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AustralieUn avocat exhorte l’Australie à ne pas accueillir le n° 3 du PCC face aux inquiétudes sur le trafic d’organes
Face aux appels pour des sanctions américaines contre Zhao Leji, une juriste spécialiste des droits humains prévient que l’Australie risque aussi de compromettre sa réputation internationale.

Zhao Leji, président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN) et troisième plus haut dirigeant chinois, applaudit lors de l’ouverture de l’APN au Grand Palais du Peuple à Pékin, le 5 mars 2025.
Photo: Adek Berry/AFP via Getty Images
Les responsables australiens devraient s’abstenir d’accueillir Zhao Leji, le troisième membre le plus haut-placé du Politburo du Parti communiste chinois (PCC), dans un contexte de préoccupations persistantes sur son implication dans de graves violations des droits humains et le trafic massif d’organes.
Maître Madeleine Bridgett, membre australienne du comité de la Coalition internationale pour mettre fin aux abus en matière de transplantation d’organes en Chine (ETAC : International Coalition to End Transplant Abuse in China), a déclaré que les dirigeants locaux devraient être conscients de leur obligation d’exercer une « diligence raisonnable en matière de droits humains » lorsqu’ils « s’engagent ou collaborent avec des personnes susceptibles d’être associées à des violations graves des droits humains fondamentaux ou d’en avoir commis ».
Zhao n’est devancé que par Xi Jinping et Li Qiang dans la hiérarchie du Parti, occupant actuellement la présidence du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale.
Il est accusé d’avoir mené une persécution intensive contre les pratiquants de Falun Gong lorsqu’il dirigeait la Commission centrale de contrôle de la discipline.
Selon Minghui.org, l’intéressé aurait prétendument dissous le tristement célèbre « bureau 610 », outil de répression massif du Falun Gong, afin de réduire la vigilance internationale, poursuivant en réalité ses activités sous la houlette d’un nouvel organe, le Comité des affaires politiques et juridiques.
Encore le mois dernier, le Centre d’information du Falun Dafa a demandé aux autorités américaines de sanctionner Zhao (pdf).
Mme Bridgett souligne que le PCC a commis « parmi les crimes les plus odieux et flagrants, y compris des violations abominables des droits humains fondamentaux — notamment le droit à la vie », en détenant des minorités ethniques.
Sont notamment concernés les Ouïghours et les pratiquants de Falun Gong, « arrêtés de force dans des camps d’internement pour leurs croyances culturelles, religieuses et spirituelles ».
« En 2021, le Tribunal sur la Chine a conclu qu’il était établi, au-delà de tout doute raisonnable, que la Chine pratique depuis longtemps des prélèvements forcés d’organes sur des prisonniers de conscience, impliquant un nombre important de victimes », ajoute Mme Bridgett, estimant que le Falun Gong constitue « probablement la principale source d’organes, l’érigeant en leader mondial de la transplantation ».
De nombreux témoignages, récits de première main, et rapports font état de prélèvements d’organes forcés par des agents du PCC sur des prisonniers exécutés, Ouïghours, pratiquants de Falun Gong et dissidents.
Plusieurs enquêtes sont parvenues aux mêmes conclusions, et des revues scientifiques reconnues ont publié des études sur la réalité de ce phénomène ; des institutions telles que l’ONU, le Parlement britannique, la Commission européenne et le Congrès américain ont toutes exprimé leur vive préoccupation.
Les inquiétudes de Mme Bridgett sont partagées par un autre avocat spécialiste des droits de l’homme, et candidat au prix Nobel de la paix, David Matas, lors de sa visite en Australie en octobre.
Il rappelle que « le système de transplantation chinois fonctionne encore sans transparence minimale ni contrôle indépendant ».
Pour lui, « coopérer dans de telles conditions expose non seulement à des risques réputationnels, mais aussi à la complicité dans des violations graves — pouvant entraîner des conséquences juridiques sur le plan international ».
Zhao se rend en Australie après un séjour de trois jours en Nouvelle-Zélande, où il a rencontré le président du parlement Gerry Brownlee et le Premier ministre Christopher Luxon.
Si aucune précaution exceptionnelle n’a été observée à Wellington, à Canberra, le 24 novembre, députés et fonctionnaires ont été invités à mettre leurs téléphones et iPads en « mode avion » durant la visite de Zhao au Parlement et informés de la possible indisponibilité du Wi-Fi.
Quelques jours auparavant, Zhao s’est rendu à Brisbane, où des autorités du Queensland ont été critiquées pour une visite commerciale discrète à l’hôpital Shanghai Renji, en Chine.
Cet établissement est présenté comme « le premier centre de transplantation hépatique de Chine » et « le principal centre pédiatrique de greffes du foie au niveau international ».
Matas, considéré comme l’un des meilleurs chercheurs sur les prélèvements de masse à Pékin, s’inquiète vivement des activités de l’hôpital, qu’il relie au commerce illégal d’organes.
Il signale en outre les difficultés rencontrées lors de ses interventions à un congrès sur la transplantation à Brisbane.


Rex Widerstrom est un journaliste néo-zélandais qui a plus de 40 ans d'expérience dans les médias, y compris la radio et la presse écrite. Il est actuellement présentateur à Hutt Radio.
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