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Meurtre de la jeune Lola : Dahbia Benkired jugée à Paris

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Durée de lecture: 5 Min.

Trois ans après un meurtre qui avait bouleversé l’opinion et secoué la classe politique, la cour d’assises de Paris a ouvert, ce vendredi, le procès de Dahbia Benkired, accusée d’avoir violé, torturé et tué Lola Daviet, une adolescente de douze ans.

Un procès sous tension et émotion

Sur le banc des parties civiles, la famille et les proches de la jeune victime sont apparus profondément marqués. Vêtus de T-shirts blancs imprimés du dessin de Lola, blonde et souriante, on pouvait lire : « Tu étais le soleil de nos vies, tu seras l’étoile de nos nuits. »
Lorsque l’accusée, vêtue d’un gilet noir sur un T-shirt blanc, a pris place dans le box pour décliner son identité, une proche de l’adolescente a éclaté en sanglots avant de quitter la salle quelques instants.

Âgée aujourd’hui de 27 ans, Dahbia Benkired reste au cœur d’un mystère : son mobile, jamais clairement expliqué, sera au centre des débats prévus pour six jours avant le verdict attendu le 24 octobre.

Une affaire aux répercussions politiques

Le meurtre de Lola, survenu le 14 octobre 2022, avait suscité l’effroi et rapidement embrasé la scène politique. La droite et la droite nationaliste avaient souligné que l’accusée, de nationalité algérienne, se trouvait en France en situation irrégulière. Six mois après la présidentielle, le parti d’Éric Zemmour avait parlé d’un « francocide », organisé une manifestation et enregistré les noms de domaines « ManifPourLola.fr » et « JusticePourLola.fr », malgré la demande de la famille que le nom de la victime ne soit plus utilisé à des fins politiques.

Le déroulement du crime reconstitué

D’après l’enquête, Dahbia Benkired a été aperçue vers 16h40 ce jour-là dans le hall de l’immeuble du 19ᵉ arrondissement de Paris, transportant plusieurs valises et une large malle recouverte d’une couverture. Une heure et demie plus tôt, elle figurait sur les images de vidéosurveillance abordant Lola Daviet, la fille du gardien de l’immeuble, qui rentrait du collège.

Entre ces deux moments, les enquêteurs ont reconstitué une scène de crimes particulièrement violente. Dahbia Benkired aurait forcé la fillette à la suivre dans l’appartement de sa sœur, qu’elle occupait. Là, elle lui a imposé des actes sexuels avant de la frapper à plusieurs reprises avec des ciseaux et un cutter. La jeune victime, enroulée de ruban adhésif sur tout le corps et le visage, est morte d’asphyxie.

Une fuite incohérente et désespérée

L’accusée aurait ensuite dissimulé le corps dans une malle trouvée dans l’appartement et tenté de s’en débarrasser. Au bar situé au pied de l’immeuble, un client l’interpelle, croyant reconnaître un reste humain dans le bagage ; elle répond qu’elle « vend un rein ».
Plus tard, elle contacte un ami qui accepte de l’héberger dans la banlieue ouest de Paris, sans explication sur les lourdes valises. Elle finit par retourner en VTC chez sa sœur. Celle-ci, découvrant les restes humains, pousse un cri : Dahbia Benkired prend la fuite en constatant le dispositif policier autour de l’immeuble, avant d’être arrêtée le lendemain matin chez un autre ami.

Des interrogations nombreuses sur le mobile

Lors de ses premiers interrogatoires, Dahbia Benkired avait évoqué son irritation : elle ne disposait pas du pass nécessaire pour utiliser les ascenseurs, refusé par la mère de Lola, gardienne de l’immeuble. Elle avait ensuite tenté de rejeter la responsabilité sur un ex‑compagnon. Les enquêteurs ont aussi exploré la piste de croyances occultes, après la découverte de recherches sur la sorcellerie réalisées peu avant les faits.

L’un des détails les plus étranges du dossier reste les chiffres 1 et 0 inscrits au vernis sur la plante des pieds de Lola. Interrogée sur leur signification, Dahbia Benkired avait simplement lancé : « Ça vous intéresse, la mort d’une petite ? Pas moi. »

Une personnalité instable mais non malade mentale

Les experts ont décrit des « conduites manipulatoires » et une forte consommation de cannabis, tout en excluant une « pathologie psychiatrique majeure ».
Sans emploi ni domicile stable, Dahbia Benkired semblait sombrer dans une grande précarité, résultat d’une vie chaotique entre l’Algérie et la France. Élevée par des tantes peu bienveillantes avant de s’installer définitivement en France en 2013, elle aurait connu un « point de bascule » après la mort de sa mère, en septembre 2020, selon une enquête de personnalité consultée par l’AFP.

Ainsi s’ouvre un procès où les juges devront tenter de comprendre un crime dont le mobile et les ressorts psychologiques demeurent, à ce jour, énigmatiques.

Avec AFP