Mise en garde d’expert : les universités et entreprises néo-zélandaises fournissent des connaissances de pointe à l’armée de Pékin

Par Daniel Y. Teng
5 août 2020 08:58 Mis à jour: 5 août 2020 09:53

Les universités et entreprises néo-zélandaises fournissent de précieuses connaissances et technologies à l’Armée populaire de libération de Pékin (APL) par le biais de collaborations avec leurs homologues chinois. Ces collaborations pourraient, par inadvertance, « accélérer » la modernisation du bras militaire du Parti communiste chinois, selon un nouveau rapport.

Anne-Marie Brady, experte de la Chine et co-auteure d’une étude publiée en juillet pour le Centre Wilson, a découvert que des chercheurs des universités néo-zélandaises collaboraient avec plusieurs institutions chinoises ayant des liens avec l’APL.

Bien que de nombreuses collaborations universitaires soient de nature « bénigne », le document met en garde que le gouvernement et les universités néo-zélandaises doivent être plus proactifs face à la volonté de Pékin d’exploiter « les liens civils avec les pays occidentaux visant à accéder à une expertise scientifique de pointe pour usage militaire ».

La professeure Anne-Marie Brady, experte des affaires chinoises reconnue internationalement, a récemment présenté un article intitulé « Magic Weapons » (« les armes magiques ») lors d’une conférence aux États-Unis. (Université de Canterbury)

Malgré la taille relativement petite du secteur universitaire de la Nouvelle-Zélande (qui compte huit établissements), le rapport a constaté que, « par établissement », le pays a publié plus de recherches conjointes avec des universités affiliées à l’APL que les États-Unis au cours des 25 dernières années.

Les résultats ont révélé que les institutions néo-zélandaises ont publié « 70 articles conjoints » avec un ratio d’environ « huit articles liés à la PLA par université néo-zélandaise ».

Au cours de la même période, les États-Unis, avec plus de 1 200 universités accréditées, ont publié 1 779 articles à un ratio d’environ un article par université américaine.

Le détournement de recherches civiles à d’éventuelles fins militaires par Pékin est devenue un point de tension géopolitique ces dernières années. En 2017, l’APL a officiellement amendé sa « doctrine de fusion civilo-militaire » (Civil Militray Fusion doctrine), qui permet la réutilisation de technologies développées par des entreprises et institutions privées à des fins militaires, au besoin.

Cette initiative s’enracine dans la volonté du leader chinois Xi Jinping de moderniser rapidement l’APL, la faisant passer d’une armée terrestre à une force militaire polyvalente.

Aux États-Unis, l’administration Trump a commencé à s’opposer à cette volonté en scrutant à la loupe les entreprises et les universitaires ayant des liens avec l’APL. Récemment, une chercheuse chinoise de l’université de Stanford a été accusée de fraude à l’obtention de visas pour ne pas avoir divulgué ses liens avec l’armée chinoise, selon le ministère américain de la Justice.

Les liens antérieurs de l’université Massey avec la recherche militaire chinoise

En Nouvelle-Zélande, le partenariat entre l’université Massey et la société chinoise d’intelligence artificielle iFlytek est un exemple de collaboration universitaire avec l’APL.

En 2017, des scientifiques universitaires se sont rendus à Hefei en Chine pour la signature officielle d’un accord avec iFlytek pour le financement d’un poste à l’université Massey. Le poste a été pourvu par Wang Ruili.

iFlytek a suscité la controverse en développant une technologie de reconnaissance vocale utilisée par le ministère de la Sécurité publique chinois pour mettre en oeuvre un programme de surveillance de masse des musulmans ouïgours. La société a depuis été mise sur liste noire du gouvernement américain. Fin 2019, l’université Massey a été critiquée pour ses liens avec iFlytek.

Doranda Doo, VP senior de iFLYTEK Co. Ltd. s’entretient avec Qian Chen, reporter de CNBC le deuxième jour de CNBC East Tech West à Guangzhou, en Chine, le 19 novembre 2019. (Zhong Zhi/Getty Images pour CNBC International)

Le professeur Wang Ruili partageait son temps entre l’université Massey et la supervision de sept doctorants à l’université nationale de Défense et de Technologie (National University Defence and Technology, NUDT), la « première » et mieux financée université de l’APL en Chine.

La NUDT a une longue expérience de recherche en « superordinateurs, véhicules autonomes, armes hypersoniques » et le système de satellites Beidou – principal concurrent chinois au satellite GPS américain.

Le Pr Wang et ses étudiants ont également participé au développement de « systèmes sans pilote », salués par le général chinois Yang Xuejun qui les a qualifiés de « base de l’équipement d’armement ». Le général, qui est également président de l’Académie des sciences militaires, a encouragé les chercheurs du NUDT à « saisir l’opportunité historique du combat intelligent sans pilote ».

Le drone « Yi Long » de la China Aviation Industry Corporation (AVIC) est exposé lors du 9e Salon international de l’aviation et de l’aérospatiale de Chine à Zhuhai, en Chine, le 13 novembre 2012. (Phillippe Lopeza/AFP via Getty Images)

Le 3 août, un porte-parole de l’université Massey a confirmé à Epoch Times que l’institution n’avait plus de liens avec iFlytek.

Le rapport du Wilson Center a également relevé des liens de l’APL avec l’université d’Auckland, l’université Victoria de Wellington, l’université de technologie d’Auckland, l’université de Canterbury et l’université d’Otago.

Dans le domaine des affaires, des universités et entreprises chinoises ont également collaboré avec des entreprises basées en Nouvelle-Zélande.

En 2014, la principale entreprise d’État chinoise de construction de machines et d’automobiles, la Beijing Automobile Industry Company (BAIC), a acquis 50 % des parts de la Pacific Aerospace, basée à Hamilton, en Nouvelle-Zélande.

Le Prince William (centre) de Grande-Bretagne dévoile le dernier modèle d’avion P-750 XSTOL lors de sa visite à Pacific Aerospace à Hamilton le 12 avril 2014 (Fiona Goodall/AFP via Getty Images)

Le drone phare de la société, le modèle cargo (P-750-XSTOL), a ensuite été copié et piloté en Chine sous un autre nom (l’AT-200) et a été adapté à un usage militaire, spécifique aux « contre-insurrections et attaques légères ».

Les répercussions internationales potentielles

Le rapport a mis en garde que la Nouvelle-Zélande risque de violer ses obligations en regard de l’Arrangement de Wassenaar, un accord multilatéral visant à contrôler l’exportation d’armes et de biens et technologies sensibles à double usage.

En outre, le pays risquait de « nuire gravement à sa réputation » si le gouvernement ne s’occupait pas des questions liées au transfert de technologies vers Pékin, compte tenu notamment de la nature très soudée de la communauté scientifique. Les scientifiques et les entreprises technologiques de Nouvelle-Zélande pourraient être « exclus des collaborations internationales et d’opportunités commerciales ».

Le rapport relève la récente « D10 proposal » du gouvernement britannique, qui vise à regrouper dix pays pour développer des technologies 5G alternatives à la société de télécommunications chinoise Huawei.

La proposition n’a pas inclus la Nouvelle-Zélande, bien que d’autres pays des « Five Eyes » aient été désignés pour y être inclus (l’Australie, les États-Unis et le Canada).

Le gouvernement néo-zélandais a été critiqué pour ne pas avoir officiellement interdit la participation de Huawei dans son réseau 5G, laissant plutôt la décision à la société de télécommunications locale Spark. La Première ministre Jacinda Ardern n’a pas non plus exclu une éventuelle participation de Huawei.

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