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Opinion

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La fin du programme « Payer pour Tuer » de l’Autorité palestinienne

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Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Photo: Adem Altan/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

En février, le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a décrété la fin du programme « Payer pour Tuer » de son gouvernement, qui consiste à verser des primes aux terroristes palestiniens et à leurs familles. L’AP a invité l’administration Trump à se rendre en Cisjordanie en juin pour constater sur place la suppression de ce programme. Juin est passé, mais les États-Unis ont encore la possibilité de garantir l’élimination définitive de ce programme, mettant ainsi le gouvernement palestinien sur la voie d’une paix durable avec Israël.
Le « Fonds des martyrs » a été créé en 2004 pour indemniser les Palestiniens ayant commis des actes de terrorisme contre l’État d’Israël, et ayant perdu la vie ou été emprisonnés à la suite de ces actes. Les versements augmentent avec l’intensité des violences, permettant aux terroristes et à leurs familles de gagner des milliers de dollars, de bénéficier de soins de santé gratuits et d’emplois publics garantis. Ce système « Payer pour Tuer » consomme 8 % du budget total de l’Autorité palestinienne, pour un coût de 300 millions de dollars par an – un gaspillage d’argent alors que le budget de l’Autorité palestinienne, alimenté par les donateurs, souffre d’un déficit de 172 %.
Cependant, le programme « Payer pour Tuer » demeure extrêmement populaire, avec un taux d’approbation de plus de 90 % auprès de l’opinion publique palestinienne, alors que celui de M. Abbas lui-même a atteint son plus bas niveau, à 15 %. Certains pourraient se demander pourquoi M. Abbas, un autocrate de 89 ans, dans la vingtième année d’un mandat de quatre ans, a choisi de prendre ce risque politique sismique en mettant fin à un programme aussi populaire, mais ses motivations sont claires : M. Abbas cherche désespérément à se concilier l’administration Trump, en espérant obtenir un rôle au sein de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza d’après-guerre.
L’Autorité palestinienne va-t-elle vraiment mettre fin à sa caisse noire des « Martyrs » et se conformer à la loi américaine qui exige une cessation vérifiable de ce qui constitue un soutien au terrorisme ? Peut-être. En mars, l’Autorité palestinienne a retiré 1600 personnes de la liste des personnes payées pour tuer. Et en avril, le bras droit de M. Abbas et vice-président palestinien, Hussein el-Cheikh, a adressé plusieurs lettres au secrétaire d’État américain, Marco Rubio, pour lui demander d’envoyer des inspecteurs américains après le 1er juin pour vérifier la fin du programme par l’Autorité palestinienne. Mais peut-être pas.
En réalité, la fin des paiements pour assassiner est largement illusoire, une feinte de M. Abbas qui se contenterait de transférer des paiements à une autre entité, la Fondation nationale palestinienne pour l’autonomisation économique. Israël affirme qu’il s’agirait d’une organisation écran, dont les dirigeants seraient triés sur le volet par M. Abbas. De plus, M. Abbas est revenu sur son décret dans un discours en arabe peu après sa déclaration initiale, affirmant que l’AP continuerait à verser des paiements aux martyrs « même s’il ne [leur] restait qu’un centime ».
Quelle est donc la théorie d’Abbas ? Le président Trump souhaite que la guerre entre le Hamas et Israël prenne fin. De son côté, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou a insisté sur le fait que le Hamas ne sera pas remplacé par le Fatah, le parti au pouvoir de M. Abbas. Compte tenu de l’opposition véhémente de Bibi, pourquoi M. Abbas se donnerait-il la peine de jouer le jeu au sujet de « Payer pour Tuer » ? Parce qu’il pense avoir une chance de s’attirer les faveurs de M. Trump, peut-être suffisamment pour persuader le président américain de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il acquiesce. Ce n’est pas aussi peu probable que certains pourraient le suggérer : il y a peu de preneurs pour un scénario du lendemain de Gaza ; à part l’Autorité palestinienne, on ne voit pas très bien quel serait le plan B.
M. Abbas comprend que Donald Trump espère négocier une normalisation israélo-saoudienne, pierre angulaire des accords d’Abraham conclus lors de son premier mandat. Mais la voie vers la normalisation passe par la fin de la guerre à Gaza. Depuis le 7 octobre, les Saoudiens ont clairement indiqué que la normalisation avec Israël n’interviendrait qu’une fois le conflit à Gaza apaisé. Et l’Arabie saoudite, ainsi que le Bahreïn et les Émirats arabes unis, États signataires des accords d’Abraham, font pression pour que l’Autorité palestinienne remplace le Hamas et gouverne Gaza une fois la guerre terminée.
Compte tenu de la nature du conflit israélo-arabe et de l’incapacité de l’Autorité palestinienne à satisfaire non seulement les exigences américaines, mais aussi les conditions les plus élémentaires d’une bonne gouvernance, y a-t-il une raison d’espérer cette fois-ci ? La solution la plus directe pour les États-Unis est de mettre M. Abbas au défi. Le président de l’AP a envoyé plusieurs lettres au président Trump pour l’assurer de la disponibilité de l’AP à gouverner Gaza. La fin du système de « Payer pour Tuer », validée par l’administration Trump, pourrait rassurer le monde quant au sérieux de Ramallah dans ses réformes, qu’elle a longtemps hésité à entreprendre.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Stephen Ailinger est associé aux relations gouvernementales à l'American Enterprise Institute (AEI).

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