Nouvelle-Calédonie: le non à l’indépendance arrive en tête

Par Epoch Times avec AFP
4 octobre 2020 14:40 Mis à jour: 4 octobre 2020 14:42

Le non à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie arrive en tête, selon des résultats encore partiels du deuxième référendum d’autodétermination dans cet archipel stratégique français du Pacifique-sud, marqué dimanche par une mobilisation sans précédent.

Selon des résultats portant sur 70% des bulletins dépouillés, le non à l’indépendance l’emporte avec 53,3% face au oui, mais ce dernier est en progression par rapport au référendum du 4 novembre 2018.

Il y a deux ans, le non l’avait emporté à 56,7%, contre 43,3% pour le oui, un résultat considéré à l’époque considéré comme plus serré que prévu.

Cet écart semble donc se resserrer encore compte tenu de ces résultats partiels qui représentent 127.921 électeurs sur un total de 180.598. Toujours selon ces résultats partiels, la participation est de 85,85%, supérieure à celle du premier scrutin il y a deux ans (81%).

Les gens agitent les drapeaux nationaux français lors de la dernière réunion des loyalistes pour le « NON » au référendum d’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa le 1er octobre 2020. Photo par THEO ROUBY / AFP via Getty Images.

Emmanuel Macron doit s’exprimer vers 14h00 depuis l’Elysée. En mai 2018, il avait souligné que « la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie ». 

Importantes réserves de nickel

Près de 180.598 électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d’importantes réserves de nickel, étaient invités à répondre à la question: « voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante? ».

« Je ne suis pas satisfait de la tendance que nous avons ce soir, qui met en évidence à nouveau le clivage profond qui sépare la société calédonienne sur cette question fondamentale de l’indépendance », a déclaré le président du gouvernement, Thierry Santa (droite, loyaliste).

En revanche Pascal Sawa, maire de Houaïlou et membre de l’union calédonienne (FLNKS), s’est réjouit de la forte participation. « Si ce n’est pas aujourd’hui (que l’indépendance l’emporte, ndlr), ce sera au troisième référendum. On respecte le résultat de ce soir », a-t-il déclaré.

En cas de victoire du non, un troisième référendum est possible d’ici à 2022. Une option que refusent déjà les loyalistes mais que les indépendantistes disent vouloir mettre en œuvre.

Les indépendantistes ont largement manifesté

Dans les rues de Nouméa et dans les quartiers populaires à majorité kanak, les indépendantistes ont largement manifesté toute la journée leur enthousiasme pour cette élection par des concerts de klaxons et des défilés de drapeaux.

Dans ce territoire à 18.000 km de Paris, qui représente l’un des derniers bastions de souveraineté européenne dans la zone, il a fallu parfois plusieurs heures de queue pour glisser son bulletin dans l’urne.

C’était le cas notamment dans un bureau de vote du quartier populaire kanak de Montravel, au nord de Nouméa.

« Mon choix c’est +Oui+, parce que je veux que ceux qui vont diriger notre pays, ce soient nos enfants, et plus la France », a déclaré Chanié, Kanak originaire de Lifou, en robe orange et coiffe en feuille de maïs, qui a patienté plus de deux heures pour voter.

Daniela, présente dès 7H30 devant les bureaux de vote à la Vallée des Colons, un quartier pluriethnique de Nouméa, a elle voté non, « car la France a toujours été là pour nous, elle le restera j’espère ».   

Tous les habitants du Caillou ne peuvent pas s’exprimer: le corps électoral de ce scrutin sensible est conditionné à plusieurs critères, comme justifier d’une résidence continue en Nouvelle-Calédonie depuis au moins le 31 décembre 1994, être natif de l’archipel ou relever du statut civil coutumier kanak.

Christophe, 57 ans, dont parents et grands-parents sont nés sur le Caillou, est venu avec toute sa famille. « Chaque voix compte », insiste ce Caldoche, pour qui « la Nouvelle-Calédonie n’est pas prête à être indépendante financièrement ».    

Les gens font la queue pour voter lors du référendum sur l’indépendance sur le territoire français du Pacifique Sud de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa, le 4 octobre 2020. Photo par THEO ROUBY / AFP via Getty Images.

« J’entends les arguments qui disent que c’est dangereux économiquement », mais « je vais voter oui », explique Guillaume Berger, un autre Caldoche. « Notre présence ici sera remise en question si on n’est pas capable de construire l’indépendance avec les Kanak ». 

L’archipel est exempt de Covid-19

La consultation s’est déroulée sans mesure barrière ni masque, puisque l’archipel est exempt de Covid-19, grâce à une réduction drastique des vols internationaux et une quarantaine obligatoire pour tout arrivant.

Ce référendum, comme le premier, s’inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 par les accords de Matignon, signés par l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, après plusieurs années de quasi guerre civile entre Kanaks, peuple premier, et Caldoches, d’origine européenne.

Ces affrontements avaient culminé avec la prise d’otages et l’assaut de la grotte d’Ouvéa en mai 1988 (25 morts).

Ces accords, consolidés dix ans plus tard par l’accord de Nouméa, ont institué un rééquilibrage économique et géographique en faveur des Kanaks et un partage du pouvoir politique, même si les inégalités sociales restent importantes.

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