Moins d’un Français sur deux fait confiance aux syndicats

5 mai 2015 16:34 Mis à jour: 17 octobre 2015 22:37

 

Plus d’un français sur deux ne fait plus confiance aux syndicats pour les représenter. Ce constat, en pointe de la journée du 1er mai, n’est pas anodin. Seuls quatre syndicats (CGT, FSU, Solidaires, Unsa) répondaient présents pour défiler; un essoufflement prévisible, mais tout de même décevant pour les organisateurs. Face à cette rétractation des Français, à chacun sa réaction. La CFDT entend se «déringardiser», la CGT suggère que les syndicats sont trop nombreux en France, quand le porte-parole de FO soutient que le plus important est l’union des syndicalistes. Sur le terrain, beaucoup de points de désaccord existent, mais un constat demeure : le syndicalisme peine de plus en plus à convaincre les Français.

«Le syndicalisme doit trouver des solutions»

D’après une enquête d’OpinionWay, seul un quart de la population considère que les syndicats peuvent peser dans les réformes économiques. D’après Frédéric Micheau, directeur d’études de l’institut de sondage, les Français les plus convaincus par leur utilité sont capables de se remémorer 1995 et les grandes grèves bloquant le pays. Pourtant, «d’une manière générale, le sentiment majoritaire est que les syndicats n’ont pas d’effet, ni en positif ni en négatif sur la conduite des réformes économiques», affirme-t-il.

La perte de confiance des Français envers les syndicats devient également une perte de légitimité de leurs discours dans le dialogue social. Certains tendent à croire que la défiance envers leurs représentants suit la pente descendante de la perte de confiance des Français en la politique. «Il y a un climat global qui fait que les Français sont en défiance à l’égard de beaucoup d’institutions», estime Laurent Berger, secrétaire de la CFDT.

Le syndicalisme se trouverait donc pris à son propre piège: trop de représentants, une image vieillissante, une lutte des classes qui ne fait plus recette. Il y a notre part de responsabilité, selon les termes admis par Laurent Berger. «L’erreur du syndicalisme a été de donner le sentiment qu’il était en réaction, en commentaire de la situation vécue par les salariés, mais pas les mains dans le cambouis, à essayer de trouver les solutions». Selon lui donc, il s’agit d’un discours établi sans prise de contact directe avec le terrain de l’entreprise.

Pour Bertrand Thibault, président de la CGT, il y a trop de syndicats en France. «Si on admet que la vocation est de défendre les intérêts des salariés, le syndicalisme étant un espace de démocratie, il devrait y avoir la place dans un syndicat pour diverses opinions sur les manières de défendre les intérêts des salariés», espère ce dernier.

Une culture du désaccord?

Début février, lors de l’anniversaire des 70 ans des comités d’entreprise, syndicats et patronats ont évoqué la modernisation du dialogue social lors de rencontres-débats. Des discussions enflammées s’en sont ensuivies sans qu’un accord n’ait pu être trouvé, malgré la pression d’une situation de blocage de l’emploi dans le pays.

Si aucun accord n’a abouti, cela n’a pas empêché, le 22 avril, qu’un projet de loi porté par Manuel Valls soit présenté au Conseil des ministres. Visant à transformer l’échec de la négociation en progrès social majeur, dixit le ministre du Travail François Rebsamen, le gouvernement a généralisé la représentation des salariés, quelle que soit la taille de l’entreprise, déplorant au passage une implantation syndicale «trop faible».

Un coup dur pour les syndicats qui ont perdu en 30 ans la moitié des salariés syndiqués avec un taux de syndicalisation qui tutoie les 8%. La raison exprimée: des syndicats trop loin des préoccupations des salariés et de l’entreprise et rentrant systématiquement dans un discours d’opposition.

Interviewé par Libération, Jean Peyrelevade, chef d’entreprise à la retraite et fondateur de l’association Dialogues, déplore qu’«en France, la relation entre l’employeur et ses salariés soit nécessairement conflictuelle, c’est une idée reçue, admise», en ajoutant qu’«en réalité, dans l’entreprise, les salariés comprennent qu’ils ont un intérêt commun avec leurs dirigeants».

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