Migrants : la Pologne accuse le Bélarus de « terrorisme d’Etat »

Par Epoch Times avec AFP
10 novembre 2021 22:55 Mis à jour: 10 novembre 2021 23:20

La Pologne a alerté sur une recrudescence des tentatives de passage illégal de sa frontière et repousse les migrants vers le Bélarus, taxant ce pays de « terrorisme d’État » à la source d’une nouvelle crise des migrants en Europe.

L’inquiétude grandit autour du sort de plus de 2.000 migrants, principalement des Kurdes irakiens, qui sont bloqués à la frontière. Au point que le Conseil de Sécurité de l’ONU se réunira d’urgence à ce sujet jeudi, à la demande de la France, de l’Irlande et de l’Estonie.

« De telles situations ne devraient pas être utilisées pour des motifs politiques et devenir une cause de tensions entre Etats », a quant à lui déclaré le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric.

Les Européens accusent depuis des semaines le président bélarusse Alexandre Loukachenko d’alimenter la crise en délivrant des visas à des migrants et en les acheminant à la frontière pour se venger de sanctions européennes.

« Il est clair que ce à quoi nous sommes confrontés ici, c’est à une manifestation de terrorisme d’État », a déclaré le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki au cours d’une conférence de presse commune avec le président du Conseil européen Charles Michel.

Un élargissement des sanctions en vue

De son côté, M. Michel a signalé que « des sanctions éventuelles (contre le Bélarus) étaient à nouveau sur la table ».

La cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a pour sa part dit qu’elle s’attendait à « un élargissement des sanctions » au début de la semaine prochaine.

« C’est une tentative d’un régime autoritaire d’essayer de déstabiliser ses voisins démocratiques. Cela ne réussira pas », a-t-elle mis en garde, à l’issue d’une rencontre avec le président américain Joe Biden à Washington.

Les migrants essaient de traverser la frontière depuis des mois, mais la crise s’est aggravée quand des centaines d’entre eux ont fait lundi une tentative commune de la franchir, avant d’être repoussés par les gardes-frontières polonais.

Ils ont établi un camp à la frontière, s’abritant dans des tentes et brûlant du bois provenant des forêts pour se réchauffer, bloqués derrière des fils barbelés.

L’état d’urgence proclamé

Les autorités polonaises ont interdit aux journalistes et aux organisations caritatives de se rendre dans la zone jouxtant immédiatement la frontière, en vertu des règles de l’état d’urgence qu’elles y ont proclamé.

Varsovie a déployé 15.000 soldats sur place ainsi que des policiers et des gardes-frontières, accusant le Bélarus de recourir à l’intimidation pour forcer les migrants à entrer sur le territoire polonais.

Minsk accuse à son tour la Pologne de violer les normes internationales en bloquant les migrants et en les repoussant avec violence.

La chancelière allemande Angela Merkel a appelé mercredi le principal soutien de M. Loukachenko, le président russe Vladimir Poutine, lui demandant d’« user de son influence » auprès du Bélarus pour mettre fin à ce qu’elle a qualifié d’instrumentalisation « inhumaine » des migrants.

Mais Minsk et la Russie ont répondu que les Occidentaux devaient plutôt s’occuper des flux de migrants provoqués par leurs interventions militaires au Moyen-Orient.

Selon le Kremlin, il est « irresponsable » de la part de la Pologne de blâmer Vladimir Poutine pour la crise.

La Russie et le Bélarus se coordonnent 

En visite à Moscou mercredi, le chef de la diplomatie bélarusse, Vladimir Makeï, a soutenu que Bruxelles avait déclenché cette crise en tant que « prétexte » pour imposer de nouvelles sanctions à Minsk.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accusé les Occidentaux de monter une « campagne antibélarusse« , assurant que la Russie et le Bélarus avaient « étroitement coordonné leurs approches » pour la contrer.

Ces derniers mois, des milliers de migrants ont traversé ou tenté de traverser le Bélarus pour se rendre dans les États membres orientaux de l’UE que sont la Lettonie, la Lituanie et la Pologne.

Au moins dix d’entre eux sont morts dans la région depuis le début de la crise, selon le quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

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