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Moscou teste les limites de l’Otan : la Pologne et la Hongrie en première ligne

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Les récents incidents impliquant des drones présumés russes ont également été abordés lors de la conférence de presse fédérale. (Image symbolique)

Photo: Tobias Schwarz/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 10 Min.

Malgré les récentes tensions autour des drones russes dans l’espace aérien polonais, la Pologne connaît actuellement une vague de sentiments prorusses. Ceux-ci se sont parfois accompagnés d’hostilité à l’égard de l’Ukraine. Ces observations ont été récemment exprimées par le Premier ministre polonais, Donald Tusk, rapporte le média ukrainien « RBC News ».
Le chef du gouvernement a exhorté les responsables politiques du pays à ne pas céder à ces sentiments. Il a parlé d’un « test de patriotisme et de maturité » pour l’ensemble de la classe politique. Le Kremlin exploite des peurs et des émotions réelles, a-t-il estimé.
M. Tusk met en garde contre une compréhension croissante de la position russe
Il reste flou à quels incidents précis le Premier ministre polonais faisait référence. En juillet, l’ambassadeur ukrainien en Pologne, Vasyl Bodnar, avait toutefois signalé une atmosphère plus hostile à l’encontre des réfugiés venus du pays en guerre – un climat hostile qui se serait accru au fil des années, ont également confirmé des sondages.
Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, près d’un million de personnes originaires du pays ont trouvé refuge en Pologne. Préalablement, une population équivalente d’environ un million d’Ukrainiens vivait déjà en Pologne — principalement employés dans des emplois peu rémunérés et n’ayant pas constitué une concurrence, selon M. Bodnar.
Mercredi de la semaine dernière, le 10 septembre, environ 20 drones russes auraient pénétré l’espace aérien polonais, selon le gouvernement polonais. Quatre d’entre eux auraient été abattus par la défense antiaérienne polonaise; les débris de 16 autres auraient été retrouvés ultérieurement par les forces de sécurité polonaises.
De nouveaux drones signalés le week‑end
Selon M. Tusk, la Fédération de Russie a, au cours de son offensive la semaine précédente, « violé l’espace aérien polonais au moins 19 fois ». L’OTAN a dès lors déclenché l’article 4 de sa Charte, qui prévoit des consultations lorsqu’un État membre estime sa sécurité territoriale menacée.
Par ailleurs, la Pologne a lancé l’« opération Gardien à l’Est ». Sous cette bannière, le gouvernement de Varsovie déploie plusieurs avions de combat, des systèmes de défense antiaérienne et des troupes vers la frontière orientale. Le Danemark, l’Allemagne, la France et le Royaume‑Uni participeront également à cette mesure.
Samedi soir, la Pologne a de nouveau fait décoller des avions de combat. Dans la région ukrainienne de Volhynie, des drones ennemis auraient été signalés, selon les autorités polonaises. On craignait de nouvelles violations de frontière. Par ailleurs, un drone parti de la région d’Odessa aurait pénétré l’espace aérien roumain et y serait resté environ 50 minutes.
« Pas de cibles en Pologne » — Les frappes visaient des installations dans l’ouest de l’Ukraine, selon l’agence étatique russe
Pendant ce temps, selon l’agence de presse russe TASS, seulement 46 des 193 États membres ont à ce jour signé la déclaration commune visant à porter l’incident des drones devant l’ONU. Il s’agit principalement d’États membres de l’UE et de l’OTAN, mais aussi des États‑Unis et d’alliés comme le Japon ou la Corée du Sud.
Le ministère russe de la Défense affirme avoir frappé, dans la nuit du 9 au 10 septembre, des installations militaro‑industrielles dans l’ouest de l’Ukraine, situées dans les régions d’Ivano‑Frankivsk, Khmelnytskyï et Zhytomyr ainsi que dans les régions de Vinnytsia et de Lviv. Aucune cible sur le territoire polonais n’aurait été prévue pour destruction.
Les drones que la Pologne affirme avoir violé son espace aérien disposaient d’une portée maximale de 700 kilomètres. Le gouvernement russe a proposé à la Pologne d’engager des consultations sur l’incident. S’agissant de l’observation au‑dessus de la Roumanie, la Russie a nié toute implication. Un objet aérien serait entré près du village de Chilia Veche et aurait disparu des radars.
La Russie rejette les accusations et parle de provocation
L’ambassadeur Wladimir Lipajew, convoqué par le ministère roumain des Affaires étrangères, a rejeté toute accusation d’implication russe, les qualifiant d’ « infondées ». Il a exigé des preuves de l’origine de l’objet volant. Selon le Berliner Zeitung, l’ambassade a ensuite diffusé une déclaration affirmant qu’il s’agissait en Roumanie d’une « provocation délibérée du régime de Kiev ». L’Ukraine tenterait d’entraîner d’autres États dans un « dangereux affrontement militaire contre la Russie ».
Les violations présumées de l’espace aérien attribuées à la Russie ont également été abordées lundi lors de la conférence de presse du gouvernement fédéral allemand. Le gouvernement a qualifié ces signalements de « très graves ». Le porte‑parole du gouvernement, Steffen Meyer, a déclaré que ces incidents ne constituaient pas une surprise, Moscou tentant depuis longtemps de tester les frontières de l’OTAN. On réagira « de manière résolue et claire » et l’on tirera des conséquences de chaque cas individuel, a‑t‑il ajouté.
Le ministère de la Défense a souligné que la défense aérienne de l’OTAN sur le flanc est « fonctionnelle ». Le porte‑parole, le colonel Mitko Müller, a souligné qu’un contingent allemand d’Eurofighter était déployé en Roumanie et avait déjà effectué des décollages d’alerte durant le week‑end. S’il n’y a pas eu d’abattage, ces missions ont toutefois « contribué de manière significative à la situation ». La posture de vigilance est déjà maintenue de manière à permettre une réaction immédiate des forces.
Les Eurofighter ne sont pas toujours adaptés à la défense contre les drones
Interrogé sur l’adéquation de l’emploi des Eurofighter pour la lutte contre les drones, M. Müller a précisé que « tous les drones ne se valent pas ». Il existe de petits appareils de reconnaissance tout comme des systèmes de la taille d’un avion transportant une charge explosive. Les Eurofighter peuvent neutraliser certaines cibles, mais une défense de proximité terrestre est également nécessaire.
L’Allemagne prévoit de renforcer ses capacités dans ces domaines, notamment avec des moyens comme le système de défense antiaérienne « Sky Ranger » de Rheinmetall.
À la critique visant à demander pourquoi tous les drones n’avaient pas été abattus au‑dessus de la Pologne, M. Müller a renvoyé aux règles d’engagement de l’OTAN. Un tir d’abattage doit toujours résulter d’un arbitrage entre bénéfices, risques et dommages collatéraux potentiels. La seule proportion de drones abattus ne peut donc pas servir d’indicateur de l’efficacité.
Depuis l’entrée en fonction du chancelier Merz, il y aurait eu un « échange très étroit », a‑t‑on ajouté. Après les récents incidents, Berlin n’a pas seulement assuré son soutien politique, mais a également pris des mesures concrètes dans le domaine de la défense antiaérienne. Les relations germano‑polonaises constituent un « pilier central » de la politique extérieure allemande.
Orbán appelle à la retenue — et négocie des projets avec Abou Dhabi
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a pour sa part mis en garde contre toute imprudence d’irréflexion et rhétorique irresponsable au sujet des récents incidents. Lors d’une visite de travail à Abou Dhabi, il a déclaré que le risque de guerre était imminent. La Hongrie n’y participe pas, « ce n’est pas sa guerre », mais en tant que pays voisin elle en est néanmoins indirectement affectée.
M. Orbán a critiqué que « ces dames et ces messieurs germanophones, d’origine allemande, là‑bas, dans la sécurité de l’Occident, tentent à plusieurs reprises d’entraîner les Européens d’Europe centrale, y compris les Hongrois, dans une guerre ». Cela est inacceptable.
À Abou Dhabi, il s’est engagé à faire des Émirats arabes unis un partenaire de croissance. L’objectif est de coopérer dans des domaines tels que l’énergie, les infrastructures numériques et l’intelligence artificielle. M. Orbán a déclaré :
« Jusqu’à présent, l’Europe centrale et la Hongrie ont été épargnées par les investissements des Émirats. Nous avons donc pensé qu’il fallait saisir l’occasion pour devenir un partenaire stratégique de ce pays dans la région. »
Reinhard Werner écrit pour Epoch Times sur l'économie, les dynamiques sociales et les questions géopolitiques. Il s'intéresse particulièrement aux relations internationales, aux migrations et aux conséquences économiques des décisions politiques.

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