Qui devraient s’abstenir de prendre de l’ibuprofène ?

Par Vance Voetberg
6 septembre 2023 16:22 Mis à jour: 6 septembre 2023 16:22

Prendre de l’ibuprofène pour soulager un mal de tête ou une cheville tordue peut apporter un soulagement rapide à la douleur. Mais si ce médicament en vente libre, facilement accessible, peut temporairement masquer la douleur et parfois être très utile, les experts affirment qu’il ne contribue guère à une véritable guérison. En outre, pour certains groupes de personnes, l’ibuprofène présente de graves risques pour la santé qui l’emportent sur les avantages potentiels.

1. Personnes souffrant de problèmes hépatiques et rénaux

Les personnes souffrant de troubles hépatiques et rénaux doivent éviter de prendre de l’ibuprofène, car ce médicament peut endommager ces organes vitaux, a déclaré le Dr Joseph Maroon, professeur de chirurgie neurologique au centre médical de l’université de Pittsburgh, à Epoch Times.

Bien qu’il soit considéré comme l’un des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) les plus sûrs pour le foie, l’ibuprofène peut provoquer une hépatotoxicité, également connue sous le nom de lésions hépatiques et d’hépatite toxique, selon une analyse systématique de 22 études. Ces lésions hépatiques sont survenues dans les 12 jours suivant le début du traitement et étaient plus fréquentes chez les femmes.

En tant que détoxificateur de l’organisme, le foie décompose et évalue les composés. L’ibuprofène est difficile à transformer par le foie, explique le Dr Maroon.

« Le foie joue un rôle essentiel dans l’élimination des déchets et la dégradation des médicaments. L’ibuprofène peut être toxique pour ces processus. »

Le dosage standard de 200 à 400 milligrammes trois fois par jour est lourd pour le foie. Bien que le surdosage d’ibuprofène soit rare, il peut provoquer des lésions hépatiques. Une étude réalisée en 2020 a révélé que même des doses modérées d’ibuprofène peuvent avoir des effets néfastes plus importants sur la santé du foie que ne le pensent les médecins. Les recherches menées sur des souris ont montré que le traitement à l’ibuprofène modifiait les voies métaboliques, y compris celles qui régulent les acides aminés, les hormones et les vitamines.

L’ibuprofène est également toxique pour les reins, car il endommage les vaisseaux sanguins qui filtrent les déchets. Une utilisation excessive peut entraîner une néphropathie analgésique, une maladie rénale due à un excès de médicaments. Selon le Dr Maroon, ce phénomène est plus fréquent chez les personnes âgées de plus de 45 ans et chez celles qui souffrent de problèmes rénaux ou hépatiques, qui devraient éviter l’ibuprofène.

2. Les personnes souffrant d’asthme

En France, 3,5 millions de personnes souffrent d’asthme, et 362 millions dans le monde. Il provoque une inflammation des voies respiratoires qui produisent un excès de mucus, entraînant des problèmes respiratoires. Les personnes souffrant d’asthme doivent éviter les AINS comme l’ibuprofène.

L’ibuprofène bloque les voies de l’inflammation mais peut augmenter les composés appelés leucotriènes, provoquant des bronchospasmes, c’est-à-dire un resserrement des muscles qui tapissent les voies respiratoires des poumons.

Une étude de 2016, menée à Taïwan, a établi un lien entre l’utilisation à court terme d’ibuprofène, d’aspirine et de diclofénac et l’exacerbation de l’asthme. Les auteurs de l’étude ont indiqué que ces résultats incitaient « les médecins à réévaluer leurs stratégies de traitement de la fièvre chez les enfants asthmatiques », étant donné que l’ibuprofène et d’autres AINS sont parfois prescrits ou recommandés aux enfants asthmatiques.

Une autre étude réalisée en 2019 à Taïwan a montré que l’ibuprofène présentait un risque de crise d’asthme plus élevé que l’acétaminophène chez les jeunes enfants qui avaient été hospitalisés ou s’étaient rendus aux urgences au cours de l’année précédente.

3. Personnes souffrant d’hypertension ou d’insuffisance cardiaque

Des études montrent que l’ibuprofène et les AINS comme le naproxène peuvent augmenter la tension artérielle.

Deux méta-analyses ont montré que l’utilisation d’AINS entraîne une augmentation significative de 5 mmHg de la pression artérielle moyenne, en particulier chez les patients hypertendus, selon un article de synthèse publié dans  Drug Safety. Un rapport indique que les utilisateurs d’AINS ont un risque 1,7 fois plus élevé d’avoir besoin d’antihypertenseurs que les non-utilisateurs. L’utilisation d’AINS était également liée à un risque accru de 40 % de diagnostic d’hypertension.

L’ibuprofène peut également diminuer les effets des médicaments contre l’hypertension.

« Étant donné que de nombreux patients atteints de maladies telles que l’arthrose nécessitent un traitement et souffrent également d’hypertension, des élévations même modestes de la pression artérielle ou une inhibition de l’efficacité des médicaments antihypertenseurs résultant de la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent avoir une importance clinique et de santé publique considérable », selon un article publié dans le Journal of Clinical Hypertension.

Étant donné le lien entre l’hypertension artérielle et les maladies cardiaques, le Dr Maroon a déclaré que les personnes souffrant de problèmes cardiaques devraient éviter l’ibuprofène. Une étude de 2016 publiée dans le British Medical Journal a associé l’utilisation des AINS à un risque plus élevé d’insuffisance cardiaque en raison de l’augmentation de la pression artérielle, de l’inhibition des plaquettes et d’autres propriétés.

4. Femmes enceintes

On sait que les femmes enceintes doivent éviter les AINS après 20 semaines, car ces médicaments peuvent entraîner une diminution du liquide amniotique. Cependant, de nouvelles recherches suggèrent que les AINS comme l’ibuprofène peuvent également nuire au bébé en début de grossesse.

Une étude a montré que l’ibuprofène réduisait le nombre de cellules, la prolifération et le nombre de cellules germinales, quel que soit le stade de la grossesse. Les effets néfastes n’ont pas complètement disparu après l’arrêt du médicament pendant cinq jours, ce qui indique des répercussions à long terme. « Ces résultats méritent d’être pris en compte à la lumière des recommandations actuelles sur la consommation d’ibuprofène pendant la grossesse », notent les chercheurs.

Une étude ex vivo réalisée en 2021 a montré que les AINS modifiaient le développement des reins du fœtus dès la septième semaine de développement de plusieurs façons, notamment par la mort cellulaire.

D’autres recherches ont établi un lien entre l’ibuprofène pendant la grossesse et un poids de naissance plus faible, davantage de saignements maternels et un risque d’asthme plus élevé.

5. Personnes ayant des antécédents d’accident vasculaire cérébral

Les douleurs nerveuses après un accident vasculaire cérébral sont fréquentes. Toutefois, il n’est pas recommandé de prendre des AINS comme l’ibuprofène pour les soulager, selon le Dr Maroon. Une revue systématique de 15 études a montré que l’utilisation d’AINS augmente de manière significative le risque d’accident vasculaire cérébral hémorragique.

Les chercheurs attribuent cette augmentation du risque d’AVC au fait que les AINS affectent la vasoconstriction (le rétrécissement des vaisseaux sanguins) et l’excrétion de sodium, ce qui aggrave la tension artérielle.

Une étude réalisée en 2021 a montré que les femmes souffrant de douleurs menstruelles et utilisant des AINS courent un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral. L’utilisation d’AINS pendant les règles est courante.

« Surtout [pour] les jeunes femmes, le risque d’accident vasculaire cérébral est encore accru, et plus le médicament [est utilisé] longtemps, plus le risque d’accident vasculaire cérébral est élevé« , ont écrit les auteurs de l’étude.

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