Minneapolis remplacera la police par un «nouveau modèle axé sur la transformation»

Par Isabel van Brugen
18 juin 2020 19:44 Mis à jour: 18 juin 2020 19:44

Le conseil municipal de Minneapolis a entamé un processus d’un an pour tenter de déterminer ce qui remplacera le service de police de la ville, selon certaines informations récemment publiées.

Le conseil a adopté à l’unanimité la semaine dernière une résolution visant à poursuivre un « nouveau modèle transformateur » de sécurité publique dans la ville, en remplaçant le service de police par un « système de sécurité publique dirigé par la communauté ». Le vote à l’épreuve du veto est intervenu après le tollé de protestations soulevé dans tout le pays à la suite de la mort de George Floyd en garde à vue policière à Minneapolis.

Selon le texte récemment publié (pdf), le processus prendra un an et impliquera des recherches et un engagement communautaire « avec chaque membre de la communauté qui le souhaite à Minneapolis », alors que les responsables tenteront de démanteler les services de police et de créer un nouveau modèle pour assurer la sécurité publique.

George Floyd, 46 ans, a été asphyxié alors que l’ancien policier Derek Chauvin, maintenant accusé de meurtre non prémédité, appuyait le genou sur son cou pendant près de 9 minutes. Les appels à la réforme de la police se sont multipliés au milieu des protestations contre le meurtre de G. Floyd et contre la brutalité policière.

« Le meurtre de George Floyd, le 25 mai 2020, par des policiers de Minneapolis, est une tragédie qui montre qu’aucune réforme n’empêchera la violence létale et les abus de certains membres des services de police contre des membres de notre communauté, spécialement les personnes d’origine africaine », a écrit la présidente du conseil municipal, Lisa Bender, dans la résolution.

Les membres du Conseil ont noté que M. Floyd n’était pas la première personne assassinée par la police de Minneapolis, et qu’il rejoint une « longue liste » de victimes de violences policières à Minneapolis.

« Alors que nous répondons aux demandes d’action immédiate pour réduire la violence policière et soutenir la sécurité des communautés, nous inviterons notre communauté à contribuer à la mise en place de changements transformateurs à long terme, en centrant les voix de ceux qui sont le plus touchés par la violence communautaire et la violence policière », a souligné Mme Bender dans une déclaration.

Des manifestants défilent sur l’avenue Hiawatha pour dénoncer le meurtre de George Floyd à Minneapolis, dans le Minnesota, le 26 mai 2020. (Stephen Maturen/Getty Images)

Depuis l’agonie de George Floyd, les appels se multiplient demandant que les autorités coupent les fonds alloués au financement des corps policiers et mettent davantage l’accent sur le soutien aux services sociaux essentiels. Les organisateurs du mouvement Black Lives Matter ont déclaré qu’ils voulaient la « réaffectation de fonds alloués à la police au niveau national ».

Les demandes du mouvement pour « couper les fonds de la police » vont des appels à la redistribution des fonds provenant des budgets policiers à des solutions communautaires complémentaires, aux propositions extrêmes de démantèlement complet des services de police.

La mort de M. Floyd a également alimenté les discussions nationales sur la réorganisation des procédures policières, notamment la création d’une base de données nationale sur les affrontements avec une force excessive, l’interdiction des prises d’étranglement et une limitation des protections juridiques pour la police.

La résolution indique que 126,4 millions € (193 millions $) ont été alloués au Département de police de Minneapolis dans son budget 2020, et que ce chiffre représente plus du double des fonds alloués à des domaines tels que la construction de logements abordables, l’aide à l’accession à la propriété, les programmes de soutien aux petites entreprises, l’équité raciale, la prévention de la violence, le soutien à la famille et à la petite enfance, le développement de la jeunesse et la protection des droits civils.

Le chef de la police de Minneapolis, Medaria Arradondo, a déclaré la semaine dernière que la mort de M. Floyd l’avait poussé à s’engager dans un « changement transformateur », en annonçant que le département se retirerait des négociations contractuelles avec le syndicat de la police.

Le maire de Minneapolis, Jacob Frey, a quant à lui a exprimé son opposition au démantèlement du département, mais s’est dit ouvert aux réformes.

« Nous devons changer complètement la culture qui, pendant des années, a laissé tomber les Afro-Américains et les gens de couleur », a-t-il déclaré à NPR. « Nous avons besoin d’une réforme structurelle d’ampleur. Mais le démantèlement du service de police ? Non, je pense que c’est une mauvaise idée. »

Le conseil déclare dans la résolution que le processus « s’articulera autour de la guérison et de la réconciliation » et nécessitera « un engagement communautaire profond » sur la race et la sécurité publique.

Le conseil va créer un « groupe de travail sur l’avenir de la sécurité communautaire », qui comprendra du personnel de plusieurs services de la ville, dont le Bureau de prévention de la violence et le Département des droits civils. Il a été chargé de formuler des recommandations d’ici le 24 juillet sur la manière de s’engager avec les parties prenantes de la communauté pour transformer le système de sécurité publique.

« Des décennies d’efforts de réforme de la police n’ont pas créé une sécurité publique équitable dans notre communauté, et nos efforts pour parvenir à un profond changement dans la sécurité publique ne seront pas découragés par l’inertie des institutions, des contrats et de la législation existants », indique la résolution.

« Ensemble, nous allons déterminer à quoi ressemble la sécurité pour tout le monde. »

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