Oise : enceinte de 8 mois, elle passe 16 heures dans le parloir d’une prison après avoir été oubliée par l’administration

Par Paul Tourège
10 juillet 2020 16:20 Mis à jour: 10 juillet 2020 16:20

Oubliée pendant des heures dans un box du parloir de la prison où elle venait de rendre visite à son compagnon, une mère de famille de 43 ans enceinte de 8 mois et demi envisage de porter plainte.

Les faits se sont déroulés le dimanche 5 juillet. Ce jour-là, Mabere Mamba, une mère de famille de 43 ans, quitte son appartement d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour se rendre à la prison de Liancourt (Oise) où son compagnon est incarcéré. Elle a obtenu un parloir à 15 h 30.

À l’heure convenue, elle entre dans le box prévu pour les visiteurs afin de parler avec son conjoint. Au bout d’une heure et demi, à 17h, les surveillants de la maison d’arrêt font sortir les détenus avant d’ouvrir les portes des box afin que leurs proches quittent les lieux à leur tour.

Mais la porte du box dans lequel se trouve Mabere Mamba demeure close. Elle le restera pendant 16 heures. Enceinte de 8 mois et demi, Mme Mamba ne sera libérée que le lendemain matin, à 9 h.

« Quand j’ai vu que personne ne venait me chercher, j’ai commencé à taper. J’ai crié, j’ai sonné. Il n’y avait personne. Je ne savais pas quoi faire. Je n’avais pas de téléphone, je n’avais rien du tout. Je suis restée presque toute la journée sans manger et sans boire. En plus, il faisait tout noir. Je suis restée toute la nuit aussi », a expliqué la quadragénaire aux journalistes de France 3.

« C’était dur. Il n’y avait pas de toilettes. Je n’ai pas réussi à dormir. Je suis restée tout le temps. Je n’ai pas mangé. J’avais mal partout. J’ai souffert. Ce n’était pas facile avec le bébé. J’ai pleuré. […] Imaginez, si j’avais accouché là-bas : il n’y avait personne, j’allais faire comment ? C’était dangereux pour moi et pour le bébé. Je me suis inquiétée pour moi, le bébé et mes enfants », ajoute-t-elle.

Inquiets de ne pas voir leur mère rentrer à Aulnay-sous-Bois, les enfants de Mabere Mamba appelle la maison d’arrêt de Liancourt.

« J’ai fini par appeler le centre pénitentiaire. À 1 h 46 précisément. J’avais déjà appelé vers minuit mais ça ne répondait pas. Mais j’ai persisté et une dame m’a finalement répondu. Je lui ai expliqué qu’on n’avait aucune nouvelle de ma mère et que la dernière localisation de son téléphone, c’était à Liancourt. Elle me dit : ‘Attendez, je vérifie dans le registre’. Elle me dit que ma mère est bien venue, mais qu’elle est partie à 17 h », raconte Massita, la fille de Mabere Mamba.

La mère de famille envisage de déposer plainte

Massita finira par se rendre au commissariat aulnaysien pour demander de l’aide aux policiers. Ces derniers ne connaîtront toutefois pas plus de succès qu’eux auprès du pénitencier. Le lendemain matin, elle reçoit enfin un coup de téléphone pour la prévenir que sa mère a été retrouvée.

« Une dame était devant les box et j’ai tapé à la porte. Elle a sursauté. Elle m’a demandé : ‘Qu’est-ce que vous faites là-dedans ?’ J’ai dit : ‘On m’avait oubliée. Je suis là depuis hier’. Elle est partie chercher la directrice et d’autres personnes aussi. Après, elle m’a dit que j’avais eu de la chance qu’elle passe par là parce que le lundi, il n’y a pas de parloir. J’aurais pu rester là plus longtemps », souligne Mabere Mamba.

« On peut faire des erreurs mais deux erreurs dans la même soirée, ce n’est pas possible : j’ai appelé la prison et on m’a confirmé que ma mère était partie. Si on m’a dit que ma mère était partie, c’est qu’on n’a pas vérifié. Ça, c’est une erreur. Oublier une femme enceinte dans un box, c’est très grave. Il y aurait pu avoir d’autres conséquences », s’agace Massita.

« Quand ma fille a appelé, ils auraient pu aller vérifier dans le parloir. Mais ils ne l’ont pas fait. Je suis très en colère », poursuit sa mère. Mme Mamba et sa fille envisagent désormais de déposer plainte.

L’administration de la maison d’arrêt admet pour sa part un « accident regrettable, une énorme négligence ». Une enquête administrative a été ouverte par la Direction interrégionale des services pénitentiaires (Disp) de Lille.

 

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