Messieurs: ne vous habillez pas comme Sam Bankman-Fried

Par Jeffrey A. Tucker
7 décembre 2022 03:56 Mis à jour: 7 décembre 2022 13:49

Il est tout à fait étonnant qu’un si grand nombre de personnes, par ailleurs intelligentes, se soient laissé embobiner par Sam Bankman-Fried, l’ancien directeur de la bourse de crypto-monnaies FTX, aujourd’hui en disgrâce, qui est néanmoins invité à s’exprimer lors d’une conférence du New York Times dont le coût est l’équivalent de 2300 euros. Une partie de son supposé charme était sa tenue négligée : t-shirts, shorts cargo, chaussettes blanches et espadrilles.

Comment en est-on arrivé là ? C’est comme ça depuis environ 15 ans. Mark Zuckerberg a probablement été l’innovateur de cette tendance, mais celle-ci s’est répandue comme un virus, avec des pans entiers de la classe professionnelle qui délaissent les choix vestimentaires honorables pour un look ébouriffé.

Cette tendance était-elle radicale ? Très. Pendant des centaines d’années, les vêtements haut de gamme ont été une marque de réussite sociale et professionnelle. En fait, les élites de la classe dirigeante ont, à diverses reprises, méprisé la démocratisation de l’habillement de luxe rendue possible par l’économie du marché. Par exemple, l’objectif des lois somptuaires de la période coloniale était d’empêcher les paysans de s’habiller comme leurs supérieurs.

Au 20e siècle, aux États-Unis, il était possible, pour presque tous les hommes, de bien s’habiller de façon décente et respectueuse. C’est pourquoi nous sommes si stupéfaits en voyant les photographies d’hommes faisant la queue pour le pain pendant la Grande Dépression. Ils étaient bien habillés et certainement beaucoup mieux que les PDG de Big Tech d’aujourd’hui !

Que s’est-il passé ? Je peux rapporter la théorie que j’ai entendue à maintes reprises de la part de gens qui s’habillent de façon décontractée. Ils disent qu’ils n’ont pas besoin de s’habiller parce que leurs réalisations parlent d’elles-mêmes. Leur valeur est dans leur esprit, pas dans leur garde-robe. Ils veulent avoir l’air d’avoir tellement de succès qu’ils n’ont même pas besoin de porter un col ou une veste, et encore moins une cravate. Quant aux chaussures, moins on en dit, mieux c’est.

Cette idée a vraiment fait son chemin. Il est beaucoup moins courant de voir des cravates aujourd’hui qu’il y a seulement cinq ans. Le vendredi décontracté est devenu le quotidien négligé. Bankman-Fried vient d’en devenir le meilleur modèle au monde.

Comme Charlotte Allen l’a correctement écrit :

« Bankman-Fried était la distillation ultime de la philosophie du génie vestimentaire rebelle. Il ne portait pas seulement un t-shirt, mais un t-shirt dans lequel on aurait dit qu’il avait dormi. Et parfois, il l’avait littéralement fait. Une photo préférée qui circulait avant sa dégringolade le montre en train de faire la sieste portant son t-shirt, allongé sur un pouf par terre dans son bureau tandis que ses subalternes de FTX s’occupent de leurs écrans. De plus, il ne s’agissait pas seulement d’un t-shirt, mais aussi d’un short, des espadrilles et de chaussettes froissées – la tenue d’un enfant en bas âge qui n’a plus besoin de sa poussette – associés à une touffe de cheveux négligés qu’on aurait dit lavés pour la dernière fois lorsque George Washington a traversé le Delaware. »

Elle a également raison de dire que les médias ne se lassent pas de ce look de clochard !

Qu’est-ce qui ne va pas, précisément, dans la théorie qui se cache derrière cette tendance, à savoir que s’habiller de façon négligée est une façon de montrer sa confiance en soi ? Ce qui est faux, c’est que cette idée est solipsiste et même narcissique.

Le but de bien s’habiller n’est pas de se mettre en valeur. Le but de bien s’habiller est de faire honneur à autrui et de montrer que vous avez de la considération pour eux et pour l’événement. Il s’ensuit qu’un chic négligé n’est rien d’autre qu’une insulte à la fois pour les autres, qui doivent vous regarder, et pour l’occasion en question. Ceci montre que vous avez peu d’estime pour l’ensemble de l’événement et pour tous ceux qui en font partie.

C’est précisément là que toutes ces tendances modernes font fausse route : une dépréciation de la vie elle-même.

Pensez à un scénario. Vous organisez une fête pour les vacances chez vous. Vous ne précisez pas de code vestimentaire, pourquoi le feriez-vous ? Les invités arrivent tous, la plupart en pull, quelques hommes en veste de tweed, une personne en costume-cravate et un autre en sweat-shirt à capuche, en short, chaussettes froissées et espadrilles.

Réfléchissez-y un instant. Si vous deviez les classer, lequel d’entre eux se montre le plus reconnaissant de votre invitation ? Qui parmi eux est le plus enthousiaste d’être invité chez vous ? Qui, selon vous, est le plus reconnaissant de l’occasion qui lui est offerte, respectueux de l’hôte que vous êtes, et prêt à contribuer à la joie de la fête ?

Je pense que vous connaissez la réponse. Ce n’est certainement pas le type qui a choisi le style vagabond chic. Vous ne le mettrez jamais à la porte mais, dans le fond, vous êtes probablement un peu déçu, même si vous essayez de ne pas juger les gens.

En général, il est bon de ne pas juger les autres pour ce qu’ils portent. Mais il est logique de juger ce que les autres pensent des gens et du lieu en fonction de ce qu’ils portent. Les choix vestimentaires des gens sont une fenêtre sur ce qu’ils pensent de la valeur des autres. Plus ils sont égocentriques et égoïstes, plus ils s’habillent négligemment. Plus ils sont respectueux des autres et socialement déférents, plus ils s’habillent de manière élégante.

C’est la règle générale.

Vous voyez donc que la théorie qui sous-tend la pratique de s’habiller comme un clochard est complètement à l’envers et inversée. C’est insulter les autres que de porter des vêtements dégradants. Si vous êtes un employé et que vous vous rendez au bureau habillé de cette façon, ce n’est pas à votre honneur. Vous insultez subtilement (ou pas si subtilement) vos collègues, votre patron et toute votre communauté professionnelle.

C’est dommage qu’il doive y avoir des codes vestimentaires pour les hommes au travail ou lors de dîners à domicile. À moins que la cravate noire ne soit spécifiée comme étant facultative, les hommes doivent s’habiller de manière à faire honneur à l’occasion en question, même sans règles explicites.

Ce principe général s’applique dans la plupart des domaines de la vie.

Prenons l’exemple des voyages. Il est courant de choisir des vêtements confortables, à tel point que l’on voit aujourd’hui des personnes prendre l’avion dans ce qui semble être un pyjama.

Comment pensez-vous que les hôtesses de l’air et les pilotes se sentent ? Ils doivent bien s’habiller. Ils essaient d’offrir un bon service. Ils essaient de vous amener à destination de manière sûre et efficace. Et pourtant, les passagers se présentent à bord comme s’ils sortaient tout juste du lit !

Il en va de même pour l’enregistrement à l’hôtel. Ces établissements vous laissent dormir sur place pour la nuit et les clients se présentent comme s’ils avaient récupéré leurs vêtements dans la benne à ordures. Cela n’inspire pas confiance quant à la façon dont vous allez traiter la chambre ou le personnel.

S’habiller est un signe de respect envers les autres, pas seulement envers soi-même.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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