La musique sur la nature semble être écrite presqu’aussi souvent que la musique sur l’amour ou la religion. Dans ce répertoire, le printemps est peut-être le thème le plus populaire. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs compositeurs aient écrit des pièces sur ce thème. Par contre, ce qui est surprenant, c’est la variété des moyens qu’ils ont trouvés pour exprimer cette saison et les émotions qui l’accompagnent. Voici neuf compositeurs célèbres qui nous ont offert des interprétations uniques.
Le concerto Le Printemps de Vivaldi
Les Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi sont probablement l’œuvre musicale la plus célèbre d’un hymne universel à la nature. Le Printemps est certainement le concerto le plus populaire et le plus reconnaissable. L’ouverture du premier mouvement Allegro indique l’arrivée du printemps. Les violons qui trillent représentent le chant des oiseaux.

Chacun des quatre concertos de Vivaldi est accompagné d’un sonnet qui décrit ce qui se passe dans la musique. Les trois vers du sonnet Le Printemps représentant le deuxième mouvement lent, « Largo« , ont été traduits en français comme suit :
« Et sur le pré fleuri et tendre,
Au doux murmure du feuillage et des herbes,
Dort le chevrier, son chien fidèle à ses pieds. »
Vivaldi dépeint cette scène avec brio par le biais de l’instrumentation. Le violon solo représente le chevrier endormi, tandis que les autres violons imitent le bruissement des feuilles et que les altos représentent le chien qui aboie, en jouant « molto forte e strappato« , c’est-à-dire très fort et rude en italien.
La Symphonie Pastorale n° 6 de Beethoven
Ludwig van Beethoven a été directement inspiré par le printemps lorsqu’il a composé l’une de ses œuvres musicales les plus mémorables, la Symphonie n° 6, dite Pastorale.
Son ami Anton Schindler nous a laissé un récit de la création de cette symphonie. Alors qu’il se promenait près de la ville de Heiligenstadt, en Autriche, Beethoven s’est assis près d’un ruisseau limpide. Il s’est appuyé contre un orme et a dit : « C’est ici que j’ai écrit la ‘Scène au bord du ruisseau’, et que les loriots là-haut, les cailles, les rossignols et les coucous, tout autour, ont composé avec moi »

La Scène au bord du ruisseau est le titre du deuxième mouvement de la symphonie. Beethoven utilise une flûte pour représenter le rossignol, un hautbois pour la caille et des clarinettes pour le coucou. Lorsqu’Anton Schindler a demandé pourquoi Beethoven n’avait pas écrit une partie pour le loriot, Beethoven a répondu qu’il avait imité le son de cet oiseau grâce à un arpège rythmé sur deux octaves « écrit dans l’Andante ».
Des critiques ultérieurs ont suggéré que Beethoven faisait une blague à son ami en lui disant cela, puisque le loriot ne chante pas en arpège.
Delius : On Hearing The First Cuckoo In Spring (En entendant le premier coucou au printemps)
Alors que Beethoven n’a utilisé que la clarinette pour représenter le coucou, le compositeur anglais Frederick Delius a opté pour une description plus complexe. Il a utilisé une combinaison de clarinette, de hautbois et de cordes.
Les notes de coucou de ce poème sonore sont intégrées dans une chanson folklorique norvégienne et peuvent être difficiles à entendre au milieu de la pièce. L’interprétation de Delius évoque avec précision la campagne anglaise, où les sons de la nature s’entremêlent dans l’oreille de l’auditeur.
Appalachian Spring d’Aaron Copland
Il s’agit probablement de la pièce la plus célèbre associée au printemps jamais écrite par un compositeur américain. Les images de couverture de la plupart des enregistrements représentent les Appalaches à cette époque de l’année.
Il est intéressant de noter qu’Aaron Copland lui-même n’a nommé la pièce qu’après l’avoir écrite. Cela n’a rien changé au fait que les auditeurs du monde entier associent désormais pour toujours sa musique à cette période de l’année et à ce lieu.

The Lark Ascending (L’envol de l’alouette) de Ralph Vaughan Williams
Le poème de George Meredith L’envol de l’alouette s’ouvre sur les vers suivants :
« Elle s’élève et se met à tourner,
Déroule des sons la chaîne argentée
En nombreux anneaux sans les détacher :
Claquements, sifflets, liaisons et tremblés […]
Tous les grands compositeurs du printemps ont leur propre façon d’évoquer le chant des oiseaux. Ralph Vaughan Williams, adaptant le poème de George Meredith dans sa propre « romance pastorale », ne fait pas exception à la règle.
Ralph Vaughan Williams a utilisé la magie du violon pour capturer les écrits de George Meredith. Le violon solo gazouille, siffle, s’élance et s’agite pour imiter le chant de l’alouette. Mais le violon représente aussi l’oiseau en vol.
Voix du printemps de Johann Strauss II
L’une des valses les plus connues de Johann Strauss capture magnifiquement l’essence du printemps avec ses mélodies élégantes et légères, qui évoquent le renouveau et l’épanouissement de la vie. Johann Strauss a écrit trois versions de ce morceau : la version orchestrale que nous connaissons aujourd’hui, une valse pour orchestre et soprano solo, et un arrangement pour piano.

Bien que le morceau commence et se termine dans la joie, Johann Strauss y ajoute une profondeur émotionnelle avec une troisième section mélancolique dans une tonalité mineure, évoquant un orage.
Le Quatuor à cordes no 1 « Printemps » de Johannes Brahms
À l’instar de Copland, on peut se demander dans quelle mesure Brahms avait un thème saisonnier à l’esprit lorsqu’il a composé cette pièce au printemps 1882. Il ne l’a pas intitulée Le Printemps ; cette description informelle lui a été donnée plus tard. Pourtant, comme dans le cas du Printemps des Appalaches, la description convient parfaitement. Elle dégage une chaleur et une énergie qui font penser que Brahms a peut-être regardé par la fenêtre pour trouver l’inspiration en l’écrivant.
Le dernier printemps d’Edvard Grieg
Presque toutes les pièces présentées ici qui ont été consciemment identifiées au printemps évoquent la saison comme phénomène naturel. Le Dernier printemps d’Edvard Grieg est différent. La musique de cette pièce évoque la gratitude d’assister à l’arrivée du printemps une dernière fois avant de mourir. Il s’agit de goûter aux joies des rayons de soleil et des papillons avant que le spectateur ne s’éteigne à jamais. Bien que le printemps fasse partie du thème, la musique est en réalité une réflexion sur le vieillissement et la solitude. Ici, le poète décrit la beauté de la campagne au printemps. Il pense qu’il pourrait le voir pour la dernière fois

Comme dans le cas des Voix du printemps de Johann Strauss, la pièce d’Edvard Grieg était à l’origine destinée à être chantée. Ce n’est que plus tard qu’elle a été adaptée en version orchestrale. Dans ce cas, le texte était un poème du poète norvégien Aasmund Olavsson Vinje (1818-1870).
La Symphonie n° 1 » Le Printemps » de Robert Schumann
Robert Schumann a fait du printemps le thème de sa première symphonie. Il venait d’épouser Clara l’année précédente et vivait la période la plus heureuse de sa vie. Il a écrit les quatre mouvements de cette symphonie en seulement quatre jours en 1841. Elle s’ouvre majestueusement avec L’Éveil du printemps et se termine avec l’énergie joyeuse d’Adieux au printemps (en anglais, ce mouvement final est cependant nommé Full springtime, Plénitude du printemps, ndlr) dans le dernier mouvement.

Robert Schumann pensait que le printemps était une caractéristique inhérente à toute composition musicale, puisque le compositeur crée toujours quelque chose de nouveau. Dans la mesure où cela est vrai, toute la tradition occidentale peut être considérée comme une série longue et variée de réveils.
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