McKinsey : la question «d’une connivence au sein du cabinet de conseil et de l’exécutif doit être posée», selon le président de l’Association des maires de France

Par Emmanuelle Bourdy
24 mars 2022 20:03 Mis à jour: 27 mars 2022 15:37

Le maire de Cannes et président de l’Association des maires de France, David Lisnard, était l’invité de Sonia Mabrouk ce mercredi 23 mars sur Europe 1. La journaliste a questionné l’édile sur le recours aux cabinets de conseil.

L’argent dépensé pour les cabinets de conseil, dont McKinsey, fait couler beaucoup d’encre en ce moment. Et plus encore depuis que l’on a appris, par le biais d’un rapport du Sénat, que ce cabinet de conseil ne payait pas d’impôts en France.

Une « montée exponentielle de cabinets de conseil, notamment de McKinsey »

Le 17 mars dernier, une commission d’enquête du Sénat a en effet accusé les entités françaises du cabinet McKinsey d’optimisation fiscale, de telle sorte qu’elles n’auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. Sonia Mabrouk a demandé à David Lisnard ce que lui inspiraient ces cabinets de conseil aujourd’hui.

« Il ne s’agit pas d’être contre les cabinets de conseil ou pour les cabinets de conseil », a d’abord indiqué le maire de Cannes, car « dans toute entité complexe comme un État, on a besoin de conseils extérieurs et de tiers sachant ». Il a néanmoins pointé cette « montée exponentielle de cabinets de conseil, notamment de McKinsey ».

« Il faudra quand même regarder les conditions de conception, d’attribution et d’exécution de ces marchés », a estimé le maire de Cannes, parlant d’une « connivence au sein du cabinet de conseil et de l’exécutif ».

« C’est un archaïsme en réalité »

Selon l’élu, cela est « révélateur de plusieurs choses ». La première, c’est que cela montre « l’embourbement de l’appareil d’État qui ne sait plus décider, alors qu’il y a des gens de grande qualité ». Deuxièmement, pour le président de l’Association des maires de France, cela indique une « fausse modernité ». Il a étayé ses propos en mentionnant l’archaïsme du système d’Emmanuel Macron avec un État « hyper centralisé », une absence de projet politique, ce qui a pour conséquence qu’il faut toujours « légitimer par des tiers ».

« Ce qui est révélateur dans ces cabinets », c’est qu’il y « de l’assistance à exécution, parce que l’exécutif n’est plus capable d’exécuter », a encore signifié David Lisnard. Il conseille donc de regarder « la réalité de l’exécution des choses ». Alors qu’« on n’a jamais eu autant recours aux cabinets de conseil », en parallèle, « on n’a jamais eu autant de dépenses publiques et de prélèvements obligatoires », fait-il remarquer. « On paye trois fois », a-t-il souligné, détaillant que l’on paye en tant qu’usager parce qu’on a un mauvais service, mais on paye également l’administration ainsi que les cabinets de conseil, en tant que contribuable.

« Il faut accepter qu’il y ait des contre-pouvoirs ou des pouvoirs indépendants en France »

Il a indiqué comprendre pourquoi l’exécutif a intérêt à ce que le Sénat soit à sa botte. « Il faut accepter qu’il y ait des contre-pouvoirs ou des pouvoirs indépendants en France, et donc qu’il n’y ait pas de connivences au sein de McKinsey et l’exécutif, ces questions-là doivent être posées », a-t-il conclu.

Les grands cabinets de conseil ont en effet bénéficié de quelques millions d’euros lors de la gestion de la crise Covid, Olivier Véran ayant lui-même annoncé le chiffre aux Sénateurs. Selon le ministre de la Santé, ces grands cabinets ont perçu près de 27 millions d’euros depuis mars 2020 pour aider le gouvernement à gérer la crise Covid-19. McKinsey a notamment reçu plus de 600 000 euros pour la mise en place d’une « tour de contrôle stratégique » à Santé publique France, dont personne ne sait dire à quoi elle a servi. Outre sa longue liste de factures, McKinsey offre par ailleurs ses conseils stratégiques au géant américain Pfizer.

Ainsi que l’avait mentionné sur Twitter Valérie Pécresse le 17 mars dernier, « Emmanuel Macron doit s’expliquer sur le recours massif de l’État à l’entreprise McKinsey », ajoutant que « le président sortant doit rendre des comptes ».

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