sociaux. Le jeune homme déclare que c’est un CRS qui lui a « tiré dessus à bout portant » alors qu’il allait secourir un ami.

Le témoignage vidéo de ce manifestant qui s’adresse à Emmanuel Macron a été partagé plus de 14 000  fois sur Facebook.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est que je me suis fait tirer dessus à bout portant. Il m’a regardé droit dans les yeux. Je lui dis que je ramasse un copain, il me tire dessus. Il y a une partie ici, une autre là. Le pantalon a éclaté (…). C’est un CRS. Moi, je suis pompier (…). On en est où? (… ) Aujourd’hui j’arrête ! Je suis pompier, c’est terminé ! Ça fait onze ans que je fais ce métier, c’est fini », déclare-t-il en montrant ses blessures.

Un pompier a notamment été sévèrement blessé à la tête par un palet de gaz lacrymogène.

D’après la préfecture de police, trois membres des forces de l’ordre ont été blessés et six manifestants interpellés pour violences ou jets de projectiles.

L’absence de réponse du ministère de l’Intérieur

Parmi les revendications, les syndicats réclament des garanties face aux agressions dont le nombre augmente chaque année, ainsi que la revalorisation de la prime de feu à 28% du salaire de base, contre 19% actuellement, à hauteur des primes de risques accordées aux policiers et gendarmes.

« On est répartis dans nos casernes donc la population ne se rend pas toujours compte de nos difficultés. La baisse des effectifs fait qu’il y moins de formations, de compétences. Mais on n’a aucune réponse, le ministère de l’Intérieur et les collectivités locales (qui financent les SDIS et payent les pompiers, ndlr) se renvoient la balle », déplore Nathalie Kaszubiak, secrétaire générale du syndicat FO des personnels administratifs des SDIS (Services d’incendie et de secours).

Des sapeurs-pompiers sursollicités

Les organisations dénoncent également l’augmentation constante du nombre d’interventions, notamment pour des missions d’assistance médico-sociale (carences ambulancières, assistance de personnes âgées…) qui ont explosé ces dernières années alors qu’elles ne font initialement pas partie de leur cœur de métier, l’urgence.

« Il y a une baisse des effectifs préoccupante alors qu’on est débordés par le nombre d’interventions. On nous demande tout, y compris de remplacer des ambulances. À un moment donné, on ne va plus y arriver », a expliqué Mathias Gosse, 53 ans, pompier à Grasse (Alpes-Maritimes) venu à Paris.

« Et en plus, on menace notre régime de retraite qui nous permet de partir à 57 ans (avec 42 annuités, ndlr) », ajoute-t-il.

Pour rappel, les pompiers professionnels représentent 16% des quelque 247 000 pompiers en France, le reste étant à 80% des volontaires.

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