« Nous sommes en guerre et nous avons besoin de charbon », affirme un ancien conseiller de l’OTAN

Le professeur Gwythian Prins considère que le charbon est nécessaire à la fois pour la sécurité nationale et la sécurité énergétique, et que "les croyances de luxe comme le net zéro doivent être abandonnées".

Par Lily Zhou
8 mars 2024 12:12 Mis à jour: 8 mars 2024 12:12

Le monde est en guerre et la Grande-Bretagne doit rouvrir ses mines de charbon, affirme Gwythian Prins, professeur émérite à la London School of Economics et ancien conseiller du ministère de la Défense, de l’OTAN et des Nations unies.

Le professeur s’est entretenu avec Lee Hall, animateur du programme « British Thought Leaders » de NTD, sur un article intitulé « La musique s’arrête : Net Zero et la sécurité nationale », publié par Net Zero Watch.

Selon lui, le Royaume-Uni doit disposer d’acier et d’armes de fabrication artisanale, et les « croyances de luxe comme le net zéro doivent être abandonnées ».

Guerre mondiale multimodale et multithéâtre

Pour M. Prins, nous nous trouvons déjà « dans une guerre mondiale sur plusieurs théâtres à la fois, selon différents modes opératoires ».

Outre les guerres intenses menées en Ukraine et à Gaza, nous sommes également engagés dans une guerre froide, « largement économique », et dans une guerre souterraine, qui mêle l’information, l’espionnage, le piratage informatique et l’intelligence artificielle, a souligné l’expert en géopolitique.

La guerre souterraine, ou guerre en zone grise, fait référence aux actions agressives menées sous le seuil d’une guerre ouverte. Un terme similaire, inventé par deux colonels chinois, la guerre sans restriction, décrit les confrontations employant tous les moyens, dont le terrorisme, la coercition économique, la désinformation et la propagande.

Parmi les adversaires internationaux du Royaume-Uni, le régime chinois est probablement le « plus puissant », a poursuivi M. Prins.

Se référant aux recherches de Radomir Tylecote, aujourd’hui directeur général de l’Institut Legatum, M. Prins a déclaré : « Il a traqué des chercheurs chinois dans des centres de recherche britanniques pour la défense où je travaillais, et il les a repérés dans les endroits les plus incroyables et les plus sécurisés ».

« Il a identifié un chercheur chinois qui travaillait dans l’installation la plus sécurisée et le centre de recherche sur les armes atomiques où nous concevons les ogives nucléaires. »

M. Prins a également lancé une mise en garde contre les « petites danses stupides » apparemment inoffensives sur Tik Tok, affirmant que l’application chinoise peut permettre au régime communiste d’entraîner son IA en utilisant « des millions, voire des milliards d’images de visages d’Occidentaux[…] comme ils l’ont déjà fait pour les visages des Asiatiques en Chine ».

Dossier de sécurité pour le charbon

M. Prins estime que le Royaume-Uni doit se tourner vers le charbon pour des raisons de sécurité nationale et de sécurité énergétique.

Afin de décarboniser sa production d’acier, Tata Steel prévoit de fermer ses hauts fourneaux, faisant du Royaume-Uni le seul pays du monde développé qui ne sera pas en mesure de produire de l’acier à partir de zéro.

Selon M. Prins, c’est « le moment où la musique s’arrête » et « on ne peut pas faire ça dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui ».

« Nous devons maintenant revenir à un mode de pensée de temps de guerre. Nous devons donc être prêts à défendre la sécurité nationale des industries critiques. Et la sidérurgie est une industrie critique, tout comme le réseau électrique… qui la sous-tend », a-t-il déclaré.

Pour M. Prins, la Grande-Bretagne doit maintenir sa production nationale d’acier, alors que les importations reviennent moins cher.

« Nous devons nous préoccuper de nos propres défenses, ce qui implique la fabrication d’armes. Il est essentiel de reconstruire rapidement notre Royal Navy, totalement délabrée. Et pour cela, il faut de grandes quantités d’acier, d’acier spécial, qui doivent être sous notre contrôle. »

Les fours électriques à arc destinés à la production d’acier consomment de « grandes quantités d’électricité », il n’y a « aucune justification commerciale rationnelle pour la construction de fours électriques à arc en Grande-Bretagne », compte tenu des prix non compétitifs de l’électricité dans ce pays.

Le charbon est également nécessaire pour la sécurité énergétique, car l’approvisionnement en gaz du Royaume-Uni est trop dépendant des gazoducs, des interconnexions avec l’Europe, et du transport maritime depuis le Qatar ou d’autres pays.

« Si l’un de ces éléments est interrompu, et tous sont éminemment susceptibles d’être interrompus en temps de guerre … nous nous trouverons dans une position qui nous rend extrêmement vulnérables, nous devons donc développer des ressources nationales, une fois de plus », a-t-il souligné.

Pour M. Prins, le charbon doit être réintroduit comme source d’énergie provisoire, tout comme le gaz, afin de « restaurer ce que nous avions auparavant » avant que des capacités énergétiques alternatives, comme le nucléaire, puissent être mises en place.

Les armes « net zéro »: un fantasme

Par ailleurs, la construction d’avions à réaction, de chars ou de navires de guerre « net zéro » relève du « fantasme », compte tenu de la faible densité énergétique des batteries.

« Arrêter la musique » contient trois essais rédigés par M. Prins, Gautam Kalghatgi, expert en ingénierie, et Guy de la Bédoyère, historien et communicant.

En reprenant l’essai de M. Kalghatgi, M. Prins a expliqué que les batteries devraient être beaucoup plus lourdes que les véhicules eux-mêmes pour fournir la même quantité d’énergie.

Selon ce document, le poids maximal au décollage d’un avion Eurofighter (Typhoon) de quatrième génération est de 21.000 kg (21 tonnes) et il emporte 4.000 kg de carburant avec un pouvoir énergétique de 49 mégawatts par heure.

« Une batterie lithium-ion dotée du même contenu énergétique pèserait environ 13 fois le poids maximal au décollage de l’avion, avec une densité énergétique de 180 Wh/kg pour la batterie », peut-on lire dans le document.

De même, un réservoir de 4,7 tonnes nécessiterait une batterie de 1,2 tonne dont le chargement prendrait 95 heures si l’ensemble du véhicule était recouvert de panneaux solaires ; et un réservoir Challenger 2 pesant environ 65 tonnes aurait besoin d’une batterie lithium-ion de 89 tonnes pour fournir le même apport d’énergie que celui apporté par environ 1600 litres de gazole.

Un porte-avions comme le HMS Prince of Wales, qui pèse 65.000 tonnes et transporte environ 3500 tonnes de carburant, nécessiterait une batterie de 150.000 tonnes dont le chargement exigerait un minimum de 17 jours, « en supposant que les batteries ne prennent pas feu à des rythmes de chargement aussi élevés ».

3 erreurs fondamentales

Selon M. Prins, les preuves ne permettent pas d’affirmer que l’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère est seule responsable de l’augmentation des températures.

Cette proposition, qui sous-tend l’argumentaire des politiques « net zéro », repose sur trois « erreurs fondamentales », a-t-il ajouté.

La première erreur intellectuelle, a-t-il souligné, est de « croire qu’il est possible de résoudre un problème aussi complexe que le système climatique mondial ».

Faisant référence à l’hypothèse Gaia du scientifique anglais James Lovelock, M. Prins estime qu’un système adaptatif complexe auto-organisé comme le climat présente « de très, très, très nombreuses rétroactions qui interagissent, dont certaines sont maîtrisées et d’autres non ».

« Mais les agents naturels dont on sait qu’ils ont, dans le passé, avant la révolution industrielle, provoqué des changements climatiques, sont toujours présents aujourd’hui. »

Les agents naturels, notamment l’activité solaire, les volcans et les phénomènes comme El Niño, « ont un effet bien plus puissant sur la dynamique du climat mondial que tout ce que nous pourrions faire ».

Par conséquent, M. Prins estime que l’hypothèse du réchauffement climatique induit par le carbone est un problème difficile qui ne peut être traduit en « un ensemble d’actions réalisables, qui se réduisent à une série de formules bureaucratiques déterminant quels types de voitures sont autorisés à circuler à Londres ».

La deuxième erreur intellectuelle, selon M. Prins, est de s’appuyer sur la modélisation pour prévoir le changement climatique.

Les modèles produisent des projections et non des prédictions, mais « le nombre d’hommes politiques en mesure de comprendre cette différence reste faible ».

« Il n’est pas possible d’élaborer des politiques concrètes en s’appuyant sur des projections informatiques, car elles ne permettent pas de prévoir ce qui va advenir. Elles en sont incapables. Pourquoi ? Revenons à la première erreur, car vous essayez de modéliser un problème complexe. »

Les preuves disponibles permettent seulement de supposer que « le dioxyde de carbone est peut-être en cause », mais le risque semble « assez faible » comparé aux autres menaces qui pèsent sur la sécurité de l’Union européenne.

Par ailleurs, des éléments probants établissent un lien entre l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère et l’accroissement de la biodiversité.

En référence aux recherches menées par le politologue américain Roger Pielke, M. Prins a expliqué que la troisième erreur résultait notamment des modèles bas de gamme abandonnés dans les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), autrement dit, « tous les travaux de modélisation reposent sur des données irréelles et exagérément élevées » depuis 15 ou 20 ans.

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